Les manifestations contre l'accord CFDT/MEDEF sur la flexibilité n'ont pas séduit grand monde. Les critiques sont plus virulentes que le texte. A Bercy, des fuites se multiplient sur de nouveaux efforts de rigueur. A l'Express, Christophe Barber sévit encore avec une immonde couverture.
Où vivons-nous ?
Intox.
Les manifestations organisées contre l'accord sur la flexibilité de l'emploi, soutenues par Solidaires, Force Ouvrière et la CGT mardi 5 mars, étaient nombreuses, mais les rangs étaient clairsemés. Elles ont rassemblé quelques milliers de personnes. On a beaucoup entendu ces critiques. La journée fut largement suivie, parfois avec outrance, par les chaînes d'informations. Quelques slogans étaient violents. Hollande comparé à Sarkozy, la mort prétendument programmée du CDI, la "casse sociale" organisée au sommet de l'Etat, "CFDT = Medef", "accord scélérat" certain ignorant l'histoire de notre pays allant jusqu'à comparer Jules Moch à Manuel Valls !.
Certains ont oublié que l'accord - si imparfait soit-il - était le fruit d'une négociation en partenaires sociaux. Jean-Luc Mélenchon (PG) a ainsi déclamé sur RTL: « C'est aux parlementaires de faire la loi, pas au Medef ». Et de caricaturer ensuite que l'accord « n'a pas été signé par les partenaires, mais par le Medef ». C'est une mauvaise manière. Faudrait-il récuser le dialogue social quand celui-ci ne produit pas les effets escomptés ? Le candidat-président Sarkozy, en février 2012, avait justement axé ses messages de campagne contre ces fichus corps intermédiaires.
Certains pensent donc que cet accord est la ruine de tout, la fin d'un monde et je-ne-sais quelle catastrophe. Cet accord est désagréable, mais il n'est pas la caricature qu'on en fait. L'intox vaut des deux côtés.
D'autres, ou les mêmes, sont convaincus que cet accord n'est pas valable puisque la CGT et FO ne l'ont pas signé. Avec 8% de syndicalisation parmi les effectifs salariés, quelle est donc le sens de cette dispute de représentativité ?
Intox (bis)
Sur le front économique, les chiffres se succèdent et ne se ressemblent jamais.
Jérôme Cahuzac pensait à 6 milliards d'euros d'impôts et/ou d'économies à trouver l'an prochain. Le Monde, mardi 5 mars, croyait savoir qu'il faudrait supporter 4 milliards de rabots supplémentaires. On imagine que la fuite vient de Bercy, quelque part dans les couloirs d'une administration insuffisamment purgée après l'alternance politique de juin dernier.
Immonde
Christophe Barbier se surpasse.
Pour la Journée des Femmes, funeste commémoration pour une égalité des droits qui progresse peu et lentement, voici que l'Express publie l'une de ces couvertures dont son patron a le secret. Une petite saloperie - osons le terme - pour un faux appel au débat. Nous vous la livrons en miniature, une taille déjà trop grande pour ce qu'elle mérite.
Pour cette Journée de la Femme, la patronne des patrons n'avait pas grand chose à dire que de regretter le manque de dirigeantes à la tête des entreprises du CAC40. Est-ce donc là la seule et simple préoccupation de Laurence Parisot ? Rien sur les écarts de salaires, les carrières interrompues, la précarité.
IMMONDE (bis)
Dans un entretien au Parisien magazine publié ce vendredi mais diffusé jeudi soir, la candidate aux primaires UMP pour la mairie de Paris lance: «Il y a quelque chose de très rude dans (le) parcours de Ségolène Royal. Elle s'est construite politiquement en parallèle à François Hollande, et l’issue n’a pas été en sa faveur.» Et désormais, ajoute NKM, «elle en est à attendre que son ex la nomme quelque part. Or le premier trésor pour une femme, c’est son autonomie. Il ne faut jamais dépendre d’un homme, ni procéder de lui.» Et l’ex-porte-parole de Sarkozy d’ajouter, faussement compatissante: «Je pense qu’elle méritait mieux que ce lot de consolation incongru»qu'est le porte-parolat de la banque publique d'investissement.
Ségolène Royal n’a pas attendu pour réagir et d’un tweet jeudi soir, la présidente de la région Poitou-Charentes a voulu clore le débat: «Je ne suis pas en attente à la BPI mais au service d'une belle idée. Je n'attends pas une nomination mais le juste respect de la valeur travail.» D’autres socialistes ou militants lui ont emboîté le pas, interpellant NKM sur Twitter. David Assouline, l’un des porte-parole du PS, a notamment lancé: «Propos de NKM sur S.Royal: outre la violence et le sectarisme de celle qui est capable de tout pour le pouvoir, NKM est simplement vulgaire».
Dans un communiqué, le PS a officiellement dénoncé l’interview de l’ex-ministre UMP, qui constitue «une provocation» puisque diffusée «le jour même de la Journée de la femme». «Résumer le parcours politique de Ségolène Royal à sa relation privée avec François Hollande relève d’une insupportable misogynie», tance le texte, qui rappelle que Ségolène Royal «est une personnalité politique nationale de premier plan». «Les difficultés qu’a Madame Kosciuzko-Morizet à se créer une crédibilité à Paris ne doivent pas l’amener à
Najat Vallaud-Belkacem, la ministre du Droit des femmes et proche de Ségolène Royal , invitée sur RTL ce vendredi, a décerné à NKM «la palme de la phrase la plus misogyne et la plus déplacée», une phrase «sans intérêt». Ajoutant, grinçante, «quand NKM aura été capable de rassembler 17 millions de voix comme Ségolène Royal dans une présidentielle, on en reparlera».