Le PSG ! Voilà justement l’une des passions que Nicolas Sarkozy partage avec… Olivier Besancenot.
Avant d’être à l’Elysée, le premier fréquentait assidûment la tribune présidentielle du stade de la porte de Saint-Cloud, il y emmenait son petit dernier, Louis, le fils qu’il a eu avec Cécilia, et s’affichait fièrement, comme un bon papa, avec son rejeton sur les genoux et une écharpe rouge et bleue autour du cou. Et le chef de l’Etat continue de temps à autre à aller supporter le PSG et à se glisser dans les vestiaires après le match, ce qui lui valut par exemple, au printemps 2009, de subir une blague douteuse de Ludovic Giuly. De petite taille, le joueur parisien, espiègle, s’est collé au président et lui a lancé : « Je voulais vérifier si vous étiez aussi petit que moi ! » Nicolas Sarkozy a eu du mal à sourire, d’autant que le boute-en-train du vestiaire est (un peu) plus grand que le chef de l’Etat…
Olivier Besancenot revendique, lui aussi, d’être un grand supporteur de l’équipe de la capitale. Envers et contre tout, envers et contre tous. Car ce n’est pas rien que de se revendiquer fan du PSG ! Cela vous donne un côté canaille, un rien gavroche (justement le nom d’un groupe de supporteurs historiques du club), c’est l’assurance que vous êtes un garçon mal élevé, rebelle et indifférent à l’image que les autres ont de vous. Être supporteur du PSG, c’est un label qui vaut tous les certificats de mauvaise conduite. […] Car le football est bel et bien devenu un outil incontournable du combat politique. C’est une médiation aujourd’hui indispensable à quiconque prétend élargir son audience.
Au vu de la dimension planétaire de ce sport, de sa puissance émotionnelle et de son impact économique, financier et tout bonnement médiatique, c’est à la fois un moyen de toucher le public le plus large possible et de s’adresser directement, sans intermédiaire, à chaque individu. Méthode de séduction d’autant plus efficace que l’amour du foot relève d’une fibre quasi enfantine propre à attendrir les cœurs les plus inflexibles. Sarkozy comme Besancenot exhibent donc leur passion du ballon rond dès qu’ils en ont l’occasion, le porte-parole du NPA se débrouillant par exemple pour glisser quelques « parties de foot avec des copains » au milieu de ses campagnes électorales. […]
Olivier Besancenot, lui, ne met pas en scène son penchant pour le Tour. Il n’en a pas besoin. Il est le Tour. Combien de fois le leader d’extrême gauche a-t-il été suivi par une caméra de télévision pédalant dans les rues de Neuilly pour aller porter le courrier aux bourgeois et nantis de l’ouest parisien ? Rituelle, l’image est quasiment devenue un passage obligé de tous les portraits consacrés au porte-parole du NPA. Et celui-ci s’y est toujours plié de fort bonne grâce. Car Besancenot et ses conseillers savent à quel point cette image-là lui est profitable.
Mieux que d’en faire le Bernard Hinault – ou le si tendre et donc si populaire « Poupou » – de la cause révolutionnaire, voir pédaler Besancenot le pli entre les dents, c’est renvoyer l’électeur à une autre image célébrissime inscrite dans la mémoire nationale, un instantané qui relève de l’imaginaire tricolore, du patrimoine républicain : Besancenot sur son vélo, c’est Jacques Tati dans Jour de fête ! Cette madeleine-là réveille le souvenir de toute une liturgie laïque, c’est une histoire en noir et blanc, celle de nos grands-parents, qui parle à la fois à tous du pays et à chacun d’entre nous de nos ancêtres, familles et lignées.
Elle illustre une certaine idée de la France, immuable, rurale et éternelle, qui se transmet de génération en génération, et que l’on retrouve aussi bien dans les racines du pompidolisme que sur le clocher du village de l’affiche « La force tranquille » de François Mitterrand, en 1981, ou, plus récemment, dans ces grandes figures de l’histoire de France, de Péguy à Jaurès, récitées par Nicolas Sarkozy à l’occasion de ses meetings de la campagne présidentielle de 2007.
Le facteur du NPA s’applique tellement à annexer la bicyclette, à la fois emblème et totem, que dès les trois premières lignes de son livre Révolution il dégaine une métaphore osée : « La vie est devant nous, le monde à portée de main. Nous pouvons le changer. Mon “petit vélo” à moi, c’est faire la révolution, c’est-à-dire renverser la société capitaliste avant qu’elle nous écrase. » […]