Une dame âgée en pleurs. Paniquée. Désespérée. Ce mardi matin, Paulette Wiederhirn, 79 ans, appelle au secours notre rédaction : « Ils viennent m’expulser, venez vite ! » La malheureuse ne nous laissera pas le temps d’arriver au 17, avenue Désambrois à Nice. Quelques instants plus tard, à 10 h 13, son cœur lâche en présence de l’huissier venu lui notifier son expulsion, d’un policier, d’un serrurier et de deux assistantes sociales.La septuagénaire a succombé, face aussi à un policier et à un serrurier, lors de son expulsion, ce mardi matin, dans l’appartement de l’avenue Désambrois qu’elle refusait de quitter
Longtemps, pompiers et médecin du Samu 06 vont tenter de la ranimer à l’aide de massages cardiaques. En vain. A 10 h 58, Paulette Wiederhirn est décédée.
« Je suis bouleversée, confie une voisine, la voix étranglée. C’était une dame toute seule. Elle ne voulait pas partir. Quand un policier était venu la voir, elle avait menacé de se suicider... » Sa voisine du 5e étage, dans l’immeuble « Le Toselli » situé à deux pas du centre-ville, aurait finalement succombé à un malaise cardiaque.
Comment un tel drame a-t-il pu survenir ? A l’origine, il y a ce jugement du 10 mai 2005. Le tribunal d’instance de Nice prononce l’expulsion de Paulette Wiederhirn.
Elle versait ses loyers
Locataire depuis plusieurs années, celle-ci refuse de quitter l’appartement auquelle elle est viscéralement attachée. Elle continuera de l’occuper, sans droit ni titre. Mais en versant son loyer.
Dès lors, les services sociaux du CCAS de Nice vont chercher diverses solutions de relogement pour Paulette Wiederhirn. « Des solutions réalistes, qu’elle a systématiquement refusées. Elle n’était pas à la rue faute de moyens. Mais la propriétaire voulait récupérer son bien afin d’y loger un proche », explique Christophe Marx, directeur de cabinet du préfet. C’est ce dernier qui accorde le concours de la force publique pour les expulsions locatives. Un ultime recours auquel le préfet avait donné son feu vert.
Enquête et autopsie
Avant d’en arriver là, « on a pris toutes les précautions que l’on pouvait, pour traiter cela avec humanité. Mais force doit rester à la loi », souligne Christophe Marx, tout en jugeant ce qui s’est passé hier « tout à fait regrettable ».
En conséquence, le préfet a demandé un rapport à la direction de la sécurité publique des Alpes-Maritimes, tandis qu’une enquête a été confiée au groupe d’appui judiciaire de la police nationale. L’autopsie devra aider à déterminer les causes exactes du décès de Paulette Wiederhirn. Un drame probablement révélateur de l’isolement des seniors dans notre société .