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  • IL FAUT RAMENER SA FRAISE

     

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    Non seulement les fraises importées d’Espagne n’ont aucun goût, mais elles représentent une catastrophe environnementale et sanitaire. Voici de quoi vous en dégoûter à tout jamais…

    D’ici à la mi-juin, la France aura importé d’Espagne plus de 90 000 tonnes de fraises. Enfin, si on peut appeler fraise ces gros trucs rouges, encore verts autour de la queue parce que cueillis avant d’être murs, et ressemblant à des tomates ; avec d’ailleurs à peu près le goût des tomates.

     

    Si le seul reproche envers ces « fruits » était leur fadeur, après tout, seuls les consommateurs piégés pourraient se plaindre d’avoir acheté un produit qui se brade actuellement entre 2 et 3 euros/kilo dans les marchés et les grandes surfaces, après avoir parcouru 1 500 kilomètres en camion.A dix tonnes en moyenne par véhicule, ils sont 10 000 par an à faire un parcours valant son pesant de fraises en CO2 et autres gaz d’échappement. Car la quasi-totalité de ces fruits poussent dans le sud de l’Andalousie, sur les limites du parc national de Doñana, près du delta du Guadalquivir, l’une des plus fabuleuses réserves d’oiseaux, migrateurs et nicheurs d’Europe.

    Cette « agriculture » couvre près de 6 000 hectares dont une bonne centaine empiète déjà en toute illégalité (tolérée) sur le parc national. Officiellement, 60 % seulement de ces cultures sont autorisées ; les autres sont des extensions « sauvages » sur lesquelles le pouvoir régional ferme les yeux en dépit des protestations des écologistes. Les fraisiers destinés à cette production, bien qu’il s’agisse d’une plante vivace productive plusieurs années, sont détruits chaque année. Pour donner des fraises hors saison, les plants produits in vitro sont enfournés en plein été dans des frigos qui simulent l’hiver pour avancer leur production. A l’automne, la terre sableuse est nettoyée, stérilisée, la microfaune détruite, avec du bromure de méthyl et de la chloropicrine. Le premier est un poison violent interdit par le protocole de Montréal sur les gaz attaquant la couche d’ozone signée en 1987 (dernier délai en 2005) ; le second, composé de chlore et d’ammoniaque est aussi un poison…

    Qui s’en soucie ? La plupart des producteurs de fraises andalouses emploient une main d’œuvre marocaine ou roumaine, des saisonniers ou des sans-papiers sous-payés et logés dans des conditions précaires, se réchauffant le soir en brûlant les résidus des serres en plastique qui recouvrent les fraisiers au cœur de l’hiver. Un écolo de la région raconte l’explosion des maladies pulmonaires et de affections de la peau. Les plants poussent sur un autre plastique noir et reçoivent une irrigation goutte à goutte qui transporte les engrais, des pesticides et des fongicides. Pour le lecteur dont l’appétit ne serait pas encore coupé, continuons.

    Les cultures sont alimentées en eau par des forages dont la moitié a été installés de façon illégale et dont 80 % tirent plus d’eau qu’ils ne sont autorisés à le faire : en moyenne 4500 m3 par hectare. Ce qui transforme en savane sèche une partie de cette région d’Andalousie, entraîne l’exode des oiseaux migrateurs et la disparition des derniers lynx pardel, petits carnivores dont il ne reste plus qu’une trentaine d’individus dans la région. Leur seule nourriture, les lapins, sont en voie de disparition. Comme la forêt, dont 2 000 hectares ont été rasés pour faire place aux fraisiers. La saison est terminée au début du mois de juin. Les cinq mille tonnes de plastiques, le noir et le blanc, sont soit emportés par le vent, soit enfouies n’importe où, soit brûlées sur place. Et les ouvriers agricoles sont priés soit de retourner chez eux, soit de s’exiler ailleurs en Espagne. Pour se faire soigner à leurs frais après avoir respiré les produits nocifs.

    La production et l’exportation de la fraise espagnole -l’essentiel étant vendu avant la fin de l’hiver et en avril- représente ce qu’il y a de moins durable comme agriculture et bouleverse ce qui reste dans le public comme notion de saison. Quand la région sera ravagée et la production trop onéreuse, elle sera transférée au Maroc où les industriels espagnols de la « fraise » commencent à s’installer. Avant de venir de Chine d’où sont déjà importés des pommes encore plus traités que les pommes françaises.

    Dommage que les consommateurs se laissent prendre, comme ils se laissent prendre aux asperges « primeur » en provenance de la même région et bénéficiant des mêmes soins chimiques. Au lieu d’attendre quelques semaines que les producteurs de proximité offrent les mêmes produits sur des marchés de proximité.

     

  • A NE PLUS RIEN Y COMPRENDRE

     

    Un petit parti bourgeois sans ambitions." Lutte Ouvrière se paye le Parti de Gauche dans son bimestriel Lutte de Classe, publié le 8 mai 2014 sur le site de la formation politique.

    En six pages, la revue trotskyste égratigne en long et en large le parti cofondé par Jean-Luc Mélenchon, raillant sa volonté d'incarner "l'opposition de gauche." Pour les auteurs du texte, le parti serait plutôt à rapprocher du... PS:

    Les chats ne font pas des chiens, et le PG est bien un petit parti bourgeois qui, à coups d’alliances et de coalitions avec d’autres courants bourgeois, cherche à se frayer une voie vers le pouvoir gouvernemental. Un parti de même nature sociale que le PS, mais qui compte sur le discrédit accéléré du PS, ainsi que sur son positionnement qu’il veut plus à gauche, pour y parvenir à son tour.

    Mais c'est surtout la campagne du parti de Gauche pour les élections européennes qui cristallise les critiques de Lutte Ouvrière. Le parti qui a fait de la lutte contre l'austérité en Europe une de ses priorités se voit accuser d'entretenir une rhétorique anti-allemande:

    En adoptant un ton nettement anti-allemand, le PG a choisi d’entonner les trompettes nationalistes parce qu’il pense que c’est électoralement porteur. Il se met de fait sur le même terrain que le FN (...) En faisant cela, ces politiciens, qui se disent de gauche, cautionnent auprès des travailleurs et des militants ouvriers et syndicalistes, des idées nauséabondes qui portent la division et les orientent vers des impasses.

    Et de poursuivre:

    Le PG a donc choisi de développer sa propre argumentation xénophobe et nationaliste.

    En tant que leader du parti, Jean-Luc Mélenchon n'est évidemment pas épargné:

    Au sein du PS, il fut surtout un soutien des autres : après Mitterrand, ce furent Dray, Emmanuelli, et finalement Fabius. La place qu’il occupait dans le parti était en fait marginale et ne devait pas le satisfaire.
  • ALLONS ENFANTS DE LA PATRIE

     

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    La musique qui marche au pas, Cela ne me regarde pas.Je ne fais pourtant de tort à personne,
    En n'écoutant pas le clairon qui sonne Mais les braves gens n'aiment pas que  L'on suive une autre route qu'eux… chantait Brassens . 

    Aujourd'hui , il n'est pas question de présence ou pas à une cérémonie mais de chanter ou pas  La Marseillaise en public .

    Les médias nationaux et même internationaux viennent de relever une faute grave pouvant conduire à la démission du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice ! Elle a été d’ailleurs immédiatement réclamée par le… Front national. Le scandale enfle : Christiane Taubira n’aurait pas mêlé sa voix au chant de la Marseillaise lors de la cérémonie marquant l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage.

    «Non, elle n’est pas digne de représenter notre Nation et sa Constitution», clame le patriote Geoffroy Boulard, premier adjoint UMP au maire du XVIIe arrondissement de Paris, sur son blog, demandant également la «démission de Mme Taubira». Aussitôt on lâche les tweets qui font monter la pression. «Dérapage de Taubira, refusant de la chanter : Valls doit annoncer son limogeage», et «Il en va de l’honneur de la France et de son peuple», a simplement dénoncé la Présidente du F N dans un autre communiqué, estimant que «la France vaut mieux que Taubira». C’est parti avec le relais des chaînes de radio et des chaînes de télé perroquets qui auront vite ressassé les positions du FN confortées par celles que ne manqueront pas d’amplifier des UMP en mal de notoriété avant les Européennes.

    D’un événement de valeur planétaire -la fin de l’esclavage- autour d’une vraie mesure pour l’égalité, la fraternité et la liberté de l’Homme au sens le plus grand du terme, dénigré par des élus du FN et passé sous silence par des élus UMP peu pressés de s’y associer, on fait une polémique.

    Par contre on oublie très vite que si Christiane Taubira a été muette, d’autres on a beaucoup parlé avant et après cette commémoration. A Villers Cotteret le maire FN de la ville de résidence des Dumas Père et fils avait par exemple annoncé avec conviction qu’il ne l’organiserait pas, voulant rompre avec une « auto-culpabilisation permanente ». L’an dernier, Marine Le Pen jugeait elle, sans soulever de tempête, déjà que la France n’était « pas la seule nation à avoir commis ces erreurs-là » et estimait qu’on ne parlait « pas beaucoup de l’esclavage arabo-musulman ».

    Quelle valeur donnent-ils ces gens-là et leurs acolytes à la Marseillaise chant d’émancipation et de révolution ? Probablement la même que Thierry Mariani, député UMP chanteur émérite de la Marseillaise sur les estrades lui a pu sans trop de problème déclarer : »L’enlèvement par la secte Boko Haram rappelle que l’Afrique n’a pas attendu l’Occident pour pratiquer l’esclavage.» Ce tweet était conclu par le mot-clé « déculpabilisation ». C’est un vrai humaniste patriote lui car il connaît les couplets de l’hymne national comme député représentant des Français accueillis comme travailleurs ou résidents dans les pays d’Asie, d’Océanie et d’Europe de l’Est ! Les « enfants de la Patrie » il les connaît bien mieux que Christiane Taubira et lui il peut les chanter ! Et en plus cette femme a le tort de répondre franchement, librement et crânement !

    En fait cette polémique est absolument l’illustration du dégoût que les gens sincères peuvent avoir vis à vis de la manière dont on rend compte de la vie politique. Jamais d’analyse de fond ! Jamais de travail d’explication réelle ! Jamais de recul ! Tout est fait pour creuser un fossé, un précipice entre les valeurs essentielles et l’appréciation que doit avoir le Peuple.

    Est-on un vrai défenseur de la France en chantant la Marseillaise ? Est-on vraiment républicain quand on hurle dans un stade ou un meeting du FN l’hymne national devenu nationaliste ? Est-on certain que la plus respectable des personnes est  celle qui ouvre les lèvres en play-back sur une estrade et celle qui se recueille sur le sens de la cérémonie à laquelle il participe ? Qui peut délivrer des brevets de citoyenneté à partir d’un talent de chanteuse ou de chanteur ? La Marseillaise on l’a dans les tripes et dans le cœur et pas forcément dans les apparences officielles.

    La Marseillaise on la fait vivre par ses actes et ses propos et j'aime mieux une Christine Taubira qui écoute Amour sacré de la patrie… Liberté liberté chérie… c’est soudain le courage, la force, la puissance, et tout d’un coup l’ardeur et la vaillance de ceux qui allèrent au combat en tutoyant la mort, qui envahissent l’espace et l’esprit. que Le Pen vociférant  qu'un sang impur abreuve nos sillons .

  • TOUT EST DIT

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  • DROIT DE VOTE AUX ETRANGERS

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    Le 25 mai, pour la cinquième fois, des étrangers vont pouvoir voter et être élus pour représenter la France au Parlement européen. Ces étrangers ont la nationalité d’un autre pays de l’Union européenne. Près de trois cent mille d’entre eux ont déjà pu voter aux élections municipales des 23 et 30 mars derniers.

    Cette participation d’étrangers à des élections en France est la conséquence d’un traité européen datant de 1992. Ce traité a supprimé le lien qui paraissait irrévocable entre nationalité et citoyenneté. Il n’est plus nécessaire d’être national pour être citoyen là où l’on réside.

    Pourquoi alors d’autres étrangers, souvent présents depuis plus longtemps sur le sol français et ayant des liens plus anciens avec notre pays, n’ont-ils pas les mêmes droits ?

    Plusieurs Etats de l’UE ont réglé, avant, au moment de leur entrée dans l’Union ou après, la question en accordant à tous les étrangers résidant légalement dans leur pays les mêmes droits politiques, au moins au niveau communal.

    Treize Etats accordent le droit de vote communal à tous les résidents étrangers, sous réserve d’un titre de séjour permanent ou d’une durée de résidence, variable suivant les Etats, et au maximum de cinq ans : Belgique, Danemark, Estonie, Finlande, Grèce, Hongrie, Irlande, Lituanie, Luxembourg, Pays-Bas, Slovaquie, Slovénie, Suède.

    Trois Etats, Espagne, Portugal et Royaume-Uni, accordent le droit de vote aux nationaux de certains Etats tiers.

    Malgré de fréquentes promesses des dirigeants politiques, la France est en retard sur ce dossier, comme elle le fut il y a soixante-dix ans pour accorder le droit de vote aux femmes.

    Maintenant que les élections municipales de 2014 sont passées, les organisations réunies dans le collectif « Droit de vote des étrangers » demandent au président de la République d’ouvrir un débat non politicien sur les enjeux de la démocratie locale, et de mettre les parlementaires de droite, de gauche et du centre devant leurs responsabilités. Il faut tout faire pour qu’aux élections municipales de 2020 les étrangers non communautaires puissent enfin participer à ce scrutin qui les concerne.

    C’est une question d’égalité des droits, d’intégration, et, surtout, de démocratie

  • 10 MAI 1981

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     François Mitterrand est élu 21e président de la République française face à Valéry Giscard d'Estaing,  avec 51,76 % des suffrages exprimés. Il est le premier socialiste à occuper la présidence de la République sous la Ve République.

     

  • 7 MAI CAPITULATION DE L'ALLEMAGNE

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    Bien que la France se fût officiellement retirée de la guerre avec l'armistice du 22 juin 1940, le gouvernement du général de Gaulle est représenté à Berlin par le chef de la 1ère armée française, le général Jean de Lattre de Tassigny.

    Négligeant de commémorer la capitulation du 7 mai, à Reims, à laquelle ils n'ont eu aucune part, les Français ont choisi par la suite de commémorer exclusivement le 8 mai 1945.

    La Victoire a pourtant été entérinée le 7 mai 1945 à 2 h 41 du matin, dans la « war room », la salle des opérations du Shaef, le grand quartier général d’Eisenhower » , indique le conservateur en chef du patrimoine à la Ville de Reims. Marc Bouxin, qui dirige le Musée de la Reddition rue Franklin-Roosevelt, dans l’ancien collège moderne et technique, se bat depuis plusieurs années pour mieux faire connaître cette date historique du 7 mai, jour où les forces alliées ont obtenu à Reims la capitulation sans condition des armées du Troisième Reich.

    En 1975, le président Giscard d'Estaing a souhaité mettre un terme à cette commémoration par souci de réconciliation avec les Allemands... mais au grand scandale des associations d'anciens combattants.

    En 1981, le président Mitterrand ne s'est pas contenté de refaire du 8 mai un jour férié. Il en a aussi fait un jour chômé... sans rencontrer beaucoup d'objections.

    À noter que ni les Anglais, ni les Américains ne chôment le 8 mai bien qu'ils aient les meilleures raisons du monde de commémorer cet anniversaire. Quant aux Russes, c'est le 9 mai qu'ils célèbrent la capitulation de l'Allemagne nazie, la cessation des combats ayant été enregistrée ce jour-là à Moscou en raison du décalage horaire...

     

  • ON IRA VENDRE LA SOUPE A MARTIN SCHULZ

    Choisir notre Europe

     
     

    Prendre une baffe aux municipales : c'est fait.

    Changer de gouvernement : c'est  fait.

    Prononcer un discours de politique générale : c'est  fait.

    S’exprimer sur BFM : c'est  fait.

    Et si on passait aux Européennes ?

    Nous les militants socialistes  , on ira essayé de vendre la soupe à Martin  Schulz (Sur l'air de : On ira pendre notre linge sur la ligne Siegfried ) ,  mais ça c'est pas fait .
     
    La seule certitude est que la gauche devrait prendre une grosse claque en France et probablement au niveau Européen, d’ailleurs  je trouve le Parti Socialiste complètement mou  dans cette campagne, et  je ne suis pas loin de penser que les militants le sont aussi.

    Avez vous vu le nom des listes ? Elles ont souvent des noms grotesques .

    Pour le Modem et l’UDI : « Les Européens ».

    L’UMP : « Pour la France, agir en Europe ».

    Pour le FN : « Non à Bruxelles, Oui à la France ! ».

    Nous socialistes  nous ne  sommes pas en reste  : « Choisir notre Europe ».

    Seuls les écolos et le Front de Gauche s’en sortent bien : leurs listes ont le nom de leur parti !

    Les copains lecteurs qui veulent voter socialiste dans le sud est ! N’oubliez pas de noter le nom de la liste : CHOISIR NOTRE EUROPE. Notez aussi le nom du chef pour vérifier le bulletin : Vincent Peillon.


  • OUI LE F.N EST UN PARTI D'EXTEME DROITE FASCISTE

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    Chez le marchand de journaux le titre de cette revue m'a attiré . Existe t il une pensée fasciste oui bien sur mais le  titre de cette couverture me paraissait provocateur ,  scandaleux, voir  inacceptable pour bien des gens tant les mots pensée et fasciste ne vont pas bien ensemble.

      La filiation Adolf Hitler, Benito Mussolini et Marine Le Pen semble fausse , caricaturale et pour certains, je n'en doute pas, odieuse. Pourtant, il y a 40 ans, elle était naturelle, spontanée, irréfléchie : Le Pen = facho, ça allait de soi, y compris pour des gens de droite, qui estimaient que l'extrême droite était infréquentable, extrémiste, dangereuse, étrangère à leurs valeurs. Je suis resté fidèle à ces années-là, 1970-1980, où l'équation FN-fascisme était évidente à tous. Quand je vois le meeting du 1er mai de Marine Le Pen, son esthétique, sa tonalité, ses thèmes, je me sens totalement conforté dans mon point de vue : oui, ces gens-là sont des fascistes, au fond d'eux-mêmes, malgré toutes les précautions qu'ils prennent à ne pas le paraître.

    Sauf qu'aujourd'hui, en 2014, il faut expliquer, argumenter, ce que je fais bien volontiers, puisque manifestement le suffrage universel, qui donne désormais et depuis pas mal de temps déjà des millions de voix au FN, agit comme un essorage : l'extrême droite a été purgée de son eau sale, le fascisme, elle est maintenant propre comme un sou neuf. Mais c'est faux, la crasse fasciste est toujours là. Entre Le Borgne  et sa fille, il n'y a pas eu évolution, encore moins transformation, mais au contraire régression : le géniteur incarnait l'extrême droite traditionnelle, réactionnaire ; avec  fifille, c'est un retour aux pures sources du fascisme, même si cette affirmation prête à sourire ou à douter. J'ai six arguments, que je vous demande de méditer :

    1- La quête du pouvoir. Jean-Marie Le Pen n'a jamais cherché à exercer le pouvoir suprême, mais à témoigner de l'existence de sa famille idéologique, à contester ce système politique qu'il abhorre et qui le lui rend bien. Le père est foncièrement un marginal, un groupusculaire, un provocateur ; la fille, au contraire, lisse son discours, parce qu'elle veut parvenir aux plus hautes responsabilités. C'est le premier trait commun à tous les fascismes, qui visent sans exception à s'emparer du pouvoir.

    2- La voie légale. Quand on me dit que le FN n'est pas fasciste puisqu'il est légaliste, qu'il respecte les lois de la République, j'éclate de rire. Les fascismes agissent tous ainsi, dans le respect de la légalité, renonçant à leur violence originelle pour se faire pacifiquement accepter. Hitler, après l'échec de son putsch, se présente aux élections, en bon démocrate, et se fait élire dans les formes... Le fascisme est une vermine qui se développe dans le corps de la démocratie.

    3- La nouveauté et la jeunesse. C'est une caractéristique du fascisme : être en rupture avec les doctrines qui le précèdent, faire appel à la jeunesse pour se refaire une virginité, paraître étranger aux polémiques du passé. Marine Le Pen dit volontiers qu'elle n'était pas née, lorsqu'on lui demande de se positionner sur les événements tragiques de l'Histoire, Seconde guerre mondiale, etc. Jean-Marie Le Pen assume plus volontiers ses filiations historiques, régime de Vichy et Algérie française, le corpus idéologique traditionnel de l'extrême droite. Sa fille se présente comme politiquement vierge, sans aucune référence, ou presque. Les grands chefs fascistes réagissaient de même. Ils prenaient soin de se distinguer de la vieille droite réactionnaire.

    4- Ni droite ni gauche. Initialement, ce positionnement n'est pas réservé aux centristes mais ... aux fascistes. C'est la thèse, très pertinente, que défend depuis longtemps l'historien américain Zeev Sternhell, qui en a fait un ouvrage portant ce titre. Jean-Marie Le Pen s'est toujours défini comme appartenant à la "droite nationale", se prétendant porteuse des véritable valeurs de droite, une droite pure en quelque sorte. Marine Le Pen refuse de s'inscrire dans ce clivage traditionnel, qui est encore à ses yeux une marque du système.

    5- L'appel aux technocrates. Alors que Jean-Marie Le Pen s'entouraient de vieux briscards de l'extrême droite, soldats perdus de l'OAS, nostalgiques de Pétain, dévots de l'Ancien Régime, catholiques intégristes, Marine Le Pen va chercher des collaborateurs propres sur eux, au passé irréprochable, des diplômés, des intellectuels, au sein d'une famille politique plutôt habituée aux grandes gueules. Les fascismes procèdent identiquement : Hitler va préférer l'architecte et ingénieur Speer au fanatique Rohm, qu'il va faire assassiner. Comme tout fascisme, le FN s'intellectualise, se technocratise pour se crédibiliser.

    6- Le gauchissement de la doctrine. Tout fascisme reprend à la gauche certains de ses thèmes. Hitler va inventer le national-socialisme, un courant qui se veut révolutionnaire. Marine Le Pen récupère des notions qui étaient absolument étrangères à son père : la laïcité, le protectionnisme, l'anticapitalisme. A l'origine et pendant longtemps, le FN a brandi le concept de capitalisme populaire, s'est inspiré de l'ultra-libéralisme reaganien et thatchérien. Nouvelle confirmation d'un tournant, d'une fascisation du Front national sous la direction de Marine Le Pen. La fille, c'est le père en pire. Lui, c'était l'héritage de Franco et de Salazar ; elle, c'est clairement la filiation Hitler-Mussolini.

    Mais elle ne ressemble ni à l'un, ni à l'autre, me direz-vous : elle ne tient pas un discours ouvertement antisémite, elle ne prétend pas faire la guerre. Oui, je sais, Marine Le Pen ne porte pas de petites moustaches ni ne donne des coups de menton. Mais le fascisme, ce sont des idées dans la tête, adaptées à leur époque, comme déjà Hitler et Mussolini savaient très bien accommodés leurs propos à l'air du temps : Mussolini passait volontiers pour un homme de gauche et Hitler pour un pacifiste. Car c'est ça le fascisme : ne jamais se montrer tel que l'on est.

    Si Marine Le Pen est fasciste, c'est aussi pour des raisons spécifiquement nationales : Zeev Sternhell explique dans ses travaux que le fascisme n'est pas une spécificité italienne ou allemande mais ... française, à la fin du XIXe siècle. Marine Le Pen est donc dans son élément ; elle fait remonter à la surface un fond idéologique très ancien qui est familier à notre pays, aussi étrange que cela puisse paraître. C'est pourquoi je vous recommande l'excellent dernier numéro de Philosophie magazine, qui développe cette idée avec beaucoup de sagacité (en vignette). J'en retiens un seul extrait, de Michel Eltchaninoff (p. 51) : "Marine Le Pen conserve, consciemment ou non, tous les canaux sémantiques de la pensée fasciste traditionnelle : détestation et criminalisation des élites, réveil d'émotions violentes, théorie du complot, défense des valeurs traditionnelles, peur de la dénaturation et appel à la saine réaction du peuple français. Les mots n'y sont plus guère, mais la structure demeure". Tout est dit.

    Nous avons  commis l'erreur de sous-estimer le danger FN. Quelques-uns ont succombé à la tentation folle, irresponsable et vaine de l'instrumentaliser. Beaucoup le considèrent encore comme un mouvement de protestation sociale, de colère populaire. Non, ce n'est pas ça : le vote FN, c'est une adhésion à des valeurs fascistes, d'ordre, d'autorité, de xénophobie, sous couvert de préoccupations sécuritaires et sociales au demeurant parfaitement légitimes. Hitler et Mussolini étaient populaires auprès de millions de braves gens et souvent de pauvres gens qui n'auraient pas fait de mal à une mouche. Leur mouvement n'en était pas moins fasciste. Ce mot de fasciste, il ne faut plus que la gauche ait aujourd'hui peur de l'employer, de culpabiliser à son énoncé.  Facho , plus besoin de faire un dessin, tout le monde doit  comprendre .

    Le Pen fasciste, c'est le cri qui doit retentir sur son passage, qui n'aurait jamais dû cesser d'être sur nos lèvres.

  • DESPROGES

    Extrait du Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis, 2013, Pierre Desproges, Points :

     dictionnaire, superflu, desproges

    Noël : nom donné par les chrétiens à l'ensemble des festivités commémoratives de l'anniversaire de la naissance de Jésus-Christ, dit "le Nazaréen", célèbre illusionniste palestinien de la première année du premier siècle pendant lui-même.

    Chez le chrétien moyen, les festivités de Noël s'étalent du 24 décembre au soir au 25 décembre au crépuscule.

    Ces festivités sont : le dîner, la messe de minuit (facultative), le réveillon, le vomi du réveillon, la remise des cadeaux, le déjeuner de Noël, le vomi du déjeuner de Noël et la bise à la tante qui pique.

    Le dîner : généralement frugal ; rillettes, pâté, coup de rouge, poulet froid, coup de rouge, coup de rouge. Il n'a d'autre fonction que de "caler" l'estomac du chrétien afin de lui permettre d'attendre l'heure tardive du réveillon sans souffrir de la faim.

    La messe de minuit : c'est une messe comme les autres, sauf qu'elle a lieu à vingt-deux heures, et que la nature exceptionnellement joviale de l'événement fêté apporte à la liturgie traditionnelle un je-ne-sais-quoi de guilleret qu'on ne retrouve pas dans la messe des morts.

    Au cours de ce rituel, le prêtre, de son ample voix ponctuée de grands gestes vides de cormoran timide, exalte en d'ennuquiens aigus à faire vibrer le temps, la liesse béate et parfumée des bergers cruciphiles descendus des hauteurs du Golan pour s'éclater le surmoi dans la contemplation agricole d'un improbable dieu de paille vagissant dans le foin entre une viande rouge sur pied et un porte-misère borné, pour le rachat à long terme des âmes des employés de bureau adultères, des notaires luxurieux, des filles de ferme fouille-tiroir, des chefs de cabinet pédophiles, des collecteurs d'impôts impies, des tourneurs-fraiseurs parjures, des O.S. orgueilleux, des putains colériques, des éboueurs avares, des équarisseurs grossiers, des préfets fourbes, des militaires indélicats, des manipulateurs-vérificateurs méchants, des informaticiens louches, j'en passe et de plus humains.

    A la fin de l'office, il n'est pas rare que le prêtre larmoie sur la misère du monde, le non-respect des cessez-le-feu et la détresse des enfants affamés, singulièrement intolérable en cette nuit de l'Enfant.

    Le réveillon : c'est le moment familial où la fête de Noël prend tout sons sens. Il s'agit de saluer l'avènement du Christ en ingurgitant, à dos limite avant éclatement, suffisamment de victuailles hypercaloriques pour épuiser en un soir le budget mensuel d'un ménage moyen. D'après les chiffres de l'UNICEF, l'équivalent en riz complet de l'ensemble foie gras-pâté en croûte-bûche au beurre englouti par chaque chrétien au cours du réveillon permettrait de sauver de la faim pendant un an un enfant du Tiers Monde sur le point de crever le ventre caverneux, le squelette à fleur de peau, et le regard innommable de ses yeux brûlants levé vers rien sans que Dieu s'en émeuve, occupé qu'Il est à compter les siens éructant dans la graisse de Noël et flatulant dans la soie floue de leurs caleçons communs, sans que leur cœur jamais ne s'ouvre que pour rôter.

    La remise des cadeaux : après avoir vomi son réveillon, le chrétien s'endort l'âme en pais. Au matin, il mange du bicarbonate de soude et rote épanoui tandis que ses enfants gras cueillent sur un sapin mort des tanks et des poupées molles à tête revêche comme on fait maintenant.

    Le déjeuner de réveillon : la panse ulcérée et le fois sur les genoux, le chrétien néanmoins se rempiffre à plein groin, se revautre en couinant de plaisir dans les saindoux compacts, les tripailles sculptées de sons cousin cochon et les pâtisseries immondes, indécemment ouvragées en bois mort bouffi. Ô bûche de Noël, indécents mandrins innervés de pistache infamante et cloqués de multicolores gluances hyperglycémiques, plus douillettement couchées dans la crème que Jésus sur le paille, vous êtes le vrai symbole de Noël.

    La bise à la tante qui pique : après avoir vomi son déjeuner, le chrétien reçoit la tante qui pique et la donne à sucer à ses enfants. Si elle pique beaucoup, la tante qui pique devra attendre le Nouvel An pour que les enfants du chrétien aillent lui brouter le parchemin maxillaire contre deux cents grammes de confiseries.

    Le Nouvel An est l'occasion de festivités exactement semblables à celles de Noël, à ce détail près qu'il s'agit cette fois d'un rite païen.