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IMMIGRATION POLONAISE

Isolés, regroupés à la périphérie des villes, les Polonais ont beaucoup de mal à s’intégrer. Et si la société française ne fait rien pour les intégrer, les autorités se plaignent pourtant de l’isolement de cette population... jusqu’à leur expulsion collective au milieu des années 30.

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Après les Italiens, l’immigration polonaise est la seconde en nombre durant l’entre-deux-guerres

Durant les années 1920, environ 700 000 Polonais, qui ne peuvent plus se rendre aux États-Unis du fait de l’instauration des quotas, émigrent désormais vers la France, recrutés par des bureaux de la Société générale d’immigration (SGI) installés en Pologne. On les retrouve dans les mines du Nord-Pas-de-Calais, où ils sont rejoints par les “Westphaliens”, des compatriotes qui ont précédemment travaillé dans les mines en Allemagne.
Les nouveaux venus s'intègrent le plus souvent très difficilement : on pense être en France provisoirement, en attendant que la situation s'améliore au pays d'origine, et on ignore le plus souvent le reste de la société française. Cette dernière ne fait d'ailleurs rien pour les “intégrer” : ils sont généralement isolés, regroupés à la périphérie des villes, relégués dans des quartiers misérables, voire des bidonvilles, que l’on appelle alors “gadouevilles” ou “villages nègres”, tels ceux de Lyon, Modane, Saint-Jean de Maurienne (Savoie) ou Rive-de-Gier (Loire), qui dans les années 1930 abritent des milliers de travailleurs étrangers misérables, italiens, espagnols, polonais, russes...

Une partie de l'opinion française pense que ces travailleurs sont “inassimilables” parce que d'une culture par trop différente de la sienne. Ce préjugé, qui aujourd'hui touche, par exemple, les travailleurs et les familles maghrébines ou africaines, vaut alors pour les Polonais des années 1920 et 1930, dont le catholicisme fervent, “calotin” disent les travailleurs autochtones, semble heurter la France ouvrière, largement déchristianisée.

Le tropisme communautaire

Les immigrés polonais restent entre eux et reconstruisent en terre étrangère une micro-société en exil, en attendant un hypothétique retour au pays. C’est ce qui ressort par exemple d’un rapport du préfet du Pas-de-Calais du 11 octobre 1929

"Les Polonais travaillant aux mines, vivant en groupe, n’ont que peu ou pas de rapports avec nos ressortissants. Loin de les rechercher, ils s’efforcent de vivre uniquement entre eux, encouragés en cela par leurs ministres du culte et par leurs autorités consulaires elles-mêmes. (...) Quelle est l’aptitude de l’immigrant polonais à s’assimiler ? La réponse est nette : aucune, quant au présent du moins ; j’ai dit plus haut que le Polonais ne recherchait pas la compagnie de l’ouvrier français. Cette observation se vérifie même durant les heures de travail. Au fond de la mine comme sur le carreau ou à l’atelier, un mur invisible les sépare. À l’issue de la journée, chacun s’en va de son côté. L’estaminet ne les rapproche même pas, non plus que le sport."
Cité par Janine Ponty, Polonais méconnus, Publications de la Sorbonne 1988).

Un “modèle d'intégration” à géométrie variable

L'État francais, de son côté, n’est pas vraiment disposé à naturaliser ces travailleurs polonais, par trop attachés à leur culture d'origine. Les autorités, même si elles se plaignent du repli communautaire des Polonais, ne semblent rien faire pour en atténuer les manifestations et les effets.

Le logement de ces familles est singulièrement concentré et des cours de langue et de culture d'origine sont dispensés aux enfants par des moniteurs envoyés par le gouvernement polonais, à la suite d'un accord signé avec la France en 1924. Ces cours ont lieu non seulement dans les écoles privées des houillères, mais aussi à l'intérieur même de la Communale, et ce aux plus belles heures de l'école de Jules Ferry.

Dans ce cas précis, la logique privilégiée est bien celle d'un retour futur de ces populations.
Et d’ailleurs en 1935, lorsque la crise fait rage, quand les mesures de protection du “travail national” ne suffisent plus, l’État procède à des expulsions collectives.

ou http://balbinski.pagesperso-orange.fr/mineurs%20polonais.htm

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