Ah les vacances, je publie peu ou pas de billets. La flemme. Ce matin, pourtant, je craque devant la bêtise ambiante. Pas celle de Mélanchon il est incurable , mais l'autre Copé celui qui il veut faire un inventaire
Puisque c'est compliquer je vais l' aider et aussi l’UMP en posant des bases potentielles à ce débat à partir des événements marquants du quinquennat
Il veut entamer un débat sur le quinquennat passé.Il ne demande pas à ce que ça ne soit pas un procès contre Nicolas Sarkozy et François Fillon, mais ça devrait y ressembler .
Commençons en 2007…
La défiscalisation des heures supplémentaires
C’est la seule mesure du « paquet fiscal », la loi TEPA, à avoir tenu jusqu’au bout. C’était une mauvaise loi mais c’était une promesse de campagne, il fallait l’appliquer.
Néanmoins, ce fut une erreur politique car cette loi a généré une nouvelle fracture entre les Français, séparant ceux qui avaient la chance d’avoir un emploi dans un secteur porteur, et les autres, la France d’en bas, victime de la mondialisation et tout ça. S’il n’y avait pas eu la crise, la mesure aurait été encore plus effroyable. Vive la crise qui masque les erreurs.
Les autres volets de la loi TEPA
Il s’agit de la défiscalisation d’une partie des intérêts d’emprunt pour l’acquisition d’un logement, de la réduction de l’ISF et des droits de succession.
Ces mesures ne concernaient que les riches, ce qui n'est pas intéressants d’un point de vue électoral, puisqu'ils votent nécessairement à droite.En diminuant l’imposition des riches,le précedent gouvernement a , mathématiquement, augmenté la pression fiscales sur les catégories dites moyennes.
Les gouvernements
Nommer un gouvernement a été naturellement la première action menée même si on retient surtout le paquet fiscal de ce premier mandat. Nommer des ministres d’ouverture fut une grave erreur, d’autant qu’on a vite compris qu’ils n’étaient que des pantins .
Le Grenelle de l’environnement
Je le prends à titre d’exemple parce qu’il est emblématique mais dans ce qui a été fait « pour » l’écologie, nommer un « ministre fort », numéro deux du Gouvernement, au départ Juppé puis Borloo. Ca partait peut-être d’un bon sentiment, mais, électoralement, ça fut une grosse bétise: on a bien vu que ça n’a débouché sur rien. L’environnement n’est pas une thématique de droite . :
Dans le gouvernement Villepin (le dernier gouvernement de droite avant Fillon ), le ministre de l’environnement était Nelly Olin (merci Wikipedia). Elle faisait probablement très bien le job, même sans prendre de mesures emblématiques ou ma mémoire me fait défaut . Elle avait une large administration à diriger : on n’attend pas nécessairement des mesures phares de chaque ministre.
Nommer Borloo et Juppé fut donc une mesure de façade, les électeurs (ceux de droite!) n’ont pas été dupes.
Par contre, si j’avais été à droite, j’aurais autorisé l’exploitation du gaz de Schiste… Pour faire plaisir à des électeurs qui auraient pu y voir une potentielle diminution dans leurs factures et une ré-industrialisation de la France.
Sécurité –immigration
Vous avez échoué. C'est grave. Je ne suis pas non plus particulièrement optimiste quant aux résultats de la gauche : les banlieues pourraient rester des poudrières mais j’y reviendrai à l’occasion du discours de Grenoble, des Roms, de l’Islam, ci-dessous.
La droite a instauré dans le paysage politique cette maxime : un fait divers, une loi. Vous avez accumulé les lois alors qu’il fallait renforcer la police dans les quartiers difficiles. Ca s’est vu… Vous avez acquis une réputation d’incompétence qui fait que l’électeur de droite vote pour vous uniquement pour faire barrage à la gauche. C’est fort.
La loi LRU (universités)
Je n’ai pas d’avis sur le sujet. D’ailleurs, les Français non plus. Pourquoi avoir fait ce truc en urgence plutôt que mener une réflexion de fond sur l’université, sur plusieurs années ? Je la cite donc, cette mesure, car elle est emblématique d’un mode de fonctionnement : on fait en urgence des actions dont tout le monde alors qu'il était possible de faire une réforme calmement.
Le service minimum dans les transports et dans les écoles
Dans les écoles, ça fut une grave erreur. La droite a clairement transformé l’école en garderie pour les enfants, pour que les parents puissent aller travailler. En une loi, cette droite a participé à la déconsidération de l’Education Nationale.
Les franchises médicales
Ca a donné un sentiment de bricolage. Très mauvais pour l'image.
La RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques) et le non remplacement d’un fonctionnaire partant à la retraite sur deux
C’est un vieux truc de droite .
Il n’empêche que c’est complètement idiot de voir ça de manière globale, purement mathématique, d’autant que ça n’a pas fonctionné. On sait qu’il faut plus de monde à l’Education Nationale, à la justice et dans les forces de sécurité… De toute manière, ceux qui n’aiment pas les fonctionnaires votent déjà à droite.
Ce n’était pas la peine de « stigmatiser ».
La baisse de la TVA dans la restauration
Encore une erreur ! Ca me fait rigoler parce que je suis pour , ça n’a rien rapporté, pas d'emploi , pas de baisse de la note pas d'investissement et ça a donné l’occasion de vous foutre des baffes.
La réforme de la Constitution
Dans la mesure où le « referendum d’initiative populaire » n’a jamais été mis en place (ce qui est une erreur de votre part : donner l’impression au peuple qu’il est écouté n’est jamais mauvais), la réforme n’a servi à rien. Elle a donc montré un bricolage, comme si chacun voulait adapter les institutions à sa sauce. La réforme contenait des points utiles, d’autres moins, mais d’une manière générale, il faudrait arrêter de jouer avec cette constitution et en créer une autre.
La gestion de la crise financière
L' échec est visible Cela étant vous avez entériné deux faits : celui que l’on est à la traine de l’Allemagne et celui que les marchés sont plus puissants que tout. Rien que vous entendre dire que vous alliez les maitriser et tout ça donnait l’impression d’un renoncement. D’ailleurs, toute votre communication a été ridicule. Vous parliez de la protection de nos finances et on a fini par perdre un triple A. C’était à mourir de rire.
Ca vous a fait perdre l’élection… Vous avez communiqué comme si notre santé financière n’était pas mauvaise et vous communiquez maintenant sur le fait que la gauche a minimisé les impacts de la crise…
Vous auriez du poursuivre ce qui était un de vos chevaux de bataille, le redressement des finances publiques, sans l’interrompre par un plan de relance qui n’a pas marché et a décrédibilisé toutes vos actions et propos ultérieurs.
Le discours de Grenoble, l’islam, les Roms…
Vous êtes de droite, pas moi, vous dites et faites ce que vous voulez… Il n’empêche que vous avez plombé l’ambiance des deux dernières années de mandat, sans le moindre résultat, impliquant une division des Français. Si ! Un résultat ! Les Français ont eu envie de vous foutre dehors.
Vous vous êtes focalisé sur un électorat de droite dure en oubliant que les élections se gagnent forcément au centre. Un type qui vote au FN au premier tour, votera pour l’UMP au second. Par contre, un gars qui vote Modem au premier tour, ne votera pas pour un parti qui incarne une droite dure.
A force de vous adresser à une fraction de votre électorat, vous avez oublié toutes les autres.
La réforme des retraites
Nous sommes forcément en opposition On en pense ce qu’on veut. Ce qu’il y a de sûr, c’est que vous avez échoué. Si la gauche réussit, sa réforme vous aurez donné la preuve que vous êtes totalement incapables d'en faire ! Parce qu’il est trop visible que votre réforme de 2010 était ratée, vu qu’en 2013, on se rend compte que les financements ne sont pas assurés.
Vous avez eu un comportement strictement idéologique, en voulant augmenter la durée de cotisation, en repoussant l’âge de la retraite mais sans rien donner en contre partie . L’échec est visible. Jean-François Copé ne veut pas de jugements personnels à l’occasion de « cet inventaire ». Pourtant, on tombe lamentable dedans : Nicolas Sarkozy et François Fillon sont incapables de mener une réforme. Et vous ne gagnerez pas avec des loosers.
La politique internationale
Je considère que ces sujets sont ni de droite ni de gauche. L’activisme de Nicolas Sarkozy, au début de son mandat, a probablement été bénéfique, avec la libération des infirmières bulgares, les machins en Géorgie,… Malheureusement, il a dégénéré et on a rapidement eu l’impression que Nicolas Sarkozy était à la traîne des géants de ce monde.
Les erreurs consécutives, par la suite, notamment pour ce qui concerne quelques actions en Afrique, ont été catastrophiques. Je ne vais pas faire le bilan point par point, surtout que c’est toujours très facile de dire après coup ce qu’il aurait fallu faire. Je vais simplement vous poser une question : est-ce que vous vous rendez compte qu’après avoir sauvé le monde , les électeurs ont préféré désigner un type qui n’avait aucune expérience en politique internationale pour succéder à Nicolas Sarkozy ? Et est-ce que vous vous rendez compte que ce type a réussi rapidement à gagner sa guerre et à remettre la France, ainsi, au cœur de la diplomatie mondiale ?
Quant aux institutions européennes… Nous sommes de nouveau dans un domaine bien politique, je vais néanmoins m’abstenir de dire « il fallait faire »… Le constat global est que Nicolas Sarkozy a imposé deux traités (celui de Lisbonne et le TSCG) dont ne voulaient pas les Français. Peu importe le contenu : ce sont les textes initiaux, Maastricht et autres, qui sont mauvais .
Quand on est au creux d’une crise financière mondiale, montrer au peuple qu’on abandonne un peu de souveraineté n’est pas une bonne idée. Et donner l’impression qu’on va sauver l’économie en modifiant les institutions est grotesque.
D’une manière globale
Je n’ai pas cité de points positifs. Il n’y en a pas .
Nicolas Sarkozy a commis une grosse erreur : celui d’être toujours présent, d’être « omniprésident ». C’est une des dérives de la Cinquième. Jacques Chirac, premier président à avoir fait un quinquennat (donc avec l’Assemblée liée au Président) a su se sortir de la situation. C’était bien le premier ministre, Jean-Pierre Raffarin puis Dominique de Villepin, qui gouvernait.
Ainsi, M’sieur Copé, dans votre inventaire qui n’en est pas un, je vous suggère de commencer par cela : le mode de fonctionnement des institutions. Il y a une réforme que je n’ai pas citée puisqu’elle a été annulée par la gauche, celle des institutions territoriales, avec la suppression des Conseils Généraux et la diminution du nombre d’élus locaux. On est au cœur du fonctionnement de la démocratie. On ne diminue pas le nombre d’élus… et on ne fait pas porter tous les pouvoirs sur un chef.
La Cinquième est un régime présidentiel qui s’est renforcé tout au long de son existence et Nicolas Sarkozy a en ajouté une couche. Il a fait des réformes pour donner plus de poids au Parlement mais, en même temps, il a fait le job du premier ministre, celui qui dépend du Parlement.
On a beaucoup critiqué les propos de Lionel Jospin, à une époque : l’Etat ne peut pas tout.
L’inventaire
Nicolas Sarkozy a donné l’impression que le président de la République pouvait tout et finalement ne pouvait rien. C’est à mettre au premier point de l’inventaire.
Au deuxième point, il faudra mettre la politique économique. Elle est de droite, je la juge donc mauvaise . Il faudrait s’entendre ! La politique a été au service des plus riches au prétexte de relancer l’économie et mais n’a surtout ressemblé à rien. Ce n’est ni libéral ni socialiste. Ce n’est rien. Un brouillon. Un immense gâchis.
Le RSA est un bon exemple. La gauche avait créé le RMI pour permettre à ceux qui n’avaient aucun revenu de vivoter. En créant le RSA, qui est d’ailleurs un échec, la droite a couplé le travail à l’aide sociale laissant l’impression, à droite, de faire une espèce de mesure de gauche, d’autant que c’est un type de gauche qui avait été nommé pour la faire. Pour moi, l’Etat a deux responsabilités (qui peuvent se discuter, le sujet n’est pas là) : faire vivre les gens qui n’en ont pas les moyens, au nom de la solidarité, et légiférer pour faciliter le retour à l’emploi, dans la mesure de ce qu’il peut faire. Pourquoi coupler les deux ? Ca n’a strictement aucun sens… Surtout si on veut se revendiquer d’une politique libérale… (la gauche a fait des conneries similaires, notamment la prime pour l’emploi…, c’est totalement illisible).
Là-dessus, des pensants de l’UMP ont tenté d’obliger les gens au RSA à travailler. D’ailleurs, sous différentes formes, c’était au programme de Nicolas Sarkozy en 2012. La mesure est évidemment électoraliste mais elle ne fait plaisir qu’au cœur de l’électorat, aux braves gens qui vont voter UMP.
Ce qui nous amène au troisième point de l’inventaire : le cancer de l’assistanat doublé d’une casse du système de protection sociale, elle bien libérale… Avant, nous avions la solidarité nationale. La droite a transformé cela en « assistanat ». Ca lui fait probablement plaisir alors qu’elle devrait réviser l’histoire de France récente : qui a mis en place cette protection sociale, cette solidarité nationale ? Casser la solidarité nationale, même uniquement à travers l’utilisation de certains mots, est aussi casser une idée de la nation. Or la nation. Pardon, la Nation, me semble au cœur d’un électorat de droite.
Et nous voila au quatrième. Dans une logique libérale, vous avez cassé le système de protection sociale (déremboursements, franchises,…) en prétendant le renforcer. C’était grotesque. En trois explications, vous perdez toute crédibilité ! « La sécu est en danger alors on rembourse moins. » C’est sûr qu’elle est en danger ! C’est lui faire rembourser moins qui la met en danger. Que vous vouliez la tuer, au nom du libéralisme, est une chose ! Mais dites-le. A un niveau électoral, ça pourrait même être porteur. Alors qu’une franchise de un euro sur une consultation, personne ne croit que ça va sauver la sécu et les électeurs trinquent. Tiens ! Faites une loi pour que la sécu ne rembourse plus les consultations des spécialistes, c’est bien libéral, ça obligera les gens à prendre des assurances privées et vous pourrez foutre ça sur le dos des gens qui abusent !
Je résume le quatrième : arrêter de trouver des prétextes bidons pour faire des réformes iniques, surtout quand elles ne fonctionnent pas, on l’a vu avec les retraites.
Le cinquième point de l’inventaire. Je vais vous laisser chercher. Trouvez-moi une loi qui a marché dans les cinq ans et que l’on puisse qualifier de droite. Je dis bien « qui a marché », parce que les saloperies, on ne les compte plus.
Nous, peinards, on fait nos lois de gauche. Ca y est ! On va pouvoir marier les homosexuels, tiens ! Mais vous, quel bilan politique tirez-vous de tout ça ? Une gestion au quotidienne de droite qui se termine par un fiasco financier…
Je vais faire un bilan des actions politiques depuis 40 ans.
A gauche : l’abolition de la peine de mort, la cinquième semaine de congés payés, les 39 heures puis les 35, le mariage des homosexuels, le RMI, la CMU, la retraite à 60 ans (je plaisante, elle va être aménagée…),…
A droite : Rien . l’IVG peut-être mais c’est une mesure de gauche. On en trouvera d’autres si vous voulez. Tiens !La majorité à 18 ans.
Pour le reste, vous n’avez pas réussi à définir ce qu’était la droite à être en paopposition à la gauche.
Je résume l’inventaire
Point 1 : une présidentialisation à outrance du fonctionnement des institutions.
Point 2 : une politique économique illisible.
Point 3 : la casse de la solidarité nationale.
Point 4 : des mauvais prétextes pour des mauvaises réformes.
Point 5 : l’absence de projet politique de droite.
Ca ne peut pas exister, je sais.