La direction de la SNCF s'est excusée cette semaine pour sa participation à la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. J'avoue que cette manie des excuses, qui depuis quelques années s'est emparée de la société française, m'irrite. S'excuser, ça nous fait une belle jambe ! Quand le mal est fait, il ne sert à rien de s'excuser, 70 ans après qui plus est.
Et puis, si la SNCF n'en avait jamais ressenti jusqu'ici le besoin, c'est sans doute qu'il y avait quelque raison. Une administration est au service de l'Etat, elle fait ce qu'on lui dit de faire, voilà tout. C'est le régime, l'instance politique qui sont à incriminer, pas ses agents. Sinon, la Police, la Gendarmerie et bien d'autres devraient aussi présenter leurs excuses. On n'en finirait pas, c'est ridicule.
Surtout, ces excuses viennent contredire une image très ancienne, très populaire et très vraie : celle de la Résistance cheminote, telle que René Clément l'a immortalisée dans son magnifique film "La Bataille du Rail". A force de culpabiliser à tout va, nous détruisons la réputation, la fierté d'une épopée qui a construit l'imaginaire des générations d'après-guerre. Un peuple qui se repent sans cesse, tout penaud, honteux de sa propre Histoire, est une représentation détestable. Nous avons refoulé les valeurs chrétiennes, elles nous reviennent abâtardies et trahies.
Il faut que nous aimions notre SNCF, nos trains et nos cheminots. Ils font partie de la tradition, de la légende françaises.