Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

HOLD UP FISCAL

 

Le hold-up fiscal, qui est en fait la captation de la richesse de l'Etat par de riches particuliers et par de grosses sociétés multinationales, avec la complicité active de nos politiciens qui sont pourtant censés agir dans l'intérêt des citoyens, est en réalité bien plus grave, puisqu'il fait des dizaines de millions de victimes, qui doivent compenser de leurs maigres deniers le manque à gagner de l'Etat (par exemple l'augmentation de la fiscalité locale due au transfert non financé des compétences de l'Etat vers les collectivités locales) ou subir le savant et inexorable travail de sape des Services Publics. On pourrait donner 1000 exemples, de l'augmentation de l'âge de la retraite au déneigement d'une seule voie sur les autoroutes.

J'ai déjà expliqué que Madame Bettencourt ne paie que 10 millions d'euros d'impôts par an (elle en donne 40, et l'Etat lui en rend 30 par le mécanisme scélérat du bouclier fiscal) alors que la simple application du taux de 1.8% sur sa fortune au titre de l'ISF comme le prévoit la théorie devrait lui faire cracher 290 millions d'euros tous les ans. Sur 10 ans, le préjudice de l'Etat est donc d'environ 2.8 milliards d'euros ! Pour une seule personne !

Au niveau du symbole, c'est fort, d'autant que l'actualité nous a laissé entrevoir les mécanismes de corruption qui fonctionnent et permettent cette ignominie.

Mais au niveau comptable, il y a largement pire certaines sociétés, souvent les plus grosses, bénéficient pour diminuer leur impôt sur les bénéfices, qui rappelons-le, est fixé en France à 33%, contre 12 en Irlande. Or, seules certaines PME paient effectivement ces 33%. Les sociétés plus importantes ont à leur disposition tout un arsenal de mesures parfaitement légales pour faire diminuer l'addition. Jusqu'à la caricature : c'est ainsi que le 19 décembre dernier, le JDD lâchait une bombe qui aurait normalement dû déclencher la révolution, mais qui en fait a fait un pschiiiiiiiiittt complet, l'inculture politico-économique , additionnés de j'menfoutisme incurable 

Un quart des sociétés du CAC 40 ne paie pas d'impôt du tout. Et Les Echos de balancer des noms : Total, Danone, Essilor, Saint-Gobain, Schneider, Suez Environnement et ArcelorMittal. On croit rêver, ou plutôt cauchemarder ! Total, Danone ! Les plus gras, ceux qui font les bénéfices les plus nauséeux ! Total, 8 milliards d'euros de bénef en 2009 (13.9 milliards en 2008). Visez la mine réjouie de son PDG, qui ne sait tellement plus quoi faire de son argent qu'il rachète ses propres actions pour en soutenir le cours ! 0 euro. Et c'est légal : on arrange la compta pour faire ressortir des pertes en France, et pour faire inscrire les bénéfices dans des paradis fiscaux, et hop ! L'affaire est dans le sac ! Si Total payait ses 33%, ce seraient 2.6 milliards qui rentreraient dans les caisses !

En 2010, les bénéfices du CAC 40 ont à peu près doublé. Les impôts aussi, manifestement : 2 X 0 = 0 ! C'est bien foutu, comme truc… Le taux moyen d'imposition sur les bénéfices du CAC 40 serait de 8%. L'ensemble des bénéfices 2010 sera donc de l'ordre de 100 milliards, sur lesquels les entreprises paieront environ 8 milliards. Si la théorie était appliquée, ce seraient 33 milliards. Et hop, 25 milliards de plus dans les caisses de l'Etat !

Cette anomalie a au moins un avantage : elle pulvérise l'argument massue des libéraux pourfendeur des zimpôts : "ah oui, mais on est bien content de les avoir en France, ces multinationales ! Et si on leur fait payer trop d'impôts, elles iront ailleurs !"

Ce qui est le plus honteux, c'est bien le caractère de "vases communiquants" de l'imposition. En effet, ce que les riches particuliers et les multinationales ne paient pas, ce sont les PME et surtout les citoyens lambdas qui vont devoir casquer.

Et à écouter Baroin , l'addition risque d'être salée ! Politiquement, c'est même incroyable, à croire que l'UMP a déjà renoncé à 2012, alors que d'ordinaire, les gouvernements évitent les mesures impopulaires les années préélectorales…

- Suppression d'un abattement de 15% sur les cotisations sociales des salariés du secteur des services à la personne employés par des particuliers par l'intermédiaire du "Chèque Emploi Services Universel" Ce truc a été conçu pour limiter le "travail au noir", et pour permettre l'essor des "services à la personne", qui, payés par des particuliers pas forcément fortunés, sont inconcevables sans subventions. Le résultat probable sera donc une explosion du travail au noir, et la décrépitude du secteur, pourtant chéri de Borloo.  Les cotisations ne rentrant plus, j'ai du mal à voir l'économie réalisée…

- Suspension de l'obligation de rachat par EDF de l'électricité photovoltaïque. Là encore, je me marre ! Ah, il est loin le Grenelle de l'Environnement, et Borloo est piétiné très rapidement… Je ne sais pas comment toutes les boîtes qui ont proliféré sur ce secteur vont pouvoir survivre (les problèmes commencent déjà), car ces aides publiques étaient leur principal argument de vente.
Ironie, le prétexte invoqué est que la plupart des panneaux solaires vendus en France seraient fabriqués en Chine… Ah oui, si on appliquait un protectionnisme intelligent à l'égard des produits fabriqués au mépris du droit du travail, des normes sociales, environnementales et/ou fiscales, ça n'arriverait pas… Mais on peut aussi se demander pourquoi deux poids, deux mesures, puisque l'Etat n'a pas eu les mêmes scrupules pour claquer un milliard en sponsoring de bagnoles fabriquées dans les pays de l'Est, opération baptisée "prime à la casse", et dont le récent arrêt va plonger la filière dans le marasme.

- Division par deux des aides à l'installation des agriculteurs bio. Là, ça ne mérite qu'un crachat par terre. Les gens qui prennent ce genre de décisions devront être jugés. Les tomates bio du Maroc et les pommes de terre bio d'Egypte ont de l'avenir…

Cette situation est grotesque. La France a perdu toute marge de manœuvre puisqu'elle est inféodée aux claquements de doigt des "agences de notation", gardes chiourmes de l'idéologie financière et ultralibérale. Et comme les autres, nous sommes "contraints" de faire casquer les pauvres pour payer la gabegie des riches.

Mais attention, la "contrainte" pourrait sauter ! Si un jour le bon peuple s'apercevait du caractère ridicule et scandaleux de la situation. Avons-nous besoin d'agences de notations ?  Sarkozy et Baroin, (successeur de Woerth, tombé au champ d'honneur de la protection des riches) devraient regarder de plus près ce qui se passe en Algérie ou en Tunisie, et qui n'est après tout que le résultat de la révolte du peuple devant des décennies de saignée par une clique d'oligarques corrompus.

Les commentaires sont fermés.