Marine Le Pen a annoncé hier qu'elle poursuivrait en justice toute personne affirmant que le Front national est d'extrême droite. Je crois que les tribunaux vont devoir faire face à un surégime . Pour ma part, je donne à Le Pen et à ses sbires locaux l'occasion de mettre leur menace à exécution : oui, le FN est d'extrême droite, je l'affirme, je signe, je le proclame et je le répéterai durant toute la campagne des élections municipales. Non seulement je le dis, mais je le prouve :
1- Dès sa création, en 1971, le FN fédère les différents courants de l'extrême droite française, monarchistes, catholiques traditionalistes, nationaux, nationalistes révolutionnaires (c'est-à-dire fascistes, à la Frappat ). Leurs références idéologiques et historiques sont la monarchie absolue, le régime de Vichy et l'Algérie française.
2- Depuis et jusqu'à nos jours, malgré les inflexions et virages politiques, le fil conducteur du FN reste le même, ses valeurs sont celles qui fondent l'extrême droite : le rejet des étrangers, l'exaltation de la nation et l'appel à l'autorité. Rien ne change sous le soleil de l'extrême droite.
Aujourd'hui, est-ce que la récupération de certains thèmes de gauche, voire d'extrême gauche, change la nature du FN ? Non, lutter contre l'Europe libérale, dénoncer la mondialisation financière et se réclamer du peuple ne cessent pas de faire du Front national un parti d'extrême droite. Au contraire, c'est une confirmation ! Historiquement, l'extrême droite la plus radicale et la plus fanatique a toujours instrumentalisé des thèmes de gauche pour séduire, tromper, manipuler et se refaire une virginité auprès des masses : c'est le cas avec Hitler, Mussolini et Doriot.
Quant à se prétendre ni de gauche, ni de droite, comme le fait Marine Le Pen, c'est à nouveau valider qu'on se situe bien à l'extrême droite. Car ce rejet du système bipolaire n'a rien à voir avec la position de Bayrou : le FN est tout sauf centriste ! En se plaçant en dehors et contre la gauche et la droite, le Front national veut seulement rappeler qu'il est en dehors de la République, rétif aux catégories de la démocratie parlementaire. En effet, le clivage droite-gauche structure depuis toujours la République française, sachant que chacun des deux camps a en son sein de nombreuses et parfois contradictoires sensibilités. Ni droite ni gauche, c'est le slogan des fascistes et des extrémistes des années 30 (voir le livre de l'historien Zeev Sternhell, qui porte ce titre).
Marine Le Pen a beau se contorsionner tant qu'elle voudra, le FN n'appartient pas à la droite classique . Il n'est pas ailleurs (comme se voulait Michel Jobert) ou nulle part, mais bel et bien à l'extrême droite. Il est assez étrange qu'un parti qui prétend défendre l'identité nationale récuse et refoule sa propre identité politique, comme s'il avait honte de ce qu'il est, comme s'il n'osait pas se regarder en face. Et ce n'est pas une question de sémantique, de vocabulaire supposé péjoratif : l'extrême gauche s'est toujours assumée comme tel, avec fierté, en faisant un titre de gloire, un gage de pureté, d'authenticité. Pourquoi l'extrême droite n'assume-t-elle pas ce qu'elle est ? En tout cas, à Antibes , il faudra mettre les électeurs devant leurs responsabilités : voter Le Pen, c'est voter FN, c'est voter extrême droite.