Hier matin j'avais rendez-vous à 10h à Menton et comme toujours ,j'écoute France-Inter . Que des catastrophes au départ Cécile Duflot au retour Mathilde Seigner et entre deux cette séquence de fin du monde . Sans oublier une belle gamette en moto le midi .
Vous avez sans doute entendu dire que la fin du monde c'était pour cette année, notamment selon le calendrier des Mayas (que je ne connais pas). Mais saviez-vous que la fin du monde avait eu lieu hier ? Ce matin pourtant, en ouvrant mes volets, je n'ai rien remarqué : le monde semblait toujours debout. C'est en allumant la radio et en écoutant les journaux que j'ai compris : la fin du monde avait eu lieu la veille, en fin d'après-midi.
L'endroit ? Un tunnel de RER, un bon endroit pour voir finir le monde : sous terre, plus rien n'existe de la surface. Quelques centaines de personnes, voyageurs de la rame, ont été les témoins de l'événement (ce qui explique qu'on ne l'ait pas su immédiatement). Je ne galèje pas : "apocalypse" et "enfer" ont été les termes les plus fréquemment employés par les témoins et les journalistes pour décrire ce qui s'est passé. Il ne manquait que la formule "fin du monde", mais les commentaires la suggéraient implicitement.
Les faits ? Un train de RER tombe en panne entre Etoile et La Défense, à l'heure de pointe, dans la foule des bourgeois et hommes d'affaires qui fréquentent ces quartiers. La fin de monde s'en prenait donc à la tête de la civilisation, comme si on menaçait de décapiter un canard. Il leur a fallu attendre trois heures, l'évacuation se faisant progressivement. Une fin du monde un peu particulière : pas de mort, pas de blessé, pas de destruction mais pire que tout ça, une peur, une angoisse, une frousse de fin du monde !
D'abord l'obscurité, le conducteur ayant dû par sécurité couper le courant : malgré les veilleuses, la pénombre est anxiogène, elle annonce la mort. Les confortables wagons s'étaient brusquement transformés en possibles cercueils. Et puis il y a la séparation d'avec le reste de l'humanité : impossible de communiquer avec l'extérieur, pas de réseau, le téléphone mobile inutilisable ! Vous imaginez le drame pour un cadre supérieur ou tout autre individu ... C'est comme si notre identité nous était arrachée. C'est ce que promet la fin du monde, qui est surtout la fin de chacun d'entre nous.
Le conducteur a demandé aux passagers d'attendre sagement que les secours les délivrent, ce qui prend inévitablement un certain temps. Mais qui accepte aujourd'hui, dans la société de l'immédiat et de l'urgence, d'attendre trois heures ? Plus personne. Trois minutes c'est déjà de trop ("Une minute", dit-on généralement à quelqu'un d'impatient). Trois heures c'est inconcevable, infernal, dantesque, "mortel" comme disent les jeunes ; nous avons complètement perdu l'habitude, nous n'acceptons plus. La fin du monde c'est ici le dérèglement du temps.
Que s'est-il alors passé ? Ce qui devait se passer en période de fin du monde : énervement, affolement, débordement, les voyageurs ont perdu la tête, ouvert les portes au détriment de leur sécurité, tenté de rejoindre une station en s'éclairant à la lueur de leur téléphone mobile (il fallait bien que le talisman de la société moderne serve à quelque chose). Pris de folie, ces zombies errant dans les couloirs ont craint que des rats ne les attaquent (je vous jure que je l'ai entendu ce matin à la radio !). La faim, la soif, le désespoir conduisent à ce genre de délire.
A 20h30, tout était rentré dans l'ordre : un banal accident, sans danger ni tragédie, comme il en existera toujours dans les sociétés les plus évoluées technologiquement. La fin du monde était terminée, mais elle a révélé ce que nous sommes devenus, des êtres facilement apeurés, très impatients, complètement dépendants des autres, de la technique, de la société, ne supportant plus l'inconfort même provisoire. Moi aussi je suis impatient : j'attends la prochaine fin du monde.
L'endroit ? Un tunnel de RER, un bon endroit pour voir finir le monde : sous terre, plus rien n'existe de la surface. Quelques centaines de personnes, voyageurs de la rame, ont été les témoins de l'événement (ce qui explique qu'on ne l'ait pas su immédiatement). Je ne galèje pas : "apocalypse" et "enfer" ont été les termes les plus fréquemment employés par les témoins et les journalistes pour décrire ce qui s'est passé. Il ne manquait que la formule "fin du monde", mais les commentaires la suggéraient implicitement.
Les faits ? Un train de RER tombe en panne entre Etoile et La Défense, à l'heure de pointe, dans la foule des bourgeois et hommes d'affaires qui fréquentent ces quartiers. La fin de monde s'en prenait donc à la tête de la civilisation, comme si on menaçait de décapiter un canard. Il leur a fallu attendre trois heures, l'évacuation se faisant progressivement. Une fin du monde un peu particulière : pas de mort, pas de blessé, pas de destruction mais pire que tout ça, une peur, une angoisse, une frousse de fin du monde !
D'abord l'obscurité, le conducteur ayant dû par sécurité couper le courant : malgré les veilleuses, la pénombre est anxiogène, elle annonce la mort. Les confortables wagons s'étaient brusquement transformés en possibles cercueils. Et puis il y a la séparation d'avec le reste de l'humanité : impossible de communiquer avec l'extérieur, pas de réseau, le téléphone mobile inutilisable ! Vous imaginez le drame pour un cadre supérieur ou tout autre individu ... C'est comme si notre identité nous était arrachée. C'est ce que promet la fin du monde, qui est surtout la fin de chacun d'entre nous.
Le conducteur a demandé aux passagers d'attendre sagement que les secours les délivrent, ce qui prend inévitablement un certain temps. Mais qui accepte aujourd'hui, dans la société de l'immédiat et de l'urgence, d'attendre trois heures ? Plus personne. Trois minutes c'est déjà de trop ("Une minute", dit-on généralement à quelqu'un d'impatient). Trois heures c'est inconcevable, infernal, dantesque, "mortel" comme disent les jeunes ; nous avons complètement perdu l'habitude, nous n'acceptons plus. La fin du monde c'est ici le dérèglement du temps.
Que s'est-il alors passé ? Ce qui devait se passer en période de fin du monde : énervement, affolement, débordement, les voyageurs ont perdu la tête, ouvert les portes au détriment de leur sécurité, tenté de rejoindre une station en s'éclairant à la lueur de leur téléphone mobile (il fallait bien que le talisman de la société moderne serve à quelque chose). Pris de folie, ces zombies errant dans les couloirs ont craint que des rats ne les attaquent (je vous jure que je l'ai entendu ce matin à la radio !). La faim, la soif, le désespoir conduisent à ce genre de délire.
A 20h30, tout était rentré dans l'ordre : un banal accident, sans danger ni tragédie, comme il en existera toujours dans les sociétés les plus évoluées technologiquement. La fin du monde était terminée, mais elle a révélé ce que nous sommes devenus, des êtres facilement apeurés, très impatients, complètement dépendants des autres, de la technique, de la société, ne supportant plus l'inconfort même provisoire. Moi aussi je suis impatient : j'attends la prochaine fin du monde.