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MELENCHON PIEGE A C...

Excellent article de Serge Raffy

 

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Il faut les voir dans les dîners de la banlieue chic, ceux de Neuilly-sur-Seine ou de Sèvres, se pâmer devant leur nouvelle idole. Jean-Luc Mélenchon, le petit père des peuples version gauloise est devenu le chouchou de Sarkoland. Surprise ? Pas vraiment. La bonne bourgeoisie s'extasie aujourd'hui devant la bête de scène, le tribun, le comédien digne de l'Actors Studio, toujours prêt à ronchonner en "prime time".

Le chantre de la lutte des classes est au zénith dans les chaumières des familles de l'ISF. On vante son bagout, sa télégénie, sa rhétorique, son art de ne jamais couper les cheveux en quatre ! Celui-là, entend-on dans le Triangle d'or du CAC 40, il occupe l'écran, il tempête, il morigène, il débat à la tronçonneuse. Fini l'ennui, le soporifique débat Hollande-Sarkozy. Avec Mélenchon, c'est baston à O.K. Corral tous les jours.

Ce Mélenchon, c'est Georges Marchais avec bac+5

Son programme ? Bien sûr, il n'est pas sérieux, répètent ces convertis de la dernière heure. De toute manière, ajoutent-ils, il ne pourra jamais l'appliquer. Ouf... Mais ce n'est pas ce qu'on lui demande, soulignent-ils. On veut juste un peu de distraction. La politique est devenue tellement lourdingue... Avec le bateleur d'extrême gauche, on en a pour notre argent, si l'on peut dire. Ce Mélenchon, c'est Georges Marchais avec bac+5. Le bonus de la présidentielle.

Un passage de "Méluche" au JT, c'est mieux que les Guignols

Le constat est difficile à admettre, mais il faut l'avouer : le candidat du Front de gauche, lentement mais sûrement, est devenu, à son corps défendant, l'idiot utile de l'Elysée. Il est le virus malin qui affaiblit jour après jour François Hollande. Un passage de "Méluche" au JT de 20 heures, c'est mieux que les Guignols de l'info. C'est un demi-point qui s'échappe des terres hollandaises.

Même les habitués du Fouquet's se mettent à le trouver intéressant. Quant au Président sortant, il ne tarit pas d'éloges sur lui. Nicolas Sarkozy y va de son couplet de nouveau fan de Mélenchon : "Lui, au moins, il dit ce qu'il pense", ose le candidat de l'UMP. Cette petite phrase devrait sonner comme une alerte.

Une grenade dégoupillée dans le camp du PS

Toute la stratégie des communicants de l'UMP est de mettre en place un système de dérivation de voix socialistes sur le tonitruant candidat Front de gauche. La tactique est classique, éculée, mais pourrait se révéler désastreuse pour la gauche.

Mélenchon est donc une grenade dégoupillée dans le camp du PS. Il y a de grandes chances que sa marche civique sur la Bastille, ce dimanche, soit surmédiatisée par les amis du Président. Mélenchon piège à cons ? Il ne faut rien exagérer. Il a déjà clairement annoncé qu'il appellera à voter Hollande au deuxième tour. Mais l'amour immodéré que lui porte soudainement la droite est pour le moins suspect.

En haut lieu, on a mis au point un plan de bataille, simple comme bonjour : il faut gonfler à l'hélium le Zorro de la lutte des classes, lui permettre de se rapprocher des 15 % et mettre François Hollande en culottes courtes pour le second tour. Le piège est tellement gros qu'on n'ose pas le regarder en face. A tort. En prenant la Bastille, Mélenchon pourrait bien faire perdre l'Elysée à la Gauche. Délicat paradoxe...

 
Serge Raffy
 
Par Serge Raffy
 

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