Modifier la constitution pour encadrer le déficit public : hypocrite, démagogique et antidémocratique.
On nous serine sur tous les tons que depuis les élections régionales le président s'est assagi,qu'il s'est mis enfin en retrait. C'est peut-être vrai, mais entre la burqa, les retraites et la crise financière, cela ne l'empêche de continuer à nous pondre une idée par jour. Et comme toujours avec Sarkozy, ses idées ont l'apparence du bon sens, mais sont en vérité nauséabondes et marquées du sceau de l'idéologie libérale la plus totale. La dernière en date qui consiste à modifier la constitution pour encadrer les déficits publics ne déroge pas à la règle, et ce pour les trois raisons exprimées dans le titre.
Hypocrite : comment peut-on qualifier autrement l'attitude d'un gouvernement qui a fait passer le déficit de 3 à 7 % en moins de 3ans ? Performance inégalée jusqu'ici par aucun autre gouvernement depuis l'avènement de la cinquième République. Rappelons aussi que la première mesure marquante de Mr Sarkozy à son arrivée à l'Elysée a été de dilapider l'argent public pour en faire cadeau à ses amis les puissants et augmenter son salaire. Alors quand Mr Sarkozy ose se poser en chantre de la réduction des déficits publics, il s'agit bien d'hypocrisie.
Démagogique : en effet, messieurs Sarkozy, Fillon et Woerth profitent de la nécessaire lutte contre les déficits pour imposer des réductions drastiques à tous les échelons : collectivités territoriales, entreprises publiques, associations, etc. Ils imposent leur rigueur tout en faisant croire qu'ils sont de bons gestionnaires.
Antidémocratique : c'est évidemment le point le plus important. Donner un cadre constitutionnel à la réduction des déficits publics reviendrait à graver dans le marbre une fois pour toute la politique économique de ce pays. On le sait, en gros pour sortir d'une crise, il existe deux méthodes, soit on fait des économies drastiques (ce que fait Sarkozy), soit on fait une relance par la consommation (c'est à dire en s'asseyant plus ou moins sur les déficits). Avec ce que propose la droite la seconde solution deviendra impossible, et il n'y aura plus d'autre voie que celle de la réduction des dépenses de l'Etat, donc celle de l'impasse. Sarkozy essaie de faire à l'échelle nationale, ce que Giscard d'Estaing et sa constitution ont essayé de faire à l'échelle européenne : imposer le capitalisme partout, toujours.