DE LA NÉCESSITE D'UNE JOURNÉE EUROPÉENNE CONSACRÉE AU GÉNOCIDE ROM
par Catherine Raffait
Le 29 janvier 2013, à l'ordre du jour du Parlement Européen, les raisons et nécessités de créer une journée européenne consacrée exclusivement à la mémoire du Génocide des Rroms.
Les intervenants ont unanimement mis l'accent sur l'urgence de mobiliser l'attention des citoyens européens afin de susciter une prise de conscience collective de la place des Rroms dans l'histoire européenne et de la discrimination dont ils furent l'objet au cours notre histoire. Ce rejet millénaire a trouvé son expression et son apogée lors des crimes commis sous le régime nazi dans plusieurs pays d' Europe.
Cette responsabilité n'est reconnue actuellement officiellement que par l' Allemagneet la Roumanie. L’ Allemagne vient d'ailleurs d'inaugurer un Mémorial à Berlin, le 24 octobre 2012 .
La Roumanie ayant, quant à elle, fait une déclaration solennelle.
Les autres pays responsables d 'internement et déportation des tsiganes tels la France, la Belgique, l'Italie, Les Pays-Bas, entre autres, ne l'ont pas, officiellement, reconnu à ce jour.
Il a été rappelé que cette discrimination, si elle a trouvé son expression la plus extrême lors des crimes nazis , est profondément enracinée en Europe et provoque un réel blocage depuis des millénaires qui freine l' intégration de cette communauté. Elle cible une communauté encore plus malmenée que les autres et encore plus fragilisée par la situation de crise économique ce qui en fait un parfait bouc émissaire.
L'UE évalue à quelque 10 à 12 millions le nombre de Roms, Tsiganes ou Gitans, ce qui fait d'eux la plus grande minorité ethnique en Europe, victime encore aujourd'hui dans de nombreux pays de discriminations, d'une extrême pauvreté, et d'un accès inégal aux soins ou à l'éducation.
Lors de son intervention en janvier devant le Parlement Européen, le Premier ministre hongrois Viktor Orban avait averti qu'en l'absence de stratégie européenne, des communautés jusqu'ici sédentarisées risquent " d'adopter un style de vie nomade et de commencer à errer à travers l'Europe ".
L'accent a été mis sur les signes avant-coureur que l'on constate en Europe de l'ouest comme en Europe de l' Est qui doivent nous alerter sur le danger de voir se reproduire le même processus qui a amené l'extermination estimée à 1,5 millions de Rroms, que ce soit dans les camps ou lors du génocide qui a eu lieu dans les pays de l'Est. A propos duquel génocide, les recherches continuent actuellement dans ces pays.
A titre d'exemple parmi d'autres, la Hongrie a été citée pour sa politique raciste qui se traduit par des campagnes de stérilisation et sa politique raciste. la France on été pointée du doigt plus particulièrement pour sa politique d'expulsion qui va à l' encontre de la charte des droits de l' homme et pour laquelle elle a été mainte fois rappelée à l' ordre dans les instances internationales.
Outre les débats qui pourront découler d'une Journée pour la Commémoration, qui permettraient un travail de mémoire et un travail pédagogique notamment auprès des jeunes, elle serait l'occasion de poser un acte fort de la part de l' ensemble de la communauté européenne vis à vis d' une des communautés qui la compose et qui a été le moins reconnue alors même que à la base la communauté européenne est constituée de diverses communautés ethniques et religieuses qui se sont rassemblées.
Le militant roumain Nicolae Gheorghe a incité le Parlement Européen à poser un acte fort en menant à terme ce projet afin également de renforcer la citoyenneté et le statut juridique des migrants en ces termes : " un migrant est un citoyen européen, or nous sommes considérés comme des apatrides, c'est en cela que réside notre faiblesse ".
Il a donc été demandé au Parlement Européen d' envoyer un message politique fort aux pays membres, qui, en contre partie, doivent au niveau des citoyens, se mobiliser pour obtenir de leurs gouvernements un changement dans leur politique envers les Rroms, consolidant ainsi la démarche européenne.
Rappelons que le sort des Rroms reste un cas d' école, qui s' il ne se règle pas engagera, outre le danger qui guette cette communauté, la crédibilité de l' Europe à pouvoir faire respecter ses engagements et à défendre les droits de l' homme.
Si tel n'est pas le cas, on pourra parler de faillite européenne, et, alors ce prix Nobel de la paix que s'est vu remettre la Communauté Européenne serait bien entaché d'avoir été décerné à un tel très inefficient lauréat, incroyablement laxiste, lauréat que nous, tous citoyens de l’Europe, sommes.
Et sachons ne pas oublier avec le philosophe humaniste de l'existentialisme que ... Chaque personne est un choix absolu de soi . Qu'avec Sartre, l'homme est, paradoxalement, condamné à la liberté, puisque : « il n'y a pas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est liberté ».
Être vu, c’est aussi être jugé. Si autrui me regarde, je suis immédiatement modifié, altéré par son regard : je suis regardé, concerné au plus vif de mon être. Qu'est-il, qu' y-a-t-il, donc, en moi qui fasse que voir certains autres, en retour m'insupporte à un tel degré d'intensité ?
Et sachons accueillir, affronter, et, relever le défi de cette condamnation à la liberté avec la force de caractère et la puissance d'âme qu'elle exige de tout un chacun des lauréats que nous sommes, et, avec toute l'humanité qu'elle requiert de chacun de nous et qui nous compose.
Rappelons aussi que l'idée européenne ne dépend pas que des décisions prises par les institutions en place, mais qu'elle est le fruit du bon vouloir et de la cohésion des citoyens qui la composent, et, qui ne peuvent, indéfiniment, se délester et remettre leurs responsabilités dans les seuls mains de leurs gouvernements respectifs.