Il y a quelques mois, la chose était entendue : Eva Joly avait les faveurs de l'opinion, Jean-Luc Mélenchon paraissait ringard. Les dernières élections en faisaient foi : le vote progressiste moderne, c'était le vote écolo. Les accords électoraux entre PS et EELV l'attestaient. C'est à n'y rien comprendre : les prévisions se sont exactement inversées ; les 14% légitimement espérés pour les Verts sont raflés par le Front de gauche. Incroyable : cette coalition constituée par une poignée de dissidents socialistes et un parti communiste marginalisé écrase aujourd'hui complètement EELV.
Pourquoi Mélenchon émerge-t-il, pourquoi Joly s'effondre-t-elle ? Les thèmes écologistes sont pourtant dans l'air du temps alors que le lyrisme révolutionnaire du candidat Front de gauche semble suranné. La première réponse est dans le choix des personnes. Ce n'est pas faire injure à Eva Joly de dire qu'elle est une mauvaise candidate, comme je serais un mauvais trésorier si on me confiait cette responsabilité. Je n'ai jamais compris qu'on puisse refuser à la politique certaines compétences, tactiques, oratoires, idéologiques, communicantes, dont Mélenchon est richement pourvu, dont Joly est mal dotée. Quoi qu'on dise, il y a une influence des personnes, de bons et de mauvais candidats.
Ce qui pose une autre question, celle de la place qu'on attribue aux uns et aux autres, ou qu'il choisisse de s'attribuer à eux-mêmes. Eva Joly a été un magistrat médiatique. Mais en politique, ses qualités se sont dissipées. La compétence dans un domaine ne se transfère pas automatiquement dans un autre. Joly n'est pas la seule dans ce cas. José Bové a subi le même revers : personnalité mondialement rayonnante mais piètre candidat à la dernière présidentielle, à tel point que tout le monde a oublié son score et sa campagne d'alors.
Jean-Luc Mélenchon a su s'inventer un personnage, l'exact opposé de François Hollande dans la posture : le candidat socialiste se définit par rapport à lui-même et pas par rapport aux autres, il est offensif mais positif. Nicolas Sarkozy veut l'entraîner dans la bagarre, la polémique, il n'y entre pas, laisse passer les coups, se recentre sur ses positions. Jean-Luc Mélenchon, lui, clive en permanence, son affrontement le plus spectaculaire l'opposant à Marine Le Pen. Cette odeur de poudre, ce goût du combat réveillent l'électorat de gauche, le mobilisent, rencontrent toute une partie de son imaginaire. Hollande, c'est à gauche son double inversé : sage réformiste , socialiste raisonnable. Ils sont complémentaires : à eux deux, ils peuvent créer la dynamique qui renversera Nicolas Sarkozy. Sans Eva Joly, dont la candidature n'arrive pas à capter les préoccupations qu'elle devrait pourtant représenter.
Pourquoi Mélenchon émerge-t-il, pourquoi Joly s'effondre-t-elle ? Les thèmes écologistes sont pourtant dans l'air du temps alors que le lyrisme révolutionnaire du candidat Front de gauche semble suranné. La première réponse est dans le choix des personnes. Ce n'est pas faire injure à Eva Joly de dire qu'elle est une mauvaise candidate, comme je serais un mauvais trésorier si on me confiait cette responsabilité. Je n'ai jamais compris qu'on puisse refuser à la politique certaines compétences, tactiques, oratoires, idéologiques, communicantes, dont Mélenchon est richement pourvu, dont Joly est mal dotée. Quoi qu'on dise, il y a une influence des personnes, de bons et de mauvais candidats.
Ce qui pose une autre question, celle de la place qu'on attribue aux uns et aux autres, ou qu'il choisisse de s'attribuer à eux-mêmes. Eva Joly a été un magistrat médiatique. Mais en politique, ses qualités se sont dissipées. La compétence dans un domaine ne se transfère pas automatiquement dans un autre. Joly n'est pas la seule dans ce cas. José Bové a subi le même revers : personnalité mondialement rayonnante mais piètre candidat à la dernière présidentielle, à tel point que tout le monde a oublié son score et sa campagne d'alors.
Jean-Luc Mélenchon a su s'inventer un personnage, l'exact opposé de François Hollande dans la posture : le candidat socialiste se définit par rapport à lui-même et pas par rapport aux autres, il est offensif mais positif. Nicolas Sarkozy veut l'entraîner dans la bagarre, la polémique, il n'y entre pas, laisse passer les coups, se recentre sur ses positions. Jean-Luc Mélenchon, lui, clive en permanence, son affrontement le plus spectaculaire l'opposant à Marine Le Pen. Cette odeur de poudre, ce goût du combat réveillent l'électorat de gauche, le mobilisent, rencontrent toute une partie de son imaginaire. Hollande, c'est à gauche son double inversé : sage réformiste , socialiste raisonnable. Ils sont complémentaires : à eux deux, ils peuvent créer la dynamique qui renversera Nicolas Sarkozy. Sans Eva Joly, dont la candidature n'arrive pas à capter les préoccupations qu'elle devrait pourtant représenter.