Stade de Reims / Les voilà en L2. Ouf!
Odaïr Fortes, en fin technicien, a trompé la vigilance de Ludovic Gregori pour porter le score à 2-0 à la 65e minute.
Contrat rempli pour les Stadistes, vainqueurs à l'énergie de coriaces Ariégeois. Les voilà en L2. Ouf !
ET Alban Hung mit son sifflet à la bouche pour faire retentir trois coups secs. Delaune vida alors son trop- plein d'impatience. Ivre de bonheur, il se leva comme un seul homme.
Brièvement, Marc Collat et son staff se regroupèrent en cercle comme pour remercier cette force divine qui venait de hisser leur équipe à l'étage supérieur.
« Qui ne saute pas n'est pas rémois », chantait l'enceinte de la Chaussée Bocquaine. Et tout le monde sauta sans trop savoir pourquoi. Que c'est beau un stade heureux…
Souffrance
Dix mois d'une dure bataille avec ses déplacements au long cours, insolites et piégeux. Plus de 4 240 minutes à ferrailler avec des adversaires au niveau technique inégal, mais à la fierté en bandoulière dès qu'il s'agissait de faire un croc-en-jambe à ces bourgeois rémois, relégués médiatisés de L2 et prétendants déclarés à la remontée immédiate. Tant de souffrance pour en arriver à cette issue heureuse, à cette soirée enfiévrée, d'abord stressante puis festive. « Rien n'a été facile », a dit un Jean-Pierre Caillot à peine détendu. « Ce fut difficile, mais nous avons réussi », a poursuivi un peu plus tard Marc Collat tout en retenu.
Le vestiaire stadiste était lui, en ébullition, les joueurs se libérant de leur angoisse en aspergeant d'eau tous ceux qui s'approchaient d'eux, président et journalistes en tête.
Cette soirée de délivrance aurait pu se transformer en vendredi de cauchemar tant le Stade, une fois de plus, s'amusa à se faire peur. Les démons de Beauvais et de Plabennec, rôdaient encore dans les parages. Près de 40 minutes d'hésitation, d'étourderie, avant le coup d'éclair.
Un coup franc réussi du jeune Nguyen, symbole d'une jeunesse revigorée. Ce prénommé Johnny qui met le feu…
À la Hinault
1-0, puis 2-0 et puis… Un adversaire qui se rebiffe, la fébrilité qui change de camp et un public devenu aphone. « On a encore souffert, ce match est à l'image de notre saison », reconnaîtra un président encore traumatisé.
Mais il était dit que ces diables de Luzenacois, coriaces et incisifs, ne devaient pas gâcher la fête champenoise. Tout était prêt, acrobates, confettis, pancarte « Ligue 2 », et même ce bon vieux Charles Aznavour et sa rengaine d'un autre temps.
En serrant les dents comme le faisait ce « blaireau » de Bernard Hinault (*), à l'attaque dans les Pyrénées, les Stadistes ont fini par faire plier les Ariégeois. C'était le dernier obstacle menant dans l'antichambre de l'élite.
La victoire en tremblant, mais la victoire quand même.
La tête dans les étoiles en ce frais vendredi printanier, ils s'enivrèrent de félicitations et de belles promesses.
Gérard KANCEL
(*) Le quintuple vainqueur du Tour de France a donné le coup d'envoi.