La problématique des éoliennes ne laisse décidément personne indifférent en Thiérache. Pour preuve, les citoyens d’Any-Martin-Rieux et ses alentours se sont réunis à la salle des fêtes, vendredi soir, pour s’opposer à un possible projet d’implantations de 12 éoliennes à Any, Leuze et Martigny. Cette réunion faisait suite à la récente annonce de Quadran, une société de production d’énergie verte venue présenter son projet.
« Certaines choses ne sont pas claires sur l’implantation des éoliennes, estime la citoyenne Stéphanie Simmer. L’objectif de cette soirée est de créer un collectif et d’informer la population. » L’assemblée a réuni quelques dizaines de personnes. C’est Alban Simmer qui a ouvert la réunion : « Les permis de construire n’ont pas encore été déposés. On a appris ce projet par hasard. C’est le moment d’agir. Si on veut, on peut », a-t-il martelé. Guy Froissart, président de l’association Thiérache à contre vent, a pris la suite : « Il faut se constituer en association pour les recours, ne pas rester à des protestations individuelles. Il faut beaucoup d’énergie pour constituer les documents et faire une contre-enquête. Plus on est nombreux mieux c’est. »
Mais au juste, qu’est-ce qui est si gênant dans ce projet d’implantation ? « Cela cause des nuisances sonores, et quant à l’immobilier, les maisons sont dévaluées », expose Valérie Bernardeau, la propriétaire du château de Puisieux-et-Clanlieu qui a réussi à obtenir l’annulation d’un permis de construire du côté de Sains-Richaumont.
« Cela fait augmenter le montant des factures d’électricité »
Jean-Marie Desachy, venu de Lamaronde, dans la Somme, est confronté au même problème dans sa région. C’est dans un discours passionné qu’il s’élève contre le projet : « C’est un immense mensonge ! Au début, les pales de l’éolienne sont plutôt silencieuses, mais après, elles font de plus en plus de bruit », veut-il témoigner. Il soulève des problématiques environnementales : « C’est nuisible pour les chauves-souris : elles sont attirées par la chaleur du moteur, et meurent. De plus, dire que la consommation électrique baisse avec les éoliennes est inexact. L’éolien ne sert qu’à faire du business ! » Valérie Bernardeau renchérit : « Le montant des factures d’électricité augmente avec les éoliennes. »
Jean-Louis Doucy, président de l’association Vent de folie, a apporté un éclairage plus technique : « L’éolien, c’est une bulle spéculative qui finira par exploser. Les propriétaires des terrains signent des baux emphytéotiques. Ils deviennent donc propriétaire de ce qu’il y a sur le terrain. Démanteler une éolienne revient cher. Une éolienne coûte 1 200 000 à 1 500 000 euros ! détaille-t-il. On nous dit que grâce à l’énergie éolienne, on pourra arrêter avec les centrales nucléaires. Mais en France, notre production d’électricité est à 90 % d’origine nucléaire. Les énergies éolienne et solaire représentent 2 ou 3 % de la production électrique. Ce n’est rien ! L’éolienne ne peut intervenir que sur 10 % de l’électricité d’origine conventionnelle. Et elle ne fonctionne qu’avec le vent… Sa production est très faible, et imprévisible. Ce ne peut pas être une alternative. C’est une fausse réponse à un vrai problème. »
Les habitants comptent donc créer une association, et ce soir-là, il a même été question d’une manifestation. Affaire à suivre…
Kévin MONFILS l'Union l'Ardennais