Les propos de Nicolas Sarkozy vendredi dernier m’ont glacé. Cet homme n’a visiblement plus rien à perdre. C’était sans doute la première fois qu’il faisait un lien direct entre immigration et délinquance, le tout à partir d’un fait divers qui n’avait rien à voir – jusqu’à preuve du contraire – une attaque de bandits contre des policiers dans une banlieue de Grenoble.
10 jours plus tard à Grenoble, Sarkozy a tout lâché, tous les amalgames, les pires propositions, preuve qu’il se sent déstabilisé. Les réaction, de la presse (exception faite du Figaro) et de l’opposition furent évidentes. On a critiqué la dérive antirépublicaine, les attaques aux principes constitutionnels du pays (déchoir d’une nationalité n’est pas constitutionnellement recevable sauf dans des cas très précis). On a aussi noté la diversion manifeste, la tactique électoraliste minable d’un monarque aux abois.
Il faudra cependant bien éviter de se contenter de ces critiques. Le piège qu’espère tendre Nicolas Sarkozy à ses opposants est justement de démarrer un funeste débat « immigration/insécurité ». Le panneau est si évident qu’il serait malheureux de tomber dedans.
L’unique réponse à ces outrances est très simple : attaquer Sarkozy sur son propre bilan en matière de lutte contre la délinquance. L’homme a échoué, depuis 2002. Lui renvoyer ses résultats comme un boomerang en pleine figure est la meilleure stratégie de réponse. Les statistiques sont là : il n’a quasiment jamais fait reculé les violences aux personnes, il a ramener le nombre de policiers et gendarmes à leur niveau de 2002 alors que la population français a cru de 6 millions de personnes en 10 ans. Le taux d’élucidation des faits non découverts par les forces de l’ordre stagne voire régresse. Les fichiers sont mal contrôlés et peu fiables.
Ne nous trompons pas de réponse. Sarkozy peut bien en appeler à la déchéance de nationalité, la mise en cause pénale des parents d’enfants délinquants, il faut le laisser à son vomi verbal qui prouve surtout une chose : il est inquiet.
PS: je vous renvoie bien volontiers à la lecture d’un excellent billet de Romain Pigenel sur Variae. Rien à redire.