L'affaire Valls, qui a encore fait parler toute la journée, est symptomatique d'un malaise politique français :
1- Un non événement fait l'événement, par la grâce des médias. Manuel Valls n'est pas représentatif du Parti socialiste, son point de vue est connu, rien de nouveau, rien de surprenant. Et pourtant, une déclaration mineure, qui objectivement méritait une brève dans le journal, devient un fait majeur pendant quelques heures, un élément de débat, quelque chose qui passe pour révélateur, significatif alors que ce n'est rien.
2- Les réactions qui s'ensuivent sont surréalistes. A droite, les uns affirment que les 35 heures sont à déverrouiller, d'autres qu'elles sont déverrouillées depuis longtemps. A l'extrême gauche, on défend les 35 heures contre un socialiste qui les remet en cause, alors que cette même extrême gauche critiquait sévèrement ces 35 heures lorsque les socialistes les ont mises en place. Certains commentateurs affirment très sérieusement que les 35 heures n'existent plus, bien qu'elles soient la durée actuelle de la durée légale du travail en France. Vous y comprenez quelque chose ?
3- Notre vie politique est empoisonnée par l'élection présidentielle, le mètre-étalon. Le quinquennat a aggravé cette situation. L'UMP a son candidat : ce sera Sarkozy. Le PS ne sait pas, de Royal, Aubry, DSK ou un(e) autre, quel sera son candidat. Cette incertitude, en soi compréhensible, est invalidante dans notre système présidentiel, en attente d'un présidentiable. En l'absence, Valls aujourd'hui, comme hier Peillon, comme demain un autre camarade, s'engouffreront dans ce vide, à bon droit de leur point de vue, mais avec des effets navrants du point de vue de l'intérêt collectif du Parti. Qu'est-ce qu'on peut faire contre ça ? Nous sommes en République, chacun a le droit de s'exprimer. C'est le système qu'il faudrait changer !