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L'AMERIQUE AVEC OBAMA N'A PAS CHANGE

Les assassinats ciblés

Le 5 avril, Barack Obama a annoncé que les Etats-Unis cherchaient à tuer par bombardement ciblé un citoyen américain menant au Yémen le djihad contre son pays. Cette décision sans précédent ainsi que l’intensification des frappes au Pakistan lancées depuis des drones inquiètent un chroniqueur du New York Times.

En un an, depuis qu’Obama est entré en fonctions, l’armée américaine a procédé à davantage de frappes effectuées par des drones que pendant les deux mandats de Bush. Le 5 avril, nous apprenions que le président avait dépassé son prédécesseur sur un deuxième point : il a autorisé l’assassinat d’un Américain, Anwar Al-Awlaki, l’imam radical qui a quitté la Virginie après le 11 septembre pour le Yémen, d’où il aurait téléguidé Nidal Malik Hasan, l’auteur de la fusillade du 5 novembre 2009 sur la base militaire de Fort Hood au Texas, ou encore Umar Farouk Abdulmutallab, le kamikaze nigérian qui a tenté le 25 décembre 2009 de faire sauter, avec des explosifs dissimulés dans ses sous-vêtements, un avion reliant Amsterdam à Detroit.

Des étudiants en droit pourraient poser une ou deux questions à ce sujet. N’est-il pas contraire au droit international de tirer des missiles sur le Pakistan (en particulier au rythme actuel, c’est-à-dire en gros une fois par semaine), alors que ce pays n’a pas donné de feu vert officiel ? En tirant un missile sur Al-Awlaki au Yémen, un problème constitutionnel ne viendrait-il pas s’ajouter au problème de droit international – à savoir le fait d’exécuter un Américain sans avoir judiciairement établi sa culpabilité : cela ne revient-il pas à le priver des garanties d’une procédure régulière ?

Je ne suis pas qualifié pour répondre à ces questions et, d’ailleurs, il importe peu de connaître les bonnes réponses. Le gouvernement Obama met tous ses avocats à pied d’œuvre pour nous convaincre que les réponses sont non et non, un peu comme l’équipe Bush avait dépêché John Yoo pour justifier sa politique de torture. Et ces réponses, quelle que soit leur pertinence juridique, seront acceptées tant que les Américains seront persuadés que la sécurité du monde de l’après-11 septembre l’exige. Alors, la question qu’il faut peut-être poser, c’est celle de savoir si les Américains devraient vraiment être convaincus de la nécessité d’assassiner des terroristes pour assurer la sécurité nationale.

Il n’est pas possible de répondre à cette question avec certitude, mais il se trouve que, dans ce domaine, quelques chiffres pertinents et peu connus ont été rassemblés par Jenna Jordan, de l’université de Chicago. Elle a examiné 298 tentatives d’affaiblissement ou d’élimination de groupes terroristes par la “décapitation” – c’est-à-dire l’assassinat des hauts dirigeants –, sur une période allant de 1945 à 2004. Il ressort de son étude que la décapitation ne réduit pas l’espérance de vie des groupes ainsi décapités : elle aurait même plutôt l’effet inverse.

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