Paris, le 21 mai 1981. Le jour de son investiture à la tête de l’Etat, onze jours après avoir été élu, François Mitterrand se rend à pied au Panthéon . | (sipa/michel setboun.)
Les archives du PCF, essentiellement constituées des procès-verbaux des organes des directions et des rapports d'activités des différents secteurs (International, Jeunesse, Propagande, etc.), recèlent des joyaux.
Parmi elles trois pages dactylographiées, d'apparence banale, et pourtant exceptionnelles. Elles retracent la discussion qui a eu lieu le 6 mai 1981, à quatre jours du second tour de l'élection présidentielle, place du Colonel-Fabien, entre les membres du BP (bureau politique) de l'époque. Siègent alors dans cette instance: Georges Marchais, secrétaire général, son dauphin, Charles Fiterman, et aussi Pierre Juquin, Roland Leroy, André Lajoinie, Gaston Plissonnier, Madeleine Vincent, Francette Lazard, Maxime Gremetz...
Les Français se trouvent à la veille d'un choix décisif. Le 10 mai, ils éliront leur prochain président de la République. Le sortant, Valéry Giscard d'Estaing, affronte le socialiste François Mitterrand. Officiellement, ce dernier bénéficie du soutien du PCF. Mais, le 6 mai, dans la coulisse, la direction communiste s'inquiète. Au premier tour, le 26 avril, Georges Marchais n'a recueilli sur son nom que 15,3% des suffrages. Une lourde chute en comparaison des 20,7% de voix engrangés en mars 1978, lors des élections législatives. Dans ces conditions, l'accession d'un socialiste à l'Elysée ne risquerait-elle pas d'affaiblir encore le PC face au PS? Et ne vaudrait-il pas mieux, dès lors, souhaiter la reconduction de VGE?
Ces interrogations ont alimenté la rumeur tenace d'une consigne de «vote révolutionnaire», donnée verbalement par la Place du Colonel-Fabien à ses cadres et à ses militants, en faveur du président de droite sortant. Pierre Juquin, ancien dirigeant entré en dissidence à la fin des années 80, a même lancé des accusations publiques sur ce thème. «Mensonge ignoble», lui a répondu Georges Marchais, certain que, faute de preuves, sa parole valait bien celle du «traître» Juquin. Or cette preuve, la voici aujourd'hui, avec le compte rendu du BP du 6 mai 1981. La vérité éclate, à la fois claire et déroutante:
les dirigeants communistes de l'époque souhaitaient la défaite de François Mitterrand.
Place de la Bastille, 10 mai 1981 : c’est Pierre Juquin, membre du bureau politique du PCF (il en sera exclu en 1987) qui s’y colle pour faire bonne figure : « Camarade Rocard ! » lance-t-il à l’adresse du député-maire de Conflans-Sainte-Honorine, adversaire malheureux de François Mitterrand dans la course à l’investiture socialiste. Le « camarade » Rocard regarde alors le bout de ses chaussures, affichant un petit sourire contrit.
Pour ce grand happening, les communistes se sont faits discrets. Difficile pour eux d’avoir la mine réjouie qui s’impose lors des grandes fêtes de famille : le cœur n’y est pas. La nomenklatura du parti s’est cloîtrée dans son bunker de la Place du Colonel-Fabien, scrutant à la loupe les résultats des reports de voix communistes sur le candidat socialiste. Patatras ! Ils sont excellents.
Le PCF rêvait de « plumer la volaille socialiste ».30 ans plus tard à Antibes le PC local n'a pas d'autre ambition envers la parti socialiste , l'agréssivité de leurs dirigeant en témoigne tous les jours.