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VILLES A VELOS

Vélo : bilan, perspectives et… roue libre !

Larges extraits du discours que j’ai prononcé en clôture du Congrès international des villes et territoires cyclables

« J’ai introduit ce congrès autour de l’idée de la diversité car c’est, j’en suis convaincu, l’un des meilleurs carburants de nos projets, une ressource essentielle pour l’avenir de nos sociétés.
Ce congrès a bien montré toute la richesse de cette diversité.
Il a illustré la nécessité des débats et des confrontations d’idées, la joie d’être ensemble ! Ce dynamisme est nécessaire à la réussite de nos projets. Il compense la marge de manœuvre encore étroite de nos budgets et bien souvent de la gouvernance des projets.
Je voudrais saluer la contribution du monde associatif et de la société civile dans cette aventure du vélo. Car elle est indispensable. Je tiens à souligner combien ces réseaux de citoyens rassemblés autour du vélo sont nécessaires parce qu’ils nous épaulent et nous enrichissent. Même et surtout dans la confrontation des points de vue ! C’est pourquoi, en ces temps incertains et un peu anxiogènes, il est primordial d’encourager l’initiative individuelle et collective, pour redonner de l’espoir. Tâche qui n’incombe heureusement pas aux seules institutions !
Il y a deux ans, lors du 19ème congrès à Dijon, nous avions eu le plaisir d’accueillir le sociologue Gérard Mermet, auteur de Francoscopie, pour la seconde fois, dix ans après son intervention au congrès du Club à Strasbourg en 2001. Il soulignait déjà les effets néfastes du pessimisme des Français. Début mai, c’est le journal Le Monde qui, sondage à l’appui, révélait que notre pays est le champion d’Europe du pessimisme ! Or les cyclistes ne sont jamais pessimistes car ils croient en eux, en leur action personnelle, en leur engagement.
Les Français redoutent particulièrement le déclassement social. Ils anticipent les effets d’une crise qui pourtant ne les touche pas comme leurs voisins grecs, espagnols et italiens.

Paradoxalement, dans ce temps de crise, on observe en France, et dans un grand nombre de pays, de nombreuses initiatives locales et de belles dynamiques.
Le vélo leur donne, en effet, une possibilité de revenir à une action positive pour les autres, pour eux-mêmes et pour l’avenir.

Ces initiatives n’impliquent pas les acteurs institutionnels. Elles ne sont pas organisées pas la puissance publique.
Elles font appel aux ressources du territoire et sont l’affaire d’individus ou de groupes (…)
On pense par exemple aux initiatives de l’économie sociale et solidaire et l’essor des ateliers vélo qui ont été, un peu, les vedettes de ce 20ème congrès et en
sont une illustration exemplaire. Ces ateliers du renouveau du vélo sont en effet emblématiques du nouveau modèle gagnant-gagnant. Créateurs d’emploi et de services à la mobilité, ils optimisent la solution vélo. Donnent de l’autonomie.
Les ateliers vélo sont une belle illustration des initiatives de la « ville astucieuse » comme on désigne parfois l’ensemble de ces initiatives citoyennes à côté des organisations institutionnelles (…)
Nous avons lancé une enquête en 2012 sur « Les Français et le vélo » avec le soutien de la Coordination interministérielle pour le développement de l’usage du vélo. Les premiers résultats ont été présentés en janvier dernier, avec un bon écho médiatique.
Les résultats détaillés viennent de vous être présentés ce matin, et je suis certain que nous puiserons encore longtemps dans cette photographie vélo beaucoup d’enseignements et d’étonnements.
On constate que le vélo s’installe dans les pratiques, le cycle de vie et les représentations des Français et que sa pratique s’intensifie.
Près d’1 Français sur 2, de 15 ans et plus, a fait au moins une fois du vélo au cours des 12 derniers mois, alors qu’ils étaient 40% en 2007.
Ils sont déjà 14% à utiliser le vélo pour des motifs utilitaires, comme aller au travail, à l’école ou l’université ou faire des achats.
Le vélo est sorti de la marginalité !
Le vélo entre dans le quotidien des Français !
Il y a urgence à lever les freins : la météo, la crainte de l’accident et du vol.
A développer les continuités cyclables, à faciliter le stationnement du vélo… A développer l’intermodalité encore trop peu accessible, alors que nos concitoyens perçoivent aujourd’hui ses avantages. 5,5% des Français seulement, sont aujourd’hui en situation d’utiliser la combinaison vélo et transport public.
Le stationnement sécurisé des vélos à proximité des gares et dans les pôles d’échanges est donc une priorité à inscrire à l’agenda des opérateurs et des collectivités locales pour que, comme dans des pays comme l’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas, 30% au moins des clients du train viennent à vélo.
Cette enquête montre que les Français sont en capacité d’acquérir vite un « réflexe vélo », à l’instar des Européens qui pédalent quotidiennement et par tous les temps.
Les changements mis en œuvre dans les habitudes et les représentations sont une chance pour accélérer le déclin du tout-auto et l’essor de la mobilité active.
Le prochain mandat municipal sera l’occasion d’amplifier ce mouvement.
Les enseignements de cette enquête donnent en effet du courage aux acteurs.
Les Français leur disent « allez-y ! ».
L’acceptabilité est bien supérieure à ce que croient bon nombre de décideurs…
L’étude en ligne conduite auprès d’une centaine d’élus du Club des villes et territoires cyclables montre que les perceptions des élus et des citoyens convergent notamment sur les freins à l’usage, mais qu’elles divergent un peu sur les leviers et les motivations.
Au Club, nous pensions par exemple que l’impact du budget transport sur le pouvoir d’achat des ménages pesait désormais davantage sur les choix et les comportements de mobilité. Or les Français plébiscitent d’abord la santé et le plaisir pour l’usage du vélo.
Ces décalages sont intéressants car ils révèlent des atouts insoupçonnés et des freins sous-estimés… Autrement dit, une grande marge de manœuvre !
Une marge de manœuvre au niveau local : 3 Français sur 10 sont d’ores et déjà prêts à utiliser le vélo pour les déplacements quotidiens dans les années à venir !
Une marge de manœuvre au niveau national : un vrai Plan national « vélo » ou « mobilité active » doit accompagner, amplifier les efforts des collectivités et l’élan de nos concitoyens !
Avec des hauts et des bas, nous y croyons toujours, au Club des villes et territoires cyclables. Mais surtout, nous n’avons pas fait qu’y croire, et nous ne nous sommes pas contentés de l’appeler de nos vœux. Nous avons occupé l’attente en nourrissant la réflexion et l’argumentation, en repérant les signaux faibles, en valorisant les bonnes pratiques et leurs impacts.
En travaillant également – et surtout – avec notre représentation nationale !
Le Club des parlementaires pour le vélo, lancé en juillet 2012 par notre réseau, et les parlementaires qui représentent des collectivités adhérentes a rencontré une formidable mobilisation au sein des deux assemblées.
Transpartisan, ce Club rassemble aujourd’hui 96 parlementaires et a déjà à son actif, en moins d’un an, non seulement un programme de rencontres et d’échanges très riche, mais aussi et surtout un travail parlementaire fructueux.
Si les amendements relatifs à des incitations économiques à l’usage du vélo n’ont pas été adoptés à l’automne dernier, ils ont permis de mobiliser les membres du club et d’organiser le travail collaboratif, animé par notre secrétariat général, sous la houlette d’Alexis Bachelay que je suis heureux d’accueillir à Nice, de Denis Baupin qui fut président de notre réseau de 2004 à 2008, de Fabienne Keller et Philippe Goujon. Ces débats de l’automne ont également permis que le ministre des Transports s’engage en faveur de la prise en compte du vélo dans le 3ème appel à projets transports publics et mobilité durable ! Et cela, à peine 3 mois après la création de ce club de parlementaires !
Promesse tenue par Frédéric Cuvillier, ministre des Transports, puisque l’appel à projets qu’il vient de lancer prévoit le financement de parkings vélo sécurisés en interface avec les transports publics.
De même, l’amendement présenté par nos députés vélo, dans le cadre de la loi portant diverses dispositions transport, relatif à l’obligation de réaliser des parkings vélo dans les nouvelles gares, ou à l’occasion de rénovation de gares, a été adopté en avril dernier.
Une avancée importante, car elle adresse un signal fort à la SNCF et à l’ensemble des opérateurs de transport : il faut dorénavant compter avec le vélo. Et pas de façon symbolique ou marginale, avec quelques arceaux ici ou là, sans commune mesure avec le nombre de voyageurs potentiellement clients d’une combinaison transport public + vélo ! (…)
La motion que nous avons adoptée ce matin en Assemblée générale du Club sur la sécurité des cyclistes et la nécessité de mettre en œuvre, sans délai, des actions concrètes pour la cohabitation avec les véhicules de grand gabarit est aussi une avancée et une invitation à nos partenaires, comme la FUB, les parlementaires vélo, à agir sans délai.
Lundi 3 juin, le ministre des Transports lancera en effet, officiellement, ce Plan national des mobilités actives tant attendu. « Mobilités actives » et non seul « vélo » , afin d’impulser un nouveau départ à la démarche du Code de la rue, afin d’entraîner les modes actifs dans cette dynamique de transfert modal, de rééquilibrage de l’espace public et d’intermodalité.
Il y a urgence à mettre en place cette démarche nationale. A coordonner les actions des ministères – transport, économie, santé, éducation, aménagement du territoire, redressement productif, tourisme – comme de nombreux pays le font depuis longtemps.
Qu’il s’agisse de la France ou d’un grand nombre de pays dans le monde, le vélo est en plein essor. Son potentiel est immense.
Partout dans le monde, il se passe quelque chose avec la mobilité active comme les témoignages de notre 20ème congrès l’illustrent. En effet, qu’il s’agisse du choix des « bobos » astucieux des grandes villes, de Bordeaux à Portland en passant par Paris ou Londres, qu’il s’agisse des politiques publiques de Mexico, de Ouagadougou ou de Gdansk, des grands rassemblements populaires ou des programmes vélo permettant l’accès de tous à l’école et à la mobilité, j’ai envie de dire « le vélo, c’est parti ! ». Le changement, c’est maintenant !
Nous attendons la confirmation que la puissance publique y croit aussi.
Depuis bientôt deux ans, nous martelons des propositions et notamment 10 actions qui s’inscrivent dans les trois grands défis que notre société doit aujourd’hui relever :
Ø Le défi de la cohésion territoriale
Ø Le défi de la qualité de vie
Ø Le défi de la cohésion sociale

Parmi les mesures phares, nous ciblons les incitations économiques à l’usage du vélo, en raison de la récession économique qui fragilise encore davantage les personnes vulnérables.
C’est pourquoi l’annonce que le Plan national prioriserait ces mesures dans les médias, il y a quelques jours, nous a agréablement surpris. Surpris car c’est le socle de mesures le plus délicat du futur plan national. L’accueil des amendements vélo à l’automne dernier nous l’a encore démontré…
C’est un peu attaquer la montagne par la face nord. Mais nous en sommes très satisfaits !
Nous savons les entreprises de plus en plus favorables à ces solutions de mobilité alternatives. Et les salariés prêts à choisir le vélo et l’intermodalité comme notre enquête le montre.
Nous sommes en outre convaincus qu’il y a un enjeu fort de cohésion sociale dans les politiques locales et nationales incitatives à l’usage utilitaire du vélo, notamment pour les trajets domicile-travail. Parce que c’est bon pour le budget des ménages, en redonnant du pouvoir d’achat pour d’autres postes de dépenses, notamment la santé, les loisirs, la culture…
Peut-être les annonces dans la presse ont-elles devancé les intentions ministérielles ? C’est en tout cas une évolution intéressante des médias qui n’accueillent plus le vélo avec indifférence ou ironie, mais rebondissent aujourd’hui sur tout ce qui le concerne.
C’est donc encore davantage motivé, grâce à la mobilisation et à la rencontre de toutes les énergies des participants du 20ème congrès de notre association, que je participerai lundi 3 juin à la mise en place de ce comité et au lancement du Plan national des mobilités actives.
Lancement auquel l’action régulière de notre réseau et le travail accompli par les parlementaires vélo ne sont pas étrangers. Bien au contraire !
(…) Nous avons 6 ans pour réussi la transition vers une autre mobilité, faisant appel à davantage d’autonomie, davantage d’équité, davantage d’efficacité, davantage d’activité physique… !
Mesdames, messieurs, permettez-moi, avant de clôturer officiellement ce 20ème Congrès de vous préciser que pour moi ce sera le dernier en tant que président du Club, car je vais mettre mes actes politiques en accord avec mes convictions citoyennes. Elu local depuis plus de 30 ans, administrateur du club depuis 12 ans, président depuis 6 ans (je ne me suis jamais fait d’illusion je l’ai été par nécessité) je vais donc quitter la scène publique, usante pour le moral, pour la santé, pour les relations humaines vraies, pour pouvoir pédaler en roue libre librement sans aucune autre finalité que celle de me faire plaisir et de faire plaisir aux miens.
J’ai tenté avec mes modestes moyens de maire de la fameuse « France profonde » de maintenir le club sur les principes d’égalité entre ses membres, de liberté dans leur action et de fraternité dans le fonctionnement au service du vélo. Pas toujours facile mais tellement enthousiasmant. (…) Je vous remercie toutes et tous, membres du peloton des défenseurs des mobilités actives pour votre apport à l’aventure du vélo citoyen.
Merci aux amis que je me suis faits dans la vie du club. Merci aux ennemis que je me suis créés, car ils m’ont renforcé et endurci dans mes convictions. Tous m’ont conforté dans la véracité d’une analyse sur l’action publique de Jules Clarétie : « Tout homme qui dirige, qui fait quelque chose a contre lui ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui font précisément le contraire, et surtout la grande armée des gens d’autant plus sévères qu’ils ne font rien du tout ». Chères et chers collègues élus, méditez sur ce constat avant les échéances électorales qui vous attendent.
Si par hasard vous perdiez le moral, enfourchez votre vélo, respirez l’air pur et ressassez vous à voix haute en pédalant cette superbe citation de Louis Nucéra, cet écrivain niçois que j’aime tant :
» La vie est comme un miroir. Si tu lui souris, elle te renvoie ton image »
Faites donc grossir les rangs du peloton des pédaleurs de l’avenir et ne renoncez jamais à être des citoyens actifs au service de l’intérêt général… Bonne route à vous toutes et vous tous !

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