Je désapprouve et condamne l'expulsion de Léonarda a différents titres : d'abord en tant qu'être humain ,en tant que Français, l'image déplorable qui est donnée de mon pays, patrie des droits de l'homme, à ce qu'on dit. Ensuite en tant qu'homme de gauche, qui n'a pas voté François Hollande pour revoir les mauvaises manières de Nicolas Sarkozy. Enfin en tant que membre du parti socialiste, qui se préoccupe de la confusion au sein même de nos rangs, jusqu'au sommet de l'Etat, dans cette triste affaire.
Ce que je déplore aussi dans cette affaire, comme dans celle de Lampedusa, c'est la dimension émotive et médiatique. On en reste trop aux images chocs et aux sentiments qu'elles provoquent immédiatement. Il n'y a plus aucune distance, aucune précaution, aucune réflexion : nous sommes dans le réflexe, d'ordre moral ou psychologique, beaucoup plus que dans le jugement politique. Or, ce qu'il faut, ce n'est pas s'attarder sur tel ou tel cas personnel, particulièrement spectaculaire, comme dans l'affaire Leonarda. Ce dont nous avons besoin, c'est d'une pédagogie claire en matière de ce que doit être une politique d'immigration aujourd'hui.
J'ai envie de dire : assez d'images, passons maintenant aux actes législatives ! Quant aux sentiments, qu'ils restent dans nos coeurs, dans la sphère privée : comme on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments, on ne fait pas non plus de bonne politique, et même de politique tout court, avec des sentiments, quels qu'ils soient, mais avec de justes principes, qu'il revient à l'Etat de rappeler. Sinon, l'opinion publique est ballottée entre des émotions forcément contradictoires, éphémères, d'amour un jour, de haine le lendemain. Nous sommes saturés d'images et de paroles ; il nous faut au contraire une nouvelle législation sur l'immigration .
Commentaires
Si ce ne sont pas les sentiments, alors c'est l'intérêt qui unit les hommes politiquement. D'où l'usage des sentiments par l'Etat totalitaire moderne, afin de berner ceux dont l'intérêt est minime.