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DECES DE SOCRATES :UN GENIE

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C'est une philosophie du football qui vient de mourir. Le Brésilien Socrates Brasileiro Sampaio de Souza Vieira de Oliveira, alias Socrates, est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à Sao Paulo, des suites d'une infection intestinale, à l'âge de 57 ans.

Socrates, c'est une carrière qui s'égrène entre 1974 et 1990, débutée et achevée au club pauliste de Botafogo, et qui passa par les Corinthias, Flamengo, Santos (soient les plus grands clubs brésiliens à l'exception de Fluminense) et la Fiorentina.

Sa barbe et son goût intellectuel revendiqué ne sont pas les seules raisons de son surnom de « Docteur Socrates ». Il avait une démarche lente sur le terrain (à cause de sa mauvaise hygiène de vie, dira-t-on plus tard), mais surtout un jeu souple qui calmait et orientait ses partenaires.

Génération de rêve, mais maudite

Si le football brésilien est synonyme de rêve éveillé, c'est à des Socrates qu'il le doit. Avec Zico, il formait la génération magique du Brésil, celle qui enchanta le monde entre 1978 et 1986. Celle qui marquait en jonglant, celle qui dribblait en samba, celle qui rassemblait les fils de Rivellino, Garrincha et Pelé.

Celle qui, maudite, fut confrontée à la realpolitik du foot en 1982 : l'Italie du « catenaccio ». Celle qui perdit le match de légende contre la France quatre ans plus tard, lors de la Coupe du monde mexicaine. Ce quart de finale de Guadalajara durant lequel le premier Brésilien qui manqua son tir au but fut, sort cruel, Socrates.

Celle qui prépara le terrain pour la suivante, championne du monde en 1994 et 2002, et finaliste en 1998. Une génération dont faisait partie Raï, le petit frère de Socrates.

 

La « démocratie corinthiane » selon Socrates

Avec son bandana baba cool et son nom prédestiné, il fut le premier grand joueur sud-américain à prendre position contre la dictature. Celle-là même qui condamna Garrincha aux oubliettes quinze ans avant. Ce fut en 1980, quand Socrates et quelques coéquipiers des Corinthians de Sao Paulo créèrent la « démocratie corinthiane ».

Une pure autogestion. des rythmes de mises au vert au choix de l'entraîneur, les joueurs décidaient. Leur but : changer le traitement des sportifs, dans un régime où ils vivaient comme des militaires, drastiquement et au garde-à-vous.

Plus tard, Socrates dira :

« Nous voulions dépasser notre condition de simple joueur-travailleur pour participer pleinement à la planification et à la stratégie d'ensemble du club. Cela nous a amené à revoir les rapports joueurs-dirigeants... Les points d'intérêt collectif étaient soumis à la délibération puis au vote de tous. »

Avec Lula

Lorsque Lula fonda le Parti des travailleurs au Brésil, le collectif de Socrates fut parmi les premiers à rejoindre le futur Président.

En 1983, lorsqu'elle entra sur la pelouse pour la finale du championnat pauliste, retransmise à la télévision, l'équipe déroula une banderole : « Gagner ou perdre, mais toujours avec démocratie ». L'équipe gagna 1-0. La dictature tomba deux ans plus tard.

Vin et cigarettes

Peu avant une série d'alertes en 2011, Socrates dit dans une interview à Globo :

« Je buvais régulièrement un peu le matin, puis un peu à midi, puis un peu jusqu'au soir. En travaillant, je prenais souvent une bouteille de vin entière par jour. L'alcool était un compagnon comme la cigarette. »

Socrates avait déjà été hospitalisé à deux reprises depuis le mois d'août. Admis une nouvelle fois aux urgences jeudi dernier dans un état grave, il avait été placé sous assistance respiratoire samedi et est officiellement décédé ce dimanche matin à 4h30, heure locale.

 

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