L'Assemblée nationale vient de se prononcer sur une réforme qui fera date dans le quinquennat de François Hollande : la limitation du cumul des mandats, plus précisément l'impossibilité pour un parlementaire d'exercer une fonction exécutive locale. L'opinion le réclame depuis longtemps, la société en a besoin, la France doit rejoindre sur ce point les autres pays d'Europe, je suis à fond pour. A terme, notre paysage politique en sera complètement bouleversé. C'est le plan de carrière de nos hommes et femmes politiques qui en sera profondément modifié, et aussi le rapport des citoyens à la chose publique.
Jusqu'à présent, la réussite en politique passait par trois étapes : maire, député, ministre (le dernier niveau pour les plus chanceux et les plus talentueux ! ), sans parler du stade suprême, président de la République, qui ne concerne que ceux qui se rasent le matin en y pensant (au lieu comme tout le monde de veiller à ne pas se couper, ce qui fait que ceux-là sont très peu nombreux). Pour l'immense majorité des ambitieux, député-maire suffit à leur bonheur, c'est la consécration qui fait dire qu'on n'a pas perdu son temps dans cette perte de temps qu'est la politique. Aux yeux des citoyens, il n'existe vraiment que Monsieur le maire ou Monsieur le député qu'on connaisse et respecte. Conseillers ou adjoints, c'est du menu fretin . Le conseiller général n'est connu et apprécié que dans les campagnes et le conseiller régional que dans son parti. En politique, il faut être maire, parlementaire, ministre ... ou rien.
La nouvelle loi va changer tout ça, il va falloir choisir. Ce sera la fin de la figure la plus populaire de notre République, le député-maire. Je n'ai aucun regret ni aucune inquiétude, je suis au contraire plein d'espoir : le parlementaire pourra se consacrer entièrement aux lois, le maire au service de ses administrés, la tentation du potentat local, prince dans sa ville et seigneur dans la capitale, disparaîtra, la classe politique s'ouvrira et se renouvellera. Tout ça est très bien.
Est-ce que la campagne des municipales (je pense bien sûr à Antibes ) en sera modifiée ? Je ne crois pas. Bien sûr, Jean Léonetti devra choisir entre le palais bourbon et l'hôtel de ville, soit dès maintenant, soit en 2017 (date d'application de la loi). L'honnêteté à l'égard des citoyens l'incite à dévoiler sans attendre ses intentions : réclamer un mandat qu'on sait devoir interrompre à mi-parcours, ça ne va pas. Entre maire et parlementaire, je ne sais quel poste choisira t il ?
Quoi qu'il en soit, la population ne se prononcera pas sur les ambitions des uns et des autres, mais sur leurs propositions.