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ENCORE 36 JOURS A TENIR

Lettre ouverte adressée à Monsieur Gérard Longuet, Ministre de la Défense et des anciens combattants, sur le rapport intitulé : « Libye : les victimes oubliées des frappes de l’OTAN »

[21/03/2012]
Monsieur le Ministre,
Ce lundi 19 mars, sur LCI en réponse à un journaliste qui vous interpellait sur la demande d’enquêtes sur les frappes aériennes de l’OTAN en Libye en 2011 ayant entraîné des morts de civils, vous avez déclaré : « Je n’ai jamais entendu Amnesty International parler de Kadhafi lorsqu’il était au pouvoir. » Nous nous étonnons que vous n’ayez pas entendu Amnesty International (AI) dénoncer sans relâche les violations multiples des droits humains commises en Libye pendant 42 ans par le colonel Kadhafi, dictateur souvent soutenu par les différents gouvernements français.
En 1970, AI s’engageait dans la défense des droits des prisonniers politiques et contre l’application de la peine de mort. Dans les années 80, marquées par la répression des opposants au régime du colonel Kadhafi et des attentats internationaux, AI a en outre condamné l’usage généralisé de la torture. Depuis les années 90, au travers de nombreux rapports, communiqués de presses, actions militantes, AI n’a eu cesse de poursuivre son travail pour le respect des droits en Libye. Par exemple, suite à la répression de la mutinerie dans la prison d'Abou Slim, près de Tripoli, en 1996, qui a fait plus de 1200 morts et est restée impunie.
Devons nous vous rappeler la visite du colonel Kadhafi à Paris en novembre 2007, logé à l’hôtel de Marigny ? Vous ne devez pas non plus vous souvenir du courrier qu’Amnesty International a adressé à l’Élysée faisant la liste macabre des exactions commises par l’hôte d’honneur de la France et son régime. Permettez-nous de rappeler la conclusion de ce courrier : « Nous sommes convaincus qu’il ne peut y avoir de relations durables avec la Libye qui ne soient fondées sur la transparence et le rappel de l’attachement de la France aux valeurs telles qu’inscrites dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. »
Amnesty International s’est fortement mobilisée depuis le début des soulèvements en 2011 dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord pour rendre compte des violations commises, et encourager ses membres et sympathisants à exprimer leur soutien et leur solidarité aux manifestants de ces pays. Tout en dénonçant la répression sanglante de la mobilisation populaire en Libye, AI a également milité en faveur d’une arrestation et d’un jugement de Kadhafi et de ses proches dans le respect des normes internationales. AI a donc bien dénoncé Kadhafi, au même titre qu’elle dénonce tout acteur étatique ou non étatique, comme les milices, responsables de violations des droits humains.
Cette semaine, nous publions un rapport intitulé : « Libye : les victimes oubliées des frappes de l’OTAN » qui indique que de très nombreux civils libyens qui n’étaient pas impliqués dans les combats ont été tués et beaucoup d’autres blessés, pour la plupart chez eux, par les frappes aériennes. L’OTAN n’a pas mené les investigations nécessaires, ni même tenté d’entrer en contact avec les survivants et les familles des victimes. Nous aimerions, comme le journaliste qui vous interviewait sur LCI, connaître vos réactions aux constats et recommandations de notre rapport.
Nous tenons par ailleurs à votre disposition 42 ans de recherche, rapports et témoignages illustrant le combat impartial d’Amnesty International en Libye.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération.
Geneviève Garrigos
Présidente d’Amnesty International France
 
P.J. : Liste sélective des rapports sur la situation des droits humains en Libye publiés par Amnesty International depuis 1984 ;
Copie du courrier au conseiller diplomatique du Président de la République, en date du 21 novembre 2007 ;
 
 

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