La lecture de la dernière interview de Frédéric Mitterrand par Cécile Amar dans Le Journal du Dimanche m'a confirmé mon antipathie pour pas ce neveu de François Mitterrand alors qu’au contraire, au fil du temps et par comparaison, j’ai nourri une dilection de plus en plus forte pour l’oncle, le président ce grand homme politique. Il y a quelque chose de « too much » chez cet être-là sur tous les plans et le ministre qu’il est devenu, par la grâce du milieu mondain et de l’épouse du président de la République, m’énerve avec son mélange de feinte modestie et de vraie arrogance.
Dans cet entretien excellent grâce aux questions posées avec politesse mais sans complaisance, on apprend que Mitterrand le petit « déteste les soupçons » mais qu’en même temps, pour qui lit attentivement ses réponses, il est clair que ces « soupçons » ne viennent pas de rien et qu’ils sont suscités par sa politique, notamment par les nominations qu’il décrète et qu’il défend tant bien que mal, gêné aux entournures. Le ministre débutant est bien loin qui jouait à l’homme naïf égaré dans la politique, arrivé là presque par hasard. Maintenant, il affirme son autorité, ses choix et quand on lui oppose l’exemple positif et contraire de pays étrangers, il déclare qu’on est « en France et que c’est comme cela ». Il y a un tantinet de vanité dans cette attitude. Pour être sûr de dominer dans le domaine culturel, Mitterrand proclame sa domination et ne s’embarrasse pas du reste.
Le plus choquant est de l’entendre, à chaque fois qu’il est mis en difficulté par Cécile Amar sur des points précis, vanter les « usages souples » contre les procédures. Les premiers sont à la discrétion du ministre. Avec eux, il fait ce qu’il veut. L’arbitraire et le subjectif sont privilégiés. Pour les secondes, on est obligé de les respecter et pour peu qu’on les viole, qu’on y porte atteinte, il y a au moins le risque de recours et de tintamarre politique et médiatique. On a rarement été le témoin d’une telle théorisation de la toute-puissance de l’ego. Contre ce qui, en démocratie, est heureusement prescrit pour la limiter. Il ne faut pas que les nominations deviennent le dernier et dévastateur refuge du pouvoir personnel.
Il se dégage de ces échanges une impression trouble et ambiguë. Tout semble être dans la main du ministre, à sa disposition. Les amis, les copains, les réseaux paraissent faire la loi. Le comble, c’est que FM se vante de « parler vrai » quand au contraire, sur tous les plans, bon petit soldat chargé de rameuter un peu de droite vers une culture majoritairement à gauche, il enfourche les dénégations et les apologies comme il convient. Sans l’ombre d’une liberté politique. Inconditionnel comme tous les autres.
Je sais pourquoi, d’emblée, il n’était pas mon genre.