Qui n'est pas franc-maçon ?
La couverture de L'Express, paru cette semaine, me laisse une drole impression . Le sujet est connu : le pouvoir politique des francs-maçons, en l'occurrence dans l'Aisne département que je connais un peu. J'ai beaucoup de respect et d'admiration pour cette école de pensée dont je me sens proche , d'une obédience en particulier. Je pratique avec grand plaisir intellectuel les réunions maçonniques. C'est pourquoi je suis peiné de voir quelle image est donnée des frères dans ce dossier.
D'abord, il y a cet étalage de noms, alors que les obédiences font de la discrétion, du refus de l'ostentation, des principes fort vertueux. Pour diffuser de telles listes, il faut que des maçons aient parlé, qu'ils aient désigné d'autres frères, ce qui est contraire à leur règle.
Et puis, il y a malaise à constater que ces personnalités, grandes ou petites, sont pour la plupart des responsables politiques, généralement socialistes. A tel point qu'on en vient à se demander si les loges sont des écoles de sagesse ou de pouvoir. Où sont les personnalités du sport, de la culture, du monde associatif, du syndicalisme ?
Enfin, mon malaise vient du constat que certaines personnes mentionnées se détestent cordialement, se déchirent même parfois politiquement. D'où une impression de trompe-l'oeil, de faux semblant. Le maçon le plus célèbre de l'Aisne, c'est Xavier Bertrand : comment peut-il se retrouver avec ses frères qui sont par ailleurs mes camarades ? Je ne préjuge pas des effets positifs du travail symbolique, mais j'ai du mal à croire en une fraternité des adversaires et à la sincèrité du ministre. C'est peut-être parce que je ne suis que profane pour l'instant.
Ce qui est certain, c'est que dans le milieu qui est le mien, le fin du fin, le très chic, la distinction suprême, la grande originalité pourraient bien désormais de n'être pas franc-maçon, tant nombreux et banalisés sont ceux qui le deviennent.