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LE MUR:20 ANS APRES

20 ans après la chute du mur de Berlin, il y a aussi eu des bouleversements à l'ouest.

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Dans quelques jours, le monde va commémorer la chute du mur de Berlin. D'ici là, tout peut bien s'écrouler, matin, midi et soir, il n'est  plus question que de cela. Pendant des jours entiers, on va célébrer la fin de la méchante dictature communiste, qui a finalement cédé devant ces pays qui se disent libres. Durant toute cette période, on nous rappellera que pendant 70 ans il y avait d'un côté les gentils, c'est à dire nous, les occidentaux, et de l'autre les méchants, les communistes. C'est peut-être un peu plus compliqué que cela, mais ce sont toujours les vainqueurs qui écrivent l'histoire.

Donc, en 1989, le mur tombe, mais pas sous le coup des pressions des diplomaties occidentales, non, c'est le peuple lui-même qui s'est défait de ses chaînes. Les européens de l'est allaient enfin pouvoir goûter à la liberté qui leur était interdite. Mais très vite, ils se sont aperçus que de l'autre côté du mur, il y avait aussi des chaînes, plus souples, plus lâches, plus diffuses, mais bien réelles aussi. Alors certes, las anciens pays communistes ont découvert la liberté d'expression (enfin pas tous malheureusement), la joie de ne pas risquer la prison voire la vie pour un regard ou une parole déplacée. Mais ils ont aussi découvert le chômage, la précarité, et toutes ces charmantes surprises du monde capitaliste.

Toutefois, on ne s'en est pas rendu compte de la même manière, mais de ce coté-ci du mur, la vie a aussi était profondément modifiée.

En effet, pendant presqu'un demi-siècle, nos pays ont vécu dans le culte de la peur du rouge. Toute la vie politique était organisée ainsi. Avec des partis communistes électoralement très forts, il fallait donner des gages, montrer que seul le modèle occidental pouvait être vecteur de progrès. Et de fait, les conditions de vie se sont nettement améliorées, pas à la même vitesse pour chaque citoyen, mais pendant longtemps, chacun a pu en profiter.

Mais avec la fin du communisme à l'est, les choses changent. Les partis communistes s'écroulent aussi à l'ouest, mais comme la politique a peur du vide, on assiste à une résurgence de l'extrême-droite un peu partout (dans certains pays, elle avait déjà commencé un peu avant la chute du mur). Face à la peur provoquée par ce nouveau danger, c'est tout le spectre politique qui va glisser vers la droite.

Avec la chute du mur, il n'y a théoriquement plus d'adversaire face au capitalisme, lequel devient de plus en plus arrogant. N'ayant plus de référents idéologiques, les vieux partis de la gauche de gouvernements se transforme peu à peu en partis sociaux démocrates et abandonnent leur ambition de changer le monde. C'est à peine si désormais ils veulent réformer celui-ci. Parfois, même les plus radicaux, se convertissent au libéralisme, et il n'est pas rare de voir d'anciens gauchistes se retrouver à la tête de grosses entreprises.

Mais la chute du mur a aussi été pour des millions de personnes, la fin d'un espoir, celui d'un monde meilleur. Face à ce bouleversement majeur, c'est le repli sur soi et l'individualisme qui ont progressé. L'argent est devenu roi partout, au mépris de toutes les valeurs de partage et de solidarité. Evidemment, avec la crise économique, chacun se rend bien compte que le modèle capitaliste libéral est lui aussi à bout de souffle. On voit bien avec le maintien de partis communistes forts à l'est et la résurgence en France ou en Allemagne de mouvements de gauche plus radicaux qu'il y a toujours un besoin de rêve et d'espoir. Le communisme a perdu, mais le capitalisme n'a pas gagné, il a juste fallu 20 ans pour que le monde commence à le comprendre. Maintenant, il va peut-être commencer à chercher d'autres voies.

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