La proposition d'Arnaud Montebourg de nationaliser le site de Florange d'ArcelorMittal a fait bondir hier matin Laurence Parisot : "scandaleux", "très grave", a-t-elle dit chez Apathie, suivi d'une argumentation en trois points, que je veux reprendre et contester :
1- "C'est un chantage". Admettons, mais l'économie libérale n'est-elle pas toute entière un immense chantage, qu'on appellera plus sobrement un rapport de forces ? Dans ce jeu-là, les salariés n'ont que l'Etat pour les protéger, qui doit faire son devoir quand il n'y a pas d'autres solutions.
2- "C'est une atteinte au droit de propriété". Doucement : il y a propriété et propriété. Ma maison, ma voiture, mes biens sont à moi, c'est ma propriété, personnelle. Une entreprise, c'est une propriété collective, socialement parlant : elle ne fonctionne pas avec son seul patron, il lui faut des salariés. Et ses produits vont en direction des consommateurs. Laurence Parisot place mal son indignation, en mélangeant deux types de propriété.
3- "C'est coûteux pour l'Etat". Certes, mais la représentante du patronat a-t-elle songé au coût social d'une non nationalisation ? Et puis, ce serait bien la première fois que Laurence Parisot se préoccuperait des charges de l'Etat !
Florange sera, si elle se fait, une nationalisation ponctuelle, conjoncturelle et provisoire. Rien à voir avec les nationalisations générales, structurelles et permanentes du Programme commun PS-PCF d'autrefois.
Et puis, nationaliser est une mesure technique . Des gouvernements de droite en ont fait usage, dans des circonstances particulières, chez nous le général de Gaulle à la Libération.
François Hollande, socialiste qui nationalise ? Le penseur atypique Emmanuel Todd a une petite théorie déjà ancienne : le gouvernement de gauche actuel, par essence réformiste, sera obligé de prendre des mesures radicales, à cause de la gravité de la crise économique. Je ne sais pas si Todd a entièrement raison, mais la nationalisation de Florange irait dans son sens.