Un tsunami écologique
D'accord, c'est un oxymore. En accolant tsunami et écologique, on associe un substantif et un adjectif tellement contradictoires qu'ils sont, théoriquement, incompatibles. L'ensemble est proche du non-sens mais l'attelage fait immanquablement son effet. A tort ou à raison.
Les responsables politiques succombent trop volontiers à cette facilité ces derniers temps, et les journalistes ne sont pas en reste... A leur décharge, la scène de l'actualité leur offre des situations tellement surprenantes qu'ils ont de lourdes tentations. L'irruption de l'environnement dans le débat de la présidentielle, par exemple, provoque un tremblement de terre totalement inattendu. La secousse a de telles répercussions aujourd'hui qu'elle pourrait bien dévaster l'ordonnancement à première vue rassurant du combat pour l'Élysée. Comme si, intuitivement, les Français se préparaient à changer radicalement d'optique pour regarder le monde. C'est bien le résultat d'un tsunami écologique qui balaie notre pays.
Les derniers éléments d'enquête sur le réchauffement de la planète montrent une accélération spectaculaire du phénomène à laquelle personne ne peut plus être indifférent. Tout, à côté de cette menace pesant sur les générations futures, semble brusquement si dérisoire... Le succès, dans les sondages, du très médiatique Nicolas Hulot coïncide avec ce basculement des consciences. Les uns et les autres, nous commençons à comprendre qu'une certaine période est révolue et que nous ne pourrons sans doute plus vivre « comme avant ».
La relative facilité avec laquelle l'animateur de télévision est en train d'imposer son pacte aux ténors de la consultation de 2007 montre à elle seule, l'efficacité et le « danger potentiel » que représente l'homme de TF1. Sans aucune expérience politique, il « sort » à 10 % dans les intentions de vote, s'impose déjà à Nicolas Sarkozy, à Ségolène Royal et à François Bayrou, tous les trois signataires de son plan minimal d'action, et ne rencontrerait aucune difficulté pour trouver ses 500 signatures. Mais au delà du rôle de trouble-fête qu'il n'a pas vraiment envie de jouer, il a réussi à ramener dans le débat une réflexion écologique que les Verts - à l'exception de Daniel Cohn-Bendit en 1999 - ne sont jamais vraiment parvenus à motiver. Les candidats traditionnels, eux, planchent pour se mettre à niveau. Pour une fois, la surenchère serait la bienvenue