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ARRETE TON CHAR LUCA

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 Eva Joly a-t-elle raison de vouloir remplacer le défilé militaire du 14 juillet par une parade citoyenne ? Focalisons-nous sur un seul point, la "tradition". 

Lionel Luca, député des Alpes Maritimes comique troupier de la droite populaire, jette à la figure de la candidate écologique, cet argument massue : "Elle devrait apprendre l’Histoire de France".

Toi-même, pourrait-on lui rétorquer ainsi qu'à ses amis .

L’habitude d’organiser un défilé militaire pour célébrer la fête nationale est ancienne dans notre pays, mais pas si ancienne qu’on le croit souvent. Elle ne date pas de la Révolution elle-même, mais de la fin du XIXe. A l’époque, la jeune Troisième République cherche à développer le sentiment national, c’est l’époque où on en pose les grands symboles : la Marseillaise devient notre hymne (1879), le devise "liberté égalité fraternité" apparaît au fronton des mairies, et tous les ans, comme on le chante plaisamment, on va "fêter voir et complimenter l’armée française" (voir mon édito d'hier). La défaite de 1870 n’est pas loin, le lien entre le patriotisme et l’uniforme est évident. L’est-il encore aujourd’hui ? Et surtout, est-il le seul qui vaille ? La plupart des soldats sont de grands patriotes. Les civils n’auraient donc pas le droit de l’être ?

On peut remarquer déjà que le fait de faire parader des chars et des soldats le jour de la fête nationale est une habitude que notre pays ne partage qu’avec quelques aimables contrées ndémocratiques, comme la Chine ou la Corée du Nord : à notre connaissance, aucune autre démocratie au monde n’y souscrit. Ensuite, on peut rappeler le sens premier, profond, originel de notre14 juillet. 

 Contrairement à ce que pensent trop de gens, le 14 juillet, nous ne célébrons pas la prise de la Bastille, mais l’événement qui en commémora le premier anniversaire, la "fête de la Fédération" du 14 juillet 1790. Quand les grands républicains des années 1870-1880 ont cherché une date qui rassemble tous les Français, ils ont préféré en effet éviter les têtes coupées et les piques brandies pour se focaliser sur un des rares moments de concorde de la turbulente décennie révolutionnaire : ce jour-là, sur le Champ de Mars, toutes les provinces de France, tous les corps constitués du pays, tous les citoyens vinrent marquer officiellement leur libre adhésion à cette entité nouvelle, la nation.

C’est exactement ce que propose Eva Joly aujourd’hui avec son idée de mettre à l’honneur toutes les initiatives citoyennes et toutes les forces vives de notre pays. En cela, elle ne pèche pas contre le patriotisme, bien au contraire, elle cherche à en élargir la base. Et surtout en cela, elle ne va pas contre "notre histoire" comme le pensent ceux qui, décidément, la connaissent bien mal. Elle est peut-être la seule à en respecter l’esprit.

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