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ON A PERDU

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C’est fini. Les derniers espoirs se sont envolés depuis plusieurs jours. Tous les voyants sont largement au vert et c’est sans surprise que le visage de Nicolas Sarkozy est apparu dimanche soir à 20 heures sur tous les écrans de télévision. Tous les calculs savants qui décomposaient l’électorat en pourcentage ont volé en éclats devant la dure réalité.La réalité est incontestable : la droitisation a imprégné le tissu social via les apparences distillées en permanence par le système médiatique. Prétendre le contraire serait tout simplement jouer aux autruches apeurées. Notre pays est, dans les votes nationaux, ancré à droite alors qu’il se lâche dans la proximité en faisant confiance à la gauche pur gérer son quotidien. L’individualisme et plus encore le repli frileux sur soi pour des raisons souvent très ponctuelles ont construit le libéralisme. L’éducation, la prévention, la modération, la solidarité n’appartiennent plus au vocabulaire audible par les citoyennes et les citoyens. Ils ne veulent qu'entendre réussite personnelle, sécurité, répression, fortune qu’ils attendent de gens réputés aptes à mettre en œuvre une telle politique. La société du chacun pour soi est de moins en moins sensible aux idéaux généralistes : il lui faut du concret et de suite ! Pourtant chaque fois trompé par des promesses intenables dans le temps, il oublie vite sa déception pour croire en d’autres promesses assénées comme des certitudes. Il réfute la valeur de l’alternance et du changement car il ne croit pas dans son efficacité compte tenu de la trop faible différence entre les solutions des camps en présence.
En glissant leur bulletin Sarkozy dans une enveloppe bleue, les électrices et des électeurs refusent tout simplement la moindre ouverture sur les autres dans tous les domaines. Ils se retranchent chez eux votant pour celui que les gens ouverts jugent inquiétant alors que pour les " recroquevillés " il apparaît comme rassurant. Le vote Sarkozy c’est celui du triple verrou- j'allais écrire voyou- que l’on met à sa porte par peur de tout ce qui vient de l’extérieur, de tout ce qui déstabilise dans des certitudes livrées par la télé en prêt à penser, de ce qui peut vous obliger à vous remettre personnellement en cause. En profondeur les gens ne veulent pas remettre en cause leur credo : " tout ce qui va mal repose sur la faute des autres. Tous les efforts à effectuer sont imputables aux autres " Le vote Sarkozy confirme l’américanisation de la vie politique européenne. On assistera ce soir à la " bushisation " de la France des Droits de l’Homme avec quelques années de décalage sur les Etats Unis. Il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre la vision sociale proposée par Sarkozy et celle que les Américains viennent de rejeter après le règne de Bush & Co. Mais par trouille d’un affrontement trop frontal, personne à gauche ne s’est hasardé à lancer un slogan du type " Bush- Sarko même idéal, même combat ! ". Bientôt il sera trop tard et l’avenir se nourrira de regrets.
QUAND LA MOBILISATION AURA FONDU
Le mur des lamentations va en effet être fréquenté dans les prochains mois. Quand la pluie de décisions antisociales va tomber, on constatera que le mal est encore plus profond que supposé car la mobilisation aura fondu comme neige au soleil. Des syndicats ayant eu peur de leur ombre, des partis de gauche laminés financièrement et humainement, une main mise absolue de l’UMP sur les rouages essentiels de l’Etat réputé " impartial ", des collectivités locales (régions, départements, grandes villes) dépenaillées par l’avalanche des transferts sans finances, des fractures possibles au moindre tremblement au sein même de la Gauche… vont faire entrer la France dans un processus similaire à celui des années 60 et 70. Seul un sursaut avec des législatives unitaires, ancrées à Gauche, bien cadrées et surtout présentées comme le troisième tour des présidentielles peut relancer une dynamique pour des municipales et des cantonales risquant bien d’être avancées dans un contexte aussi favorable à la reconquête par les partis de droite de certaines grandes villes.
Le vote Sarkozy n’a reposé une fois encore sur la peur. Là où la Gauche pensait que l’individu susciterait méfiance et répulsion il est apparu que son comportement agressif, ses propos outranciers assumés, sa propension à se victimiser lui a donné une image de solidité et de stabilité. Il suffisait de faire souligner médiatiquement les volte-face, la marche à tâtons, le parcours en zigzag de son adversaire pour renforcer à contrario sa constance. Lors du fameux face à face il ne lui fallait absolument pas réagir, parler du programme, accepter les attaques pour accentuer ce positionnement de chaperon rouge menacé par le loup déguisé en femme. En quelques jours le message est enfin passé dans le peuple. Les sondages sont venus le renforcer : la peur du lendemain ne serait conjurée qu’en rejoignant le flot montant. Si 55 % des Françaises et des Français font confiance à Sarkozy, je ne risque rien en entrant dans cette foule consentante… La vague supposée s’est donc nourrie par le mouvement qu’elle a initié devenant ainsi une réalité alors qu’elle n’était au départ que virtuelle

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