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LE RSA C'EST LE RMI EN PIRE

Le Monde fait naïvement l’apologie du RSA et de Martin Hirsch. Un Rsa qui entérinerait une république des Békés s'il était mis en application dans les départements d'Outre-mer, tant les craintes sur la pression à la baisse des salaires et l'intensification du travail au noir se font jour.

 

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(Caricature de Louison - http://louison-et-les-crayons.blogspot.com/)

Dans son édition du samedi 30 mai le Monde consacre deux pages et son éditorial à la célébration du RSA, considéré comme une « bonne nouvelle », un « pari », une « réforme socialement juste », et un « nouvel outil (qui) devrait d’abord jouer un rôle d’amortisseur face à la crise ». En une, ce titre : « Le RSA entre en application dans toute la France ». Y compris dans l'Outre-mer, donc?

 

Eh bien non, justement. Le RSA n’entre pas en vigueur aujourd'hui 1er juin dans les départements ultramarins. Et un récent rapport sur sa mise en place dans ces mêmes départements risque bien de le compromettre. Apparemment, Le Monde a oublié que les DOM font partie de la France. Trop aveuglé sans doute par le courage du soldat Hirsch, celui qui fit « inscrire son RSA dans le programme présidentiel de Ségolène Royal » et qui finalement « s’est battu avec énergie pour faire passer une réforme qui prenait à rebrousse-poil une grande partie de la droite, jusqu’au sein du gouvernement ». On oserait à peine gâcher la fête... A croire que ce n'est pas Sarkozy qui s'est essayé à des tentatives d'ouverture, mais bel et bien Hirsch qui a fait de l'entrisme. Tiens donc...

 

Le journal finit malgré tout par préciser que la taxe finançant le RSA ne concerne pas « les plus riches », « bouclier fiscal oblige ». Un «détail» qui passe presque inaperçu dans cet océan de louanges. Ainsi donc, la taxe concerne essentiellement les classes moyennes ! Droite oblige, est-on tenté de préciser.


Un salarié ultramarin sur deux pourrait être concerné par le RSA

Capture d'écran - Rapport RSA
Capture d'écran - Rapport RSA
Dans ces conditions, il n'est pas étonnant de ne pas trouver, dans cet article, la moindre mention du rapport publié le 26 mai dernier sur le RSA en Outre-Mer. Dommage, car on y apprend beaucoup de choses. Ainsi, s'appuyant sur des données fournies par la Cnaf et la Drees, le rapporteur explique : « à barème équivalent au barème métropolitain, 42% de la population des DOM est potentiellement couverte par le RSA (…). ». Un Revenu de Solidarité Active élaboré afin de palier au problème des travailleurs pauvres… Et qui concerne presque la moitié de la population d’Outre-mer!

Travail au noir et baisse de salaire en perspective

« Le choix d’un barème plus favorable conduirait donc à une couverture d’au moins la moitié de la population, choix dont les effets pourraient être déstabilisateurs pour le marché du travail. En effet, les entreprises pourraient alors être incitées ne pas à augmenter les salaires, notamment aux niveaux proches du point de sortie du RSA, voire à ne déclarer qu’une partie de la durée effectivement travaillée, pour optimiser les sommes perçues au titre de la prestation. ». Cet extrait du rapport interroge. En effet, la possibilité que la généralisation du RSA puisse avoir des effets contre-productifs est ici clairement confirmée. Et qui formule cette hypothèse ? Un député UMP spécialement choisi pour étudier la question. 

  

Car les craintes que soulève le dispositif depuis son lancement n'ont jamais été démenties. Pour preuve, le rapport poursuit : « Il convient par ailleurs d’indiquer que le RSA n’est sans doute pas le meilleur instrument de lutte contre le travail dissimulé et d’incitation à la reprise d’activité à temps plein, compte tenu du caractère familialisé et dégressif de cette prestation. (...) Un salarié peut donc trouver plus intéressant de ne pas déclarer une partie de son activité, pour ne pas voir le montant de son RSA diminuer. ». 

 

D'autre part, le RSA est un complément de salaire sans limitation de durée. Cela revient finalement à subventionner des emplois précaires à long terme, voire à faire tomber dans la précarité des salariés qui gagneraient trop pour en bénéficier. Un dispositif qui, en définitive, s’inscrit dans l’assistance aux travailleurs pauvres sans leur permettre de se sortir de cette situation. Une mesure qui finit par déresponsabiliser les employeurs en cassant la valeur « travail » du fait de la distorsion des écarts entre la rémunération et le travail effectué.

 

Enfin, n’en déplaise aux journalistes du Monde, la prime au retour à l’emploi existait déjà avec le RMI depuis 2006 … Et les incitations pour reprendre un travail aussi  ! Ce qui change fondamentalement avec le RSA, c’est la pérennisation de ce complément au delà d'une année ; le fait que des « sous salariés » vont être confinés dans une pauvreté durable … Bref, une politique de droite qui  favorise l’assistanat des patrons et l’emploi précaire. Bref, Martin Hirsch a simplement lancé la version 2 du RMI, une version 2 qui n'améliore en rien la version initiale. 

 

Une version qui conforterait le pouvoir des békés qui paient déjà au lance-pierre les salariés de Guadeloupe et d'ailleurs, car elle leur donnerait les moyens légaux de justifier leurs pratiques. Des pratiques qui expliquent en partie que, plus de la moitié de la population d'Outre-mer vit en dessous du seuil de pauvreté. Un RSA qui la condamnerait ad vitam eternam à n'avoir guère mieux. Au bout du compte, n’est-ce pas une chance pour les ultramarins que d’être épargnés par cette réforme 

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