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VERS UN CONGRES CALME

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Pour les non initiés, l'annonce hier d'une contribution commune Martine Aubry-Jean-Marc Ayrault en vue du prochain congrès du PS, en octobre, n'a sûrement pas une importance politique très grande. A tort : c'est une décision majeure et une excellente nouvelle. D'abord parce que la réconciliation entre les deux socialistes, qui convoitaient légitimement Matignon, est désormais scellée. Martine aurait pu, c'était une possibilité et le pire scénario, jouer sa propre partition, ressasser son amertume, cultiver sa différence, à l'extrême opposer le parti au gouvernement. Dans la situation où se trouve la France, qui exige l'unité et la responsabilité de tous les socialistes, ce comportement aurait été catastrophique. Ayrault et Aubry ensemble, c'est le rassemblement qui prévaut et c'est très bien.

De plus, il y a dans cette démarche une notion totalement nouvelle, jamais vue dans le cadre d'un congrès socialiste, qui aura sans doute échappé à l'attention de beaucoup : c'est "l'exclusivité" imposée par Martine Aubry. En clair, ça signifie que les signataires du texte qu'elle propose avec Jean-Marc Ayrault ne pourront pas soutenir d'autres textes (ce que les statuts du PS rendent possible dans ce premier temps des contributions). Ministres et dirigeants du parti devront donc faire un choix, afficher clairement leur solidarité avec la politique gouvernementale, tout en restant libres bien sûr de rejoindre d'autres contributions, mais en assumant les conséquences.

Mine de rien, c'est une petite révolution dans la culture politique du PS. Le moment des contributions, c'est celui des rapports de forces internes, des positionnements artificiels dissimulés derrière le débat d'idées, de la retape militante, de la signaturite aigüe (jamais un adhérent ne voit son soutien nominatif autant sollicité que dans cette période-là !), de dizaines de textes souvent illisibles, parfois folkloriques, de toute façon inutiles et la plupart du temps jamais lus, y compris par leurs signataires. La phase des contributions est à la réflexion politique ce que la gonflette est à la musculation. Elle favorise les marchandages sur le dos des militants en laissant croire qu'on les implique.

Dans l'idéal, il faudrait que le parti supprime le système des contributions et en reste aux motions, qui sont de grands textes généraux sur lesquels il faut trancher sans possibilité de se partager. En attendant cette nouvelle avancée dans la rénovation du parti, Martine Aubry, en imposant une clause d'exclusivité, porte un sérieux et salutaire coup au salmigondis des contributions.

Ce congrès d'octobre, je le vois essentiellement comme le congrès de l'unité, orienté dans deux directions : le soutien au gouvernement et la poursuite de la rénovation du parti, inaugurée par Martine Aubry. Les camarades qui voudront se compter le pourront toujours, on est libre au parti socialiste ! Mais ce serait une erreur politique. Quand on est aux responsabilités, quand on devient parti de gouvernement, on ne privilégie pas la cuisine interne, qui généralement n'a pas bon goût. Dans l'opposition, il est normal que toutes les sensibilités se fassent entendre, dans l'objectif de construire un projet commun, alternatif. Mais quand on dirige le pays, ce temps-là est fini, les choix ont été faits par les Français, il faut appliquer ce qui a été promis, pas chercher à se distinguer ou, pire, à critiquer.

Ce congrès de l'unité et de la rénovation, il faudra le porter à tous les niveaux, section, fédération, instances nationales, en poursuivant le travail qui a commencé avec l'instauration de la parité, qui s'est prolongé avec l'organisation des primaires, qui attend sa prochaine étape, la loi sur le non cumul des mandats. Ce sont les trois mesures phares qui auront bouleversé la culture militante du parti socialiste, et dont les effets ne sont pas encore complètement mesurés.

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