La Commission européenne, dirigée par le très libéral José Manuel Barroso, demande à la France de changer le statut de la SNCF en société anonyme. Selon la commission, son statut actuel d'EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial) est incompatible avec une saine concurrence.
Outre qu'absolument rien ne prouve que le caractère public de la SNCF entrave la concurrence, la demande de la commission démontre en creux qu'elles sont pour elle les vraies priorités : le respect des règles commerciales plutôt que la garantie d'un service public pour tous. En effet, il ne faut pas se leurrer, le changement de statut est bien souvent la première étape vers une privatisation totale. Faut-il rappeler les cas de France Télécom ou d'Air France ?
Pour l'instant, le gouvernement Français refuse de céder aux injonctions de Bruxelles, mais il ne faut pas se faire d'illusions, il s'agit juste de ménager les cheminots au moment ou le gouvernement s'engage dans une réforme des retraites problématique pour lui. Nul doute que dès qu'il le pourra, il se servira de cette demande de la Commission européenne comme justificatif.
Mais le plus intéressant dans cette histoire, et qui prouve bien que les bureaucrates de Bruxelles n'en ont vraiment rien à faire de l'intérêt des citoyens, voire de leur sécurité, c'est que cette demande ne concerne pas que la France, mais aussi le Portugal, l'Italie et le Royaume-Uni. Or, le cas de ce dernier pays est très instructif, puisque le gouvernement de Mme Thatcher avait entièrement privatisé le réseau ferré. Mais face aux nombreux dysfonctionnements et à la multiplication des accidents graves, le gouvernement Blair n'a eu d'autre choix que de renationaliser les chemins de fer. Ce sera sa seule nationalisation. Mr Barroso et la commission font donc peu de cas du passé et des personnes mortes ou accidentés pendant l'épisode privatif et veulent ni plus ni moins qu'un retour en arrière.
L'Union Européenne nous impose donc un modèle économique qu'à chaque élection et partout en Europe, les citoyens ont toujours refusé. Visiblement, vu le mode de fonctionnement du parlement, il y a peu de chances de modifier durablement et de façon démocratique les orientations économiques prises par Bruxelles.