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BLACK, BLANC,BEUR

laurent blanc

On ne parle plus que de ça (c’était avant la mort d’Oussama Ben Laden) ! Le battage médiatique autour de « l’affaire des quotas ethniques » a même réussi à éclipser le mariage princier de Will et Kate. Selon Médiapart, la FFF( Fédération française de football) aurait mis en place des quotas contre la trop forte présence de Noirs et d’Arabes dans le foot. Laurent Blanc, le sélectionneur national, aurait même participé à l’instauration de ce système. Il faudra bien sûr attendre les conclusions des enquêtes menées par la fédération et le ministère des sports, et si les faits sont avérés, il s’agit effectivement d’un scandale. Toutefois, en dépit de l’exemplarité du travail d’investigation généralement mené par les journalistes de Médiapart , la thèse du complot semble cette fois difficile à avaler…

Le verbatim mis en ligne dimanche par le site d’info ne nous apprend rien de vraiment nouveau. Il y a à peine quelques mois, au cours d’une interview dans le journal L’Equipe, le sélectionneur s’était déjà publiquement exprimé sur les joueurs à double nationalité ainsi que sur les modalités de détection/sélection pour un nouveau projet de jeu. Il avait notamment déclaré que « Xavi et Iniesta auraient eu du mal à percer en France où les critères physiques et athlétiques sont souvent trop mis en avant au détriment des joueurs de petites taille ».

Laurent Blanc  parlait évidemment de critères sportifs et techniques, et non pas raciaux ou ethniques. Certains de ses propos ont peut-être été maladroits, mais fallait-il pour autant les transformer en affaire d’Etat ? Il suffit de se pencher sur la composition de l’équipe de France pour se rendre compte que les accusations portées contre le sélectionneur ne tiennent pas la route. Voir l’un des héros de la France « black, blanc, beur » s’excuser d’utiliser le mot « black » pour dire noir, avait quelque chose de ridicule et d’inquiétant. On se croirait presque aux Etats-Unis à l’époque du maccarthysme.

Difficile également de taxer le foot français de raciste, alors que, de Kopa à Zidane en passant par Platini, ce sport a souvent été un vecteur d’intégration. Les grands quotidiens nationaux toujours prompts à donner des leçons de morale feraient peut-être mieux de s’interroger sur l’absence de diversité au sein leurs propres rédactions.

Toute cette affaire est surtout révélatrice du climat malsain qui règne depuis quelques années dans le pays autour des questions d’immigration et de nationalité. Et nous avons, sans doute, tous une part de responsabilité dans ce climat. D’un côté, et parfois au sommet de l’Etat, ceux qui instrumentalisent ces questions à des fins politiciennes jusqu’à les rendre médiatiquement obsessionnelles. Les problèmes sont réels et graves, mais il serait plus efficace de tenter d’apporter de vraies solutions que de jouer en permanence les pompiers pyromanes.

De l’autre côté, les bonnes consciences, les champions de l’antiracisme qui sur-jouent l’indignation et traquent sans relâche « le fascisme », « l’antisémitisme », « l’islamophobie » dans le plus petit écart de langage. Mais à force de jouer la carte de la victimisation, n’a-t-on pas encouragé le repli sur soi de certaines communautés ? A force de crier au loup pour rien, le risque n’est-il pas de ne pas voir la bête lorsqu’elle sera réellement revenue. Le FN n’a plus qu’à compter les points et se tailler un boulevard.

 Qui ne s'est pas  parfois laissés aller à ces facilités. 

 Dans les lycées de banlieue, les gamins se vannent sur leurs origines et leur couleur de peau. C’est vrai, la France d’en-bas ignore les codes du politiquement correct…  Mais il y a aussi la solidarité, les mariages mixtes improbables entre des personnes que tout semblait opposer. On se confronte, on s’affronte parfois. Mais au moins, on se côtoie. Bref, malgré les tensions de plus en plus palpables, malgré la progression indéniable et inquiétante des communautarismes, les gens font en sorte de vivre ensemble.

 Le « J’accuse » de Médiapart contre Laurent Blanc et la FFF ressemble plus à du BHL qu’à du Zola. Comme si on  instrumentalisait la cause de l’antiracisme pour mieux se poser en justicier, voire en inquisiteur. Quitte à faire le jeu de ceux que nous devons  combattre.      

Dans les quartiers populaires des gens désespérés  s’apprêtent peut-être à voter Marine Le Pen. Non pas parce qu’ils sont fondamentalement racistes (il y a parmi eux des Français de souche, mais aussi des Français issus de l’immigration), mais parce que, face aux ravages de la mondialisation et de la désindustrialisation, ils ne savent plus vers qui se tourner. Vous croiserez aussi des gamines déboussolées qui se sont réfugiées dans l’intégrisme. Parce qu’on n’a cessé de leur répéter qu’elles étaient victimes du racisme, alors qu’elles étaient victimes d’une politique d’immigration qui s’est transformée en politique de ghettoïsation. C’est d’eux  et d’elles qu’il faudrait parler de toute urgence plutôt que se lancer dans des polémiques un peu vaines sur des complots probablement imaginaires.

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