Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

1940 :LES JUIFS DE LA WOL

1940, année terrible Les Juifs de la WOL

 

 
La famille Huet de Frénois qui a sauvé la petite Monique Pisam, au centre sur les genoux de Mme Huet.

La famille Huet de Frénois qui a sauvé la petite Monique Pisam, au centre sur les genoux de Mme Huet.

Soixante-dix ans après les tragiques événements qui marquèrent notre département d'une empreinte indélébile, qu'il s'agisse des combats acharnés d'une armée encore trop souvent présentée comme un ramassis de fuyards ou de l'exode qui jeta sur les routes des dizaines de milliers de civils désemparés, L'Ardennais et l'union s'associent aux historiens de Terres Ardennaises pour vous présenter, chaque mois, une page entière consacrée au souvenir de cette douloureuse période.

1940 : lors de l'exode, le département est légalement déclaré « prise de guerre » et placé par l'occupant en zone interdite, destinée à l'annexion en cas de victoire, dont la frontière est la rivière Aisne, avec un seul point de passage très contrôlé à Rethel.
Les agriculteurs, indésirables, sont refoulés, ou mis en rétention dans les camps de Tagnon et de Maison-Rouge.
La WOL, filiale de l'Ostland, entreprise influente à Berlin, a confisqué les terres agricoles. Elle emploie 3 000 prisonniers de guerre en congé de captivité ou « prisonniers libres », 3 500 ouvriers étrangers présents avant la guerre, 4 000 prisonniers nord-africains, 5 000 civils français et, en mars 1943, 3 500 Polonais catholiques déportés de Pologne.
La main-d'œuvre juive est recrutée dès novembre 1941 par l'U.G.I.F., organisme créé par Vichy, parmi les Juifs étrangers de la région parisienne réfugiés en France suite aux persécutions en Europe de l'Est.
Ils sont à 70 % polonais, le reste constitué de 21 nationalités différentes. Ils seront presque 700 au total, entre le 11 novembre 1941 et le 4 janvier 1944, répartis dans 53 communes ardennaises.
Ils viennent souvent en famille, les enfants sont scolarisés, les vieillards suivent, car à Paris la vie est impossible : interdiction de travailler, de fréquenter les lieux publics, rafles quotidiennes et difficultés pour se nourrir.
L'U.G.I.F. enrôle les juifs étrangers contre la promesse de la protection des biens et des personnes…
Les Ardennais leur font bon accueil. On échange des services contre de la nourriture : ressemelage ou confection contre œufs, lait ou beurre.
Des amitiés se nouent, des amours aussi : une fillette sauvée dans le Rethélois reviendra après-guerre épouser le fils de ses sauveteurs.
Malgré cela, les conditions de vie sont très dures : le froid, la faim, le travail pénible sous le joug des chefs de culture, et le pressentiment d'un sort pourtant inimaginable hante beaucoup d'esprits.
Le 4 janvier 1944, c'est la rafle : 223 Juifs de la WOL, 12 du Judenlager des Mazures et 9 Juifs ardennais sont déportés à Auschwitz dans le convoi 66 du 20 janvier 1944.
Parmi eux, 41 enfants dont un bébé de 5 mois et demi : René Kornberg.
110 Juifs sont alors sauvés par des Ardennais, certains Allemands et quelques gendarmes français, Ce sont des Justes qui, reconnus ou à jamais anonymes, ont « sauvé l'Humanité en sauvant une vie ».

Christine DOLLARD-LEPLOMB (Terres ardennaises

Les commentaires sont fermés.