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LA DEMOCRATIE EST MALADE

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Désolé, on va s’éloigner un peu de l’actualité brûlante. Enfin, juste un peu, car tout est lié.

La démocratie est malade, la démocratie est en train de crever. Je n’ai pas l’intention de vous faire un billet de 20 km de long qui expliquerait en détail tous les organes atteints.

Tout le monde sait que l’exemple vient d’en haut (enfin, en l’occurrence d’en bas), et qu’en premier lieu notre Président de la République est une telle caricature de dévoiement de la démocratie… Tout le monde sait aussi que la presse ne fait pas son travail, mais se contente ultramajoritairement de servir au quotidien une soupe libérale et croissanciste, en persuadant les lecteurs/auditeurs/téléspectateurs que c’est la normalité, les conditionnant à tel point qu’ils vont à leur tour répandre les mêmes billevesées, et même vilipender les moins atteints qui tentent de leur faire croire qu’il y aurait une alternative…

C’est ainsi qu’on voit des ouvriers râler contre les fonctionnaires en grève, psalmodiant l’antenne TF1  de “prise en otage”, et s’en aller voter Sarkozy, en quête du bonheur de travailler plus pour (surtout) gagner plus. Bon, pour Sarkozy, on ne les y reprendra sans doute plus, mais ils suivront néanmoins le prochain blaireau qui leur servira les mêmes sornettes.

Vous vous êtes  demandé comme moi comment des représentants du peuble ,députés et sénéteurs   censés nous représenter pouvaient au contraire se mettre à défendre d’autres intérêts, parfois totalement opposés aux nôtres ?

Pourtant, quand on regarde la théorie, nous sommes en démocratie. Il y a 3 pouvoirs, étanchément séparés : l’exécutif (le Président de la République et son gouvernement), le législatif (les députés et sénateurs) et le judiciaire (les juges). Séparés, sinon c’est pas une démocratie. Ce n’est pas dans une démocratie qu’on verrait l’exécutif menacer de virer des membres du législatif s’ils ne votent pas les lois qu’ils proposent, intervenir dans des procédures judiciaires ou intervenir auprés desdirigeants des médias. C’est l’apanage des républiques bananières.

D’ailleurs les élections sont libres ! Le jour de scrutin, nous allons librement au bureau de vote, il n’y a pas  encore le GIPN armé jusqu’aux dents qui nous intime l’ordre de prendre tel ou tel bulletin, et on met celui que l’ont veut dans l’enveloppe. On suppose que les comptages ne sont pas  truqués et le candidat élu est celui qui a réuni le plus de suffrages. Il gagne ainsi le privilège de nous représenter. Et c’est là que ça part en sucette.

Croyez-vous qu’il garde une reconnaissance éperdue pour ses électeurs ? Niet ! En général, à peine élu, il commence à voter pour un traité européen scélérat, pour des privatisations, pour le bouclier fiscal, pour la loi HADOPI, pour les OGM, ou pour le recul de l’âge de la retraite. Et se laisse influencer par tous les lobbies qui le sollicitent en permanence, y compris jusque dans l’Assemblée.

Mieux, le député se conduit souvent comme un nabab, il se déplace dans une grosse voiture avec un chauffeur, il fait l’important, quand il daigne vous parler c’est avec l’air condescendant du gros plouc endimanché qui est devenu quelqu’un, qui connaît du monde, et qui t’emmerde. Ou alors, fier comme Artaban derrière un pupitre dressé dans la salle des fêtes du village, où il fait un discours populiste devant le club du troisième âge. Qu’il trahira sans remords dès que ses chefs lui ordonneront de voter une loi . Bien souvent,  il pratique l’absentéisme avec assiduité… Il faut dire qu’il a souvent une autre activité politique, ou un autre boulot bien lucratif. Comme si député n’était pas un boulot à plein temps.

Il y a donc un moment où ça ne va pas, où la démocratie s’enraye. Essayons de comprendre pourquoi.

En amont il y a les médias. Qui choisissent à votre place. Et qui décident généralement que ce sera un match entre un notable de l’UMP et un notable de gauche. Du coup les dés sont pipés, et vous qui êtes un rebelle, vos votes ne serviront à rien, puisque la majorité des électeurs, auto-suggestionnés, auront choisi ceux qu’on leur a suggéré de choisir. C’est ainsi que dans ma circonscription, c’est un certain Jean Léonetti qui a été élu. Dès le premier tour. Une caricature de  notable UMP. Médecin. Cumulard. Troisième mandat. Comble de l’ironie, c’est lui l'auteur de la loi sur la fin de vie

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Une chose est sûre, le député ne nous ressemble pas !

Tout d’abord, il a en moyenne environ 58 ans. C’est largement plus que la moyenne de la population. Ensuite, il est très masculin. Dans la vie normale, la nature a bien fait les choses pour qu’il y ait à peu près autant de femmes que d’hommes. 50/50. À l’Assemblée Nationale, il y a 111 femmes élues pour 466 hommes. 19/81 ! Et encore, il paraît qu’on progresse, puisqu’en 2002 c’était 71 pour 506, soit 12/88…

Il ne fait pas non plus le même boulot que nous : 82 cadres du privé, 37 avocats, 37 médecins, 8 chirurgiens, 8 pharmaciens, 7 dentistes, 18 chefs d’entreprises industrielles, 36 fonctionnaires des Grands Corps de l’État… Mais seulement 7 employés, 1 ouvrier (!)…

Juste pour rire, sur mettons 40 millions d’électeurs, il y a en France 200 000 médecins et 50 000 avocats. Respectivement 0.5 et 0.125 %. Pour que l’assemblée reflète l’électorat, il devrait donc y avoir environ 3 médecins et moins d’un avocat. Les médecins sont donc 13 fois plus représentés que la moyenne, les avocats 51 fois !

Il serait également amusant d’avoir des statistiques sur le nombre d’assujettis à l’ISF. Sachant qu’en France un foyer sur 60 environ y est soumis, on ne devrait en trouver que 10. Je prends le pari qu’il y en a au moins 10 fois plus !

Les statistiques ethniques sont interdites. Mais il n’y a pas besoin de statistiques pour s’apercevoir qu’hormis quelques représentants de l’Outre-Mer, cette assemblée “représentative” est quasi-exclusivement blanche et ne reflète aucunement la population réelle…

Pire, le député appartient ultra-majoritairement à un parti politique. UMP, P”S”. Vous n’allez pas me faire croire que les électeurs français se décomposent en deux tiers d’UMP, un tiers de P”S” et quelques électrons libres ! Mais c’est un fait : si on veut devenir député, il faut appartenir à une de ces grosses écuries !

Dans ces conditions, comment s’étonner que deux tiers des députés votent une “réforme” des retraites à laquelle 70% des français se déclarent opposés. Ou qu’en 2005, plus de 80% des députés, de droite comme de “gauche”, étaient favorables à un traité européen ultralibéral, finalement rejeté par 55% des électeurs. Quelle meilleure preuve du dévoiement de la démocratie ?

Alors que faire, me demanderez-vous ? Réfléchissons un peu…

D’abord interdire strictement le cumul des mandats : député, c’est un travail à plein temps ! Il est complètement idiot de vouloir le cumuler avec un autre boulot, même à temps partiel, dans la politique ou ailleurs.

Limiter le nombre de mandats de députés à 2. Au delà, c’est le risque d’installer des notables, des pontifes de la politique, complètement déconnectés de “la vraie vie”.

Enfin, et surtout : encourager les candidatures. Pour la suite, je vire au conditionnel. Le débat est ouvert. Il y a plein de gens qui souhaiteraient devenir candidats, mais qui ne le peuvent pas, parce qu’ils ne sont pas les pontes hautains d’un parti politique libéral et fortuné. Il pourrait y en avoir des milliers. La démarche serait gratuite. On pourrait élaborer un bulletin de candidature standardisé, sur lequel le candidat répondrait à un petit paquet de questions révélatrices, qui permettraient de le situer plus sûrement que sa simple appartenance à un parti, ainsi qu’un espace pour un texte personnel. Il y aurait aussi des questions d’état-civil, sexe, âge, profession, adresse, revenus, patrimoine, indispensable au traitement statistique…

Bien sûr, la plupart des candidats seraient des inconnus. Plus de risque de campagnes de stars. Pas de financement par les entreprises ou les lobbies. Les frais de campagne seraient plafonnés et avancés par l’État.

Ce système amènerait mathématiquement beaucoup plus de femmes à l’assemblée. Et je suis persuadé que plus il y aura de femmes en politique, plus la démocratie progressera. Surtout que ce système devrait limiter le nombre des caricatures que l’on voit tant actuellement, qui sont choisies car elles sont comme des hommes, pires que des hommes (Lagarde, Alliot-Marie…) ou alors des potiches (Dati, Yade…)

L’assemblée refléterait bien mieux la poulation réelle que l’oligarchie actuelle : elle se parerait donc mathématiquement des couleurs de la vie réelle.

Il y aurait aussi bien plus d’ouvriers, d’infirmières, bien moins de médecins, d’avocats ou autres assujettis à l’ISF. Et des ouvriers à l’assemblée ne défendraient pas les lois ou les traités qui encouragent les délocalisations, et ils savent bien que travailler trop longtemps est néfaste…

Vous m’objecterez peut-être que des ouvriers seraient moins compétents que les avocats ou les hauts fonctionnaires actuels : foutaises ! Si Estrosi, Hortefeux ou Bachelot peuvent être ministres, tout le monde peut être député. Ensuite, la première compétence d’un député est de savoir ce qui est bon pour ceux qu’ils représentent. Vous sentiriez-vous mieux représentés par un Xavier Mathieu (qui n’est pas élu) ou par les Dassault père et fils (dont l’un est sénateur et l’autre député) ? Poser la question, c’est y répondre.

Terminés les simulacres de démocratie à l’assemblée, les votes biaisés effectués à la hâte en prenant le maximum de libertés avec la procédure, parce qu’un camp, toujours le même, impose toutes ses vues, même les plus scandaleuses et veut les faire passer à tout prix en abrégeant les discussions ! Finis les votes de godillots, où systématiques

Je délire, là ? Je n’en ai pas l’impression. Ceux qui délirent,  ce sont ceux qui ne voient qu’une coïncidence aux vols simultanés des ordinateurs de  journalistes qui enquêtaient sur l’affaire Bettencourt. De toute façon, vu l’explosion en vol de la démocratie et l’avènement au grand jour d’une ripoublique bananière insolente et violente, il y a urgence.


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