Pour justifier les ambiguïtés et les dérives de l'UMP vis-à vis du Front National, l'UMP a choisi de renvoyer dos-à-dos les alliances UMP-FN avec celles du PS et ses traditionnels alliés de gauche, en particulier le Front de Gauche.
Jean-Marc Ayrault répondait d'ailleurs ce matin à cette tentative d'intox. "Est-ce qu'on peut mettre sur le même plan le Parti communiste et le Front national ?"
Cet amalgame est inacceptable, car en affirmant que le PS s'allierait ainsi avec des forces prétendument extrémistes et non démocratiques, l'UMP falsifie la réalité politique et historique, pour des raisons dangereuses d'opportunisme électoral.
Décryptage d'une lecture de la politique et de l'histoire à plusieurs vitesses...
Le général de Gaulle, ennemi de la droite ?
Le Front républicain contre le FN, de la droite...au PCF
En 1987, Michel Noir disait «Mieux vaut perdre une élection que perdre son âme».
Dans les années 1990, malgré de nombreuses dérives, la droite, notamment grâce aux positions claires de responsables comme Jacques Chirac ou Simone Weil, a plusieurs fois manifesté le refus de s’allier avec le FN. Y compris en appelant à voter PCF contre le FN.
Ce fut ainsi le cas dans la 10ème circonscription des Bouches-du-Rhône en 1993 où Jean-Claude Gaudin a soutenu...le communiste Guy Hermier face au candidat du Front national. A l'époque, le PCF semblait donc assez républicain aux yeux des leaders de la droite. Qu'est ce qui a changé pour que les traditionnels désistements PS/PCF deviennent inacceptable ? On voit bien qu'il ne s'agit que d'un prétexte pour ne pas assumer une dérive de la droite vers l'extrême-droite.
Valeurs républicaines communes
Plus fondamentalement, c'est la confusion autour des valeurs qui est inquiétante. Le PS et le PCF ne partagent pas toujours les mêmes options politiques, ni la même lecture critique de certains événements, mais la gauche a une histoire et un socle de valeurs communes en héritage.
En France, le Front populaire, la Résistance, le gouvernement provisoire de la République Française, les gouvernement avec des ministres communistes, sous François Mitterrand, la gauche plurielle, les milliers de communes gérées par des alliances de gauche, ont montré que la gauche, dans ses différentes composantes, agissait dans le cadre républicain et de ses valeurs de liberté, de démocratie, d'égalité et de fraternité, pour la solidarité et la justice. Ces mêmes valeurs que rejette le projet d'exclusion et de haine porté par le FN et avec lequel la droite se trouve aujourd'hui des atomes crochus.
Au meeting de Limoges, François Hollande, alors candidat à la présidence de la République, rappelait ce mouvement et cette histoire :
Il y a une culture communiste, et je
veux ici même lui rendre hommage, cette culture qui a fait que la radicalité pouvait trouver un
débouché que le monde ouvrier pouvait trouver une dignité, qu’il y avait aussi cette capacité,
dans certaines circonstances, à se mettre en résistance. Je salue la mémoire de tous ces
résistants, et notamment communistes, qui ont permis que nous soyons libres aujourd’hui. Et
quand j’entends le candidat sortant se gausser, se moquer du communisme français, qu’il
revienne là encore à l’histoire pour savoir ce que l’on doit aussi, quelles que soient les critiques
que nous ayons pu émettre – et il y en avait à formuler ! – oui, ce que l’on doit aussi à ce parti
dans l’histoire de la France». Tels ont été les mots du président de la République.
Ne laissons pas la droite jeter aux orties cette réalité et cette histoire, pour de misérables enjeux électoraux.