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UNE REFORME UTILE

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En lisant Nice Matin d'hier je vois que , le maire d'Antibes Jean Léonetti s'est livré à une critique très serrée de la réforme des rythmes scolaires, en avançant trois arguments : elle est coûteuse, compliquée, contestée. Comme Michème Muratore -conseillière municipale PS je veux lui répondre, en présentant à mon tour des arguments que je crois rationnels, en reconnaissant que le maire d'Antibes a cependant en partie raison, mais en essayant de démontrer qu'il a au final tort. Ce débat autour des rythmes scolaires est d'autant plus important qu'il sera au coeur des prochaines élections municipales.

Cette réforme est-elle coûteuse ? Oui, elle l'est, et je m'en réjouis, car c'est de l'avenir de nos enfants dont il est question. Tout investissement dans l'avenir et dans la formation est bon. Une réforme à coût nul, en quelque sorte gratuite, n'aurait strictement aucune valeur. Ce serait un gadget, une réformette. Je ne connais aucune réforme structurelle, un tant soit peu ambitieuse, qui n'exige un financement conséquent. Et puis, l'Etat a prévu cette dépense, en versant dès cette année une aide financière aux collectivités locales. Enfin, la politique est affaire de choix : c'est de la responsabilité des élus de dire où vont leur préférence, leur priorité. En certains domaines, sportifs, festifs, environnementaux, les financements importants ne soulèvent aucun problème. Pourquoi hésiterait-on lorsqu'il s'agit d'éducation ? Mais encore une fois, on ne peut pas tout financer, il faut faire des choix. Les miens, en tant que citoyen, vont à la réforme des rythmes scolaires.

Cette réforme est-elle compliquée ? Oui, elle est compliquée, comme toute réforme d'envergure est compliquée. Changer les habitudes, les organisations, les contenus, c'est forcément compliqué. Et alors ? En quoi la difficulté serait-elle un obstacle à l'application d'une réforme ? La vie est compliquée, la politique est encore plus compliquée que la vie : ça n'empêche ni de vivre, ni de faire de la politique, ni de réformer la société. C'est compliqué parce que c'est un travail, ça exige des efforts. Je ne connais aucune réforme qui soit simple, facile. Ou alors, ce n'est pas une véritable réforme, c'est un simple aménagement. De plus, cette réforme, comme celle des 35 heures il y a quinze ans, n'est pas imposée autoritairement, avec des contenus et des horaires définis au préalable : elle mise sur la concertation entre tous les partenaires et bénéficiaires de la réforme, enseignants, parents, municipalités, associations. Faire travailler tout le monde ensemble, en faire surgir, dans chaque commune de France, un projet pédagogique, oui, c'est compliqué, mais c'est souhaitable et faisable, et quand on s'y attelle, c'est moins compliqué qu'on ne le croit.

Cette réforme est-elle contestée ? Oui, par beaucoup de personnes, mais pas par tout le monde. On a connu le même phénomène avec les 35 heures : la critique était encore plus vive et massive. Et aujourd'hui ? Demandez à n'importe quel salarié s'il veut qu'on lui enlève ses RTT : aucun, absolument aucun ne vous dira oui. La droite a critiqué violemment les 35 heures ; elle a gouverné pendant dix ans, elle n'a pas touché aux 35 heures : CQFD. La réforme des rythmes scolaires, il en sera de même. Et c'est normal : nous vivons dans une société individualiste, où chacun se préoccupe légitimement de ses intérêts personnels. L'intérêt d'un enseignant, c'est de regrouper ses heures de cours ; l'intérêt d'un parent, c'est d'avoir tout le week-end et le mercredi entier pour ses enfants ; l'intérêt d'un maire, c'est de ne pas avoir de dépenses supplémentaires. Et l'intérêt des enfants ? Et la cohérence d'un parcours pédagogique ? Pendant longtemps, tout le monde convenait que la semaine scolaire de quatre jours était une folie. Elle serait aujourd'hui devenue une solution sage et idéale ? Un peu de sérieux et de cohérence, tout de même ... 
Jean Léonetti a donc raison : coûteuse, compliquée, contestée, oui, la réforme des rythmes scolaires l'est. Et ça ne me dérange pas du tout. Ce sont même des critères d'ambition, d'exigence et d'intérêt général qui me satisfont, qui me rassurent sur l'ampleur et la valeur de cette réforme. Mais ce qui me fait fondamentalement la soutenir, c'est une quatrième question, qui n'a pas été soulevée dans la presse: cette réforme est-elle utile ? Oui, trois oui. Utile parce qu'elle a été demandée depuis longtemps ; utile parce qu'il est raisonnable d'étaler le temps de travail des élèves sur la semaine ; utile parce qu'elle ouvre à des activités périscolaires nécessaires à l'éveil et au développement de l'enfant. Dans quelques années, tout le monde sera d'accord avec ça, puisque déjà, une fois écartés les intérêts particuliers et corporatistes, tout le monde est d'accord avec ça. Même Jean Léonetti y viendra. Je l'attends.

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