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Actualité - Page 4

  • POUR UN DEPARTEMENT SOLIDAIRE

     
     
    Photo de Jean-Pierre Cochart.
     

     La campagne tire à sa fin, et se trouve donc plutôt atone et sans débats pourtant les enjeux sont importants puisque le département gère notamment le gros budget de l'aide sociale (enfance, handicap, RSA,...). Et d'autre part la poussée attendue du FN risque d'être plus spectaculaire si l'abstention est forte.

    Alors le 22 mars  dans le Canton ANTIBES BIOT Votez pour  MICHELE MURATORE ET AURELIEN BEVERAGGI 

  • SALE JOURNEE

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  • UN AIR DE FAMILLE

    LA UNE DE NICE MATIN

     

    Journal en ligne

     

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  • HOMMAHE BERNARD MARIS

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    Parmi les personnes assassinées ce mercredi 7 janvier, il y avait Bernard Maris, chroniqueur, économiste hétérodoxe et membre du Conseil Général de la Banque de France. En son hommage, nous reproduisons sa chronique du 27 décembre 2013 pour Charlie Hebdo où il défendait le revenu minimum d’existence.

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  • CONTRE LES ABUS BANCAIRES

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  • REFUGIES DE SYRIE

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    La situation dramatique des millions de syriens touchés de plein fouet depuis maintenant plus de 4 ans n’est plus à démontrer..

    Depuis de nombreux mois, AIF dénonce l’absence de solidarité des pays européens et tout particulièrement de la France dans l’aide aux réfugiés syriens entassés dans des camps aux frontières de leur pays, dans des conditions la plupart du temps plus que désastreuses. L’UNHCR a identifié les réfugiés les plus fragiles, qui doivent à tous prix être accueillis par les payx européens au titre de la procédure de “réinstallation”.
    La France qui s’était inscrite pour l’accueil de 500 personnes en 2014 et a renouvelé cet engagement en 2015 pour un nombre identique, n’a toujours pas totalement concrétisé cet engagement, et devrait se montrer plus généreuse et solidaire dans cette action.
     
    Aussi, AIF a lancé cette action, qui s’inscrit également dans la campagne SOS EUROPE, et demande à tous les groupes, en fonction de leurs moyens et de leur contexte local, de réaliser au moins en partie cette campagne.
    Le plus simple consiste en la réalisation de photos, avec les panneaux qui sont joints, soit à l’occasion d’une réunion du groupe, soit à une autre occasion, photos à envoyer ensuite sur le site de l’extranet (lien d’accès dans ce message ci-dessous ).
     
    J’espère qu’il vous sera possible, avec les militants et sympathisants , de vous joindre à cette action de solidarité internationale.
     
    Agissez pour que la France se montre plus solidaire avec les réfugiés de Syrie et les pays voisins de la Syrie !

    Vous trouverez les informations dans la Circulaire et le Quéstions1Réponses ci-joint, et plus de matériel est disponible sur l’extranet :

    http://extranet.amnesty.fr/actions/droits-des-personnes-deracinees/circulaires/reinstallation-des-refugies-de-syrie

    Pour toute question, merci de contacter scampagne@amnesty.fr et la coordination syrie

  • DESOBEIR A LA FINANCE

    La dette ? Une construction sociale, fondatrice d’un pouvoir arbitraire, estime David Graeber, anthropologue et économiste états-unien, considéré par le New York Times comme l’un des intellectuels les plus influents actuellement. Les pays pauvres et les personnes endettées sont aujourd’hui enchainés aux systèmes de crédit. Piégés dans des relations basées sur la violence, les inégalités et justifiées par la morale, décrit l’auteur, dans un ouvrage qui retrace 5000 ans d’histoire de la dette. « Rembourser ses dettes » est devenu un dogme, impossible à contester. Et si, malgré tout, on décidait d’effacer l’ardoise ? Avec le mouvement Occupy Wall Street, David Graeber lance des actions de désobéissance civile pour démontrer l’absurdité du système capitaliste actuel. Entretien.

    Basta ! : A quel moment dans l’histoire le crédit est-il apparu ? Qu’est-ce qu’une dette ?

    David Graeber : La dette est une promesse, qui a été pervertie par les mathématiques et la violence. On nous a raconté une histoire : « Il était une fois des gens qui utilisaient le troc. Voyant que cela ne marchait pas très bien, ils ont créé la monnaie. Et l’argent nous a amené le crédit. » Du troc au crédit, une sorte de ligne droite nous amènerait donc à la situation actuelle. Si on regarde plus attentivement l’histoire, cela s’est passé bien différemment ! Le crédit a d’abord été créé. La monnaie physique est apparue quelques milliers d’années plus tard. Cela permet de poser les questions différemment : comment sommes-nous passés d’un système où les gens disaient « je vous dois une vache », à un système où l’on peut mesurer la valeur exacte d’une dette ? Ou l’on peut assurer, formule mathématique à l’appui, que « 340 poulets sont équivalents à cinq vaches » ? Comment une promesse, une obligation de remboursement, est devenue une « dette » ? Comment l’idée que nous devons une faveur a-t-elle été quantifiée ?

    En quoi quantifier une dette est-elle un problème ?

    Quantifiable, la dette devient froide, impersonnelle et surtout transférable : l’identité du créancier n’a pas vraiment d’importance. Si je promets de vous rencontrer à cinq heures demain, vous ne pouvez pas donner cette promesse à quelqu’un d’autre. Parce que la dette est impersonnelle, parce qu’elle peut être exigible par des mécanismes impersonnels, elle peut être transférée à une autre personne. Sans ces mécanismes, la dette est quelque chose de très différent. C’est une promesse qui repose sur la confiance. Et une promesse, ce n’est pas la négation de la liberté, au contraire, c’est l’essence de la liberté ! Être libre, c’est justement avoir la capacité de faire des promesses. Les esclaves ne peuvent pas en faire, ils ne peuvent pas prendre d’engagements auprès d’autres personnes, car ils ne sont pas sûrs de pouvoir les tenir. Être libre, c’est pouvoir s’engager auprès d’autrui.

    Au contraire, le « remboursement de la dette » est devenu un dogme moral…

    La dette a été transformée en une question d’arithmétique impersonnelle, en l’essence même de l’obligation morale. C’est ce processus que nous devons défaire. Il est fascinant aussi de voir le lien entre la notion de dette et le vocabulaire religieux, de constater comment les premières religions débutent avec le langage de la dette : votre vie est une dette que vous devez à Dieu. La Bible par exemple commence avec le rachat des péchés… Devenue dogme moral, la dette justifie les dominations les plus terribles. On ne peut comprendre ce qu’elle représente aujourd’hui sans un détour par cette longue histoire de la dette comme justification morale de relations de pouvoir inégales. Le langage de la dette permet de justifier une relation de pouvoir arbitraire. Et il est très difficile d’argumenter face à un pouvoir arbitraire sans adopter le même langage.

    Lire aussi : Les mots nous manipulent : agissons pour une reconquête des concepts !

    Vous citez l’exemple de la mafia…

    Parler de dette devient un moyen pour décrire des relations inégales. Les mafieux ont compris cela : ils utilisent souvent le terme de dette, même si ce qu’ils font est en réalité de l’extorsion. Quand ils annulent ou reportent certaines dettes, cela passe pour de la générosité ! C’est comme les armées qui font payer un tribut aux vaincus : une taxe en échange des vies épargnées. Avec le langage de la dette, on dirait que ce sont les victimes qui sont à blâmer. Dans de nombreuses langues, dette, culpabilité et péché sont le même mot ou ont la même racine.

    La monnaie, qui permet de quantifier précisément la valeur d’une dette, apparaît d’ailleurs dans les situations de violence potentielle. L’argent est aussi né du besoin de financer les guerres. La monnaie a été inventée pour permettre aux États de payer des armées professionnelles. Dans l’Empire romain, la monnaie apparait exactement là où stationnent les légions. De la même façon, le système bancaire actuel a été créé pour financer la guerre. Violence et quantification sont intimement liés. Cela transforme les rapports humains : un système qui réduit le monde à des chiffres ne peut être maintenu que par les armes.

    Il y a aussi une inversion : le créancier semble être devenu la victime. L’austérité et la souffrance sociale sont alors considérées comme un sacrifice nécessaire, dicté par la morale…

    Absolument. Cela permet par exemple de comprendre ce qui se joue en Europe aujourd’hui. L’Europe est-elle une communauté de partenaires égaux ? Ou y a-t-il une relation de pouvoir entre entités inégales ? Est-ce que tout peut être renégocié ? Quand une dette est établie entre égaux, elle est toujours traitée comme une promesse. Nous renégocions des promesses tout le temps, car les situations changent : si je vous promets de vous voir demain à cinq heures, si ma mère meurt, je ne suis pas obligé de tenir ma promesse.

    Les gens riches peuvent être incroyablement compréhensifs concernant la dette des autres riches : les banques états-uniennes Goldman Sachs et Lehman Brothers peuvent se concurrencer, mais quand quelque chose menace leur position générale de classe, soudain elles peuvent oublier toutes les dettes contractées si elles le veulent. C’est ce qui s’est passé en 2008. Des trillions de dollars de dettes ont disparu, parce que cela arrangeait les puissants. De la même façon des gens pauvres vont être très compréhensifs les uns envers les autres. Les prêts que l’on fait à des proches sont finalement souvent des cadeaux. C’est lorsqu’il y a des structures d’inégalités, que soudain la dette devient une obligation morale absolue. La dette envers les riches est la seule à être vraiment « sacrée ». Comment se fait-il que Madagascar soit en difficulté quand il doit de l’argent aux États-Unis, mais que lorsque ce sont les États-Unis qui doivent de l’argent au Japon, c’est le Japon qui est en difficulté ? Le fait notamment que les États-Unis ont une puissante armée change le rapport de force…

    Aujourd’hui, on a l’impression que la dette a remplacé les droits : les droits à la formation ou au logement se sont transformés en droit au crédit ?

    Certains utilisent leur maison pour financer leur vie en contractant de plus en plus de prêts hypothécaires. Leurs maisons deviennent des distributeurs de billets. Les micro-crédits pour faire face aux problèmes de la vie se multiplient, en substitution de ce qui était auparavant assuré par l’État-providence, qui donnait des garanties sociales et politiques. Aujourd’hui, le capitalisme ne peut plus offrir un bon « deal » à tout le monde. On sort de l’idée que chacun pourrait posséder un bout du capitalisme : aux États-Unis, chacun était censé pouvoir investir dans les entreprises, qui en fait exploitent chacun. Comme si la liberté consistait à posséder une part de notre propre exploitation.

    Lire aussi : 1% des gens contrôle 50% des richesses, que faire ?

    Puis les banquiers ont transformé la dette en produits bancaires, échangeables comme de la monnaie…

    C’est incroyable ! Il y a six ans, même des gens très intelligents disaient : « Que ces gens sont brillants, ils ont créé de l’argent à partir de rien ». Ou plutôt avec des algorithmes tellement complexes, que seuls des astrophysiciens pouvaient les comprendre. Mais cette incroyable sophistication s’est révélée être une escroquerie ! J’ai eu récemment des entretiens avec de nombreux astrophysiciens, qui m’ont affirmé que ces chiffres ne veulent rien dire. Tout ce travail semble très sophistiqué, mais en fait il ne l’est pas. Une classe de personnes a réussi à convaincre tout le monde qu’ils étaient les seuls à pouvoir comprendre. Ils ont menti et les gens les ont cru. Soudain, un pan de l’économie a été détruit, et on a vu qu’eux-mêmes ne comprenaient pas leurs instruments financiers.

    Pourquoi cette crise n’a-t-elle pas changé notre rapport à la dette ?

    A cause d’un profond déficit intellectuel. Leur travail idéologique a été tellement efficace que tout le monde est convaincu que le système économique actuel est le seul possible. Nous ne savons pas quoi faire d’autre. Alors nous posons un morceau de scotch sur le problème, prétendant que rien ne s’est passé. Où cela nous mènera-t-il ? A une nouvelle panne. Nous entrons désormais dans une nouvelle étape : celle du jeu défensif. Comme la plupart des justifications intellectuelles du capitalisme s’effondrent, ses promoteurs attaquent aujourd’hui toutes les alternatives possibles. En Grande-Bretagne, après la crise financière, la première chose qu’ont voulu faire les responsables économiques a été de réformer le système scolaire, pour le rendre plus compétitif. En réalité, le rendre plus semblable au système financier ! Pourquoi ? Sans doute parce que l’enseignement supérieur est un des seuls espaces où d’autres idées, d’autres valeurs, peuvent émerger. D’où la nécessité de couper court à toute alternative avant qu’elle ne puisse émerger. Ce système éducatif fonctionnait pourtant très bien jusqu’à présent, alors que le système financier a failli de manière spectaculaire. Il serait donc plus pertinent de rendre le système financier semblable au système éducatif, et non l’inverse !

    Aujourd’hui, aux États-Unis, des gens sont emprisonnés pour incapacité à rembourser leurs dettes. Vous citez l’exemple d’un homme condamné à la prison en 2010 dans l’État de l’Illinois pour une durée illimitée, tant qu’il n’aura pas réussi à rembourser 300 dollars…

    Aux États-Unis, des gens sont emprisonnés parce qu’ils n’ont pas réussi à payer les frais de citation en justice. Alors qu’il est presque impossible de poursuivre des banques pour des saisies illégales ! Les banques peuvent toujours aller voir la police pour leur demander de vous arrêter pour défaut de paiement, même si tout le monde sait qu’il s’agit d’une saisie illégale. Pouvoir financier et pouvoir politique sont en train de fusionner. Police, collecteurs d’impôts, les personnes qui vous expulsent de vos maisons, opèrent directement dans l’intérêt des institutions financières. Peu importe votre revenu, quelqu’un signe votre expulsion et la police vous fait sortir de votre maison.

    Aux États-Unis, tout le monde croyait faire partie de la classe moyenne. Ce n’est pas vraiment une catégorie économique, plutôt une catégorie sociale et politique : on peut considérer que font partie de la classe moyenne les citoyens qui se sentent plus en sécurité quand ils voient un policier, que l’inverse. Et par extension, avec toutes les autres institutions, banques, écoles… Aujourd’hui, moins de la moitié des Américains considèrent qu’ils font partie de la classe moyenne, contre les trois quarts auparavant. Si vous êtes pauvres, vous supposez que le système est contre vous. Si vous êtes riches, vous avez tendance à croire que le système est avec vous. Jusqu’à présent aucun banquier n’a été mis en prison pour des actes illégaux durant la crise financière. Et des centaines de manifestants ont été arrêtés pour avoir tenté d’attirer l’attention sur ces faits.

    La dette provoque toujours contestation et désordre dans les sociétés, écrivez-vous. Et depuis 5000 ans, les insurrections populaires commencent très souvent par la destruction des registres de dette…

    La dette semble être le plus puissant des langages moraux jamais créés pour justifier les inégalités et les rendre « morales ». Mais quand tout explose, c’est avec une grande intensité ! L’historien britannique Moisis Finley défendait l’argument que dans le monde antique, il n’y avait qu’une seule demande révolutionnaire : abolir les dettes, et ensuite redistribuer les terres. De la décolonisation de l’Inde à l’Amérique latine, les mouvements d’abolition des dettes semblent partout une priorité. Lors de révolutions paysannes, une des premières actions des insurgés est de trouver les registres de dettes pour les brûler. Puis les registres de propriété des terres. La raison ? La dette, c’est pire que si vous dites à quelqu’un qu’il est inférieur, esclave, intouchable. Car cela signifie : « Nous ne sommes pas fondamentalement différents, vous devriez être mon égal, mais nous avons conclu un contrat d’affaires et vous avez perdu. » C’est un échec moral. Et cela peut engendrer encore plus de colère. Il y a quelque chose de profondément insultant, dégradant avec la dette, qui peut provoquer des réactions très violentes.

    Vous réclamez un jubilé, c’est-à-dire un effacement des dettes – dettes souveraines des États mais aussi dettes individuelles. Quel impact économique cela aurait-il aujourd’hui ?

    Je laisse les détails techniques aux économistes… Cela supposerait notamment de revenir à un système public pour les pensions de retraite. Les précédentes annulations de dettes n’ont jamais concerné toutes les dettes. Mais certains types de dettes, comme les dettes de consommation ou la dette souveraine des États, pourraient être effacées sans réels effets sociaux. La question n’est pas de savoir si l’annulation de dette va avoir lieu ou pas : les gens qui connaissent bien la situation admettent que cela va évidemment arriver. La Grèce, par exemple, ne pourra jamais rembourser sa dette souveraine, elle sera progressivement effacée. Soit avec de l’inflation – une manière d’effacer la dette qui a des effets délétères – soit par des formes d’annulation directe. Est-ce que cela arrivera « par en bas », sous la pression des mouvements sociaux, ou « par en haut », par une action des dirigeants pour tenter de préserver le système ? Et comment vont-ils habiller cela ? Il est important de le faire de manière explicite, plutôt que de prétendre à un simple « rachat » de la dette. Le plus simple serait de dire qu’une partie de la dette est impayable, que l’État ne garantit plus le paiement, la collecte de cette dette. Car pour une grande part, cette dette existe uniquement parce qu’elle est garantie par l’État.

    L’effacement de la dette des États, c’est la banqueroute. Les experts du FMI ou de la Banque mondiale seront-ils un jour d’accord avec cette option ?

    Le FMI annule actuellement des dettes en Afrique. Les experts savent que la situation actuelle n’est pas viable. Ils sont conscients que pour préserver le capitalisme financier et la viabilité à long terme du système, quelque chose de radical doit avoir lieu. J’ai été surpris de voir que des rapports du FMI se réfèrent à mon livre. Même au sein de ces institutions, des gens proposent des solutions très radicales.

    Est-ce que l’annulation de dettes signifie la chute du capitalisme ?

    Pas nécessairement. L’annulation de dettes peut aussi être un moyen de préserver le capitalisme. Mais à long terme, nous allons vers un système post-capitaliste. Cela peut paraître effrayant, puisque le capitalisme a gagné la guerre idéologique, et que les gens sont convaincus que rien d’autre ne peut exister que cette forme précise de capitalisme financier. Il va pourtant falloir inventer autre chose, sinon dans 20 ou 30 ans, la planète sera inhabitable. Je pense que le capitalisme ne sera plus là dans 50 ans, mais je crains que ce qui arrive ensuite soit encore pire. Nous devons construire quelque chose de mieux.

    Dans le cadre du mouvement Occupy Wall Street, vous êtes l’un des initiateurs de la campagne Rolling Jubilee. Quels sont ses objectifs et son impact ?

    C’est un moyen de montrer à quel point ce système est ridicule. Aux États-Unis, des « collecteurs » achètent de la dette, à 3% ou 5% du montant de la dette initiale, et vont ensuite tenter de recouvrer la totalité de l’argent en faisant payer les personnes endettées. Avec la campagne Rolling Jubilee, nous faisons comme ces collecteurs de dette : nous achetons collectivement nous-mêmes de la dette – ce qui est parfaitement légal – et ensuite, au lieu d’exiger leur remboursement, nous effaçons ces dettes ! Quand nous atteindrons un niveau où cela commence à avoir un effet réel sur l’économie, ils trouveront sans doute un moyen de rendre ça illégal. Mais pour le moment, c’est un bon moyen de mettre en évidence l’absurdité du système. En complément, nous développons le projet « Drom », Debt resistors operation manuel, qui fournit des conseils légaux et pratiques aux personnes endettées.

    Lire aussi : Désobéissance civile : exemples d’actions à mener au quotidien !

    La façon la plus simple de désobéir à la finance, c’est de refuser de payer les dettes. Pour lancer un mouvement de désobéissance civile contre le capitalisme, on peut commencer par là. Sauf que les gens le font déjà ! Un Américain sur sept est poursuivi par un collecteur de dettes. 20 % au moins des prêts étudiants sont en situation de défaut. Si vous ajoutez les prêts hypothécaires, sur les 80 % de la population qui sont endettés aux États-Unis, entre un quart et un tiers sont déjà en situation de défaut de paiement ! Des millions d’Américains font déjà de la désobéissance civile par rapport à la dette. Le problème est que personne ne veut en parler. Personne ne sait que tout le monde le fait ! Comment réunir tous ces gens isolés ? Comment organiser un mouvement social si tout le monde a honte de ne pas réussir à rembourser ses dettes ? À chaque fois que vous refusez de payer une dette médicale, une dette « odieuse » créée par la collusion entre gouvernement et financiers – qui piège les gens dans des dettes que vous n’avez d’autre choix que de subir – vous pouvez dépenser votre argent pour quelque chose de socialement important. Nous voulons encourager les « coming-out » sur cette résistance au système. Fédérer cette armée invisible de gens qui font défaut, qui sont déjà sur le terrain de bataille, s’opposant au capitalisme par une résistance passive.

    Propos recueillis par Agnès Rousseaux pour Bastamag.net

  • C'ETAIT COLETTE

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     Triste nouvelle , de  retour de la réunion annuelle des secrétaires de section PS  à Paris  j'appris le décés  de notre camarade Colette Felendler

    Colette était la plus ancienne militante de la section d'Antibes  puisqu'elle y  adhéra en 1971 et en fut trésorière . Militante active , engagée , dévouée présente plusieurs fois sur nos listes municipales , souvent assesseur au bureau de vote , elle fut aussi ma mandataire financière rigoureuse et compétente pour ma campagne électorale des cantonales  il y a 6 ans . Femme de conviction , elle fut aussi présidente de la LICRA d' Antibes  

    La section d'Antibes perd une camarade , une amie et aussi la mémoire de cette  section..

    Chacun se souvient de son intervention en janvier 2014 pour la présentation de la liste municipale où entourée de Marc Daunis , Patrick Allemand et tous les collistiers antibois elle fit l'historique de la section citant tous les anciens secrétaires avec qui elle avait militée.

     Ses obsèques se dérouleront lundi 9 à 14 h au funérarium de La Fontonne et inhumation au cimetière des Semboules à 15 h

     

  • SOYONS DIDIER

    Didier Paquis, paraplégique suite à une tumeur, s’est lancé un nouveau défi. Après le tour de France en handbike, il veut changer le regard porté sur le handicap.

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    Paraplégique suite à une tumeur de la moëlle épinière, Didier Paquis, le Biermois ne s’est pas laissé démonter par le sort. Il a investi le sport et en dépit de son handicap moteur, il pratique le handbike tous les jours et avait même réalisé un tour de France en 2013, ce qui lui avait valu le titre d’Ardennais de l’année. Aujourd’hui, Didier Paquis, revient avec une nouvelle initiative. La création d’une antenne du comité départemental handisport sur le Rethélois, sur Rethel-Attigny-Vouziers. « C’est un projet qui a mûri sur plusieurs mois », dit-il. Le but de Didier Paquis et de ses amis est d’encourager les personnes en situation de handicap à faire du sport. « On peut pratiquer le handbike, mais aussi le ping-pong, le handfauteuil, nous sommes aidés en cela par le comité départemental handisport et le comité régional, avec la base de l’association À tout va.»

    L’autre but de l’association, c’est de se faire connaître pour changer le regard que l’on peut poser sur le handicap ou les personnes en situation de handicap. « Nous aimerions organiser trois manifestations sur ces trois communes, Rethel, Attigny et Vouziers. » Souvent les adultes comme les enfants n’osent pas aller vers les personnes en situation de handicap, les activités sportives, sont un vecteur d’intégration. « On envisage de créer des séances d’entraînement, que ce soit en handbike ou encore au tir à l’arc. À Attigny, on a un projet de courses-fauteuil. Ce qui serait bien, c’est de mettre les personnes valides en situation simulée de handicap, pour qu’elles puissent constater dans quel monde nous vivons. » Didier Paquis aimerait faire tomber les préjugés et intégrer toutes les sortes de handicaps pas seulement moteurs. « C’est vrai que cet accident de la vie m’a changé. Je ne suis plus le même. ». Ancien cadre dans la grande distribution, Didier Paquis reconnaît être devenu « plus mûr, plus posé ». « J’ai envie de croquer la vie à pleines dents. » Avec le comité handisport, Didier Paquis intervient dans les écoles, notamment au collège Sorbon à Rethel et ailleurs dans les Ardennes « Ce sont des moments très précieux, car on peut avoir un contact direct et évoquer le monde du handicap sous un aspect pédagogique qui permet de faire évoluer les mentalités.»

     

    Virginie Kiefer

    L'UNION  L'ARDENNAIS

  • LES CARICATURES DU PAPE

     

    LIBERTÉ D'EXPRESSION: LES CARICATURES DU PAPE

     Mon dernier article, paru ce matin dans LIbération (28 Janvier 2015)
    Bien amicalement à tous
    Henri Pena-Ruiz

    Ancien membre de la Commission Stasi sur l'application du principe de laïcité
    Dernier ouvrage paru : Dictionnaire amoureux de la laïcité (Editions Plon)
    Prix national de la laïcité 2014.

    Citons le pape François : «Si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s'attendre à un coup de poing, et c'est normal. On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision.» En voulant faire de la pédagogie sur les limites de la liberté d’expression, le pape François se livre à des caricatures qui jouent sur l’amalgame et la confusion.
    D’une part, il met sur le même plan une insulte personnelle (parler mal de Regina Maria Sivori, sa mère) et un dessin caricatural ciblé sur une religion. D’autre part il établit une équivalence entre ce dessin, représentation fictionnelle, et une violence physique réelle : donner un coup de poing. Certes, il y a loin du coup de poing à la rafale de kalachnikov, mais ici le registre de la violence semble validé comme juste réponse à une dérision par signes (« c’est normal », ose-t-il dire). On se demande alors quelle portée peuvent bien avoir les condamnations verbales de la violence données en préalable.
    Le pape, au passage, gomme la chronologie de l’histoire réelle. Car ce n’est pas la caricature qui est première et le meurtre second, mais l’inverse. Il faut rappeler que les caricatures de Charlie relayaient celles de caricaturistes danois après l’assassinat, le 2 novembre 2004, du cinéaste Theo Van Gogh, auteur du film Submission portant sur la domination des femmes dans une contexte islamiste. Et par le dessin satirique elles ne visaient pas les musulmans en général, mais un prophète qui justifierait le meurtre. Pas d’amalgame, donc, entre personnes musulmanes et fanatisme religieux.
    On est donc consterné devant une comparaison qui sans légitimer le meurtre lui-même ose lui trouver des circonstances atténuantes. Deux fautes simultanées. D’une part l’incroyable confusion entre la mise en cause d’une religion et l’insulte à une personne comme telle. D’autre part une étrange conception de la justice, puisque le pape d’une religion dite d’amour trouve justifié qu’en cas d’insulte personnelle on se fasse justice à soi-même par une violence physique. Nous sommes loin de la parabole de la joue tendue.
    Mais il y a plus grave : la volonté implicite de pénaliser le blasphème par une sorte de chantage : pour éviter les violences criminelles respectez la religion ! D’où la question : qu’est-ce qui est respectable ? Issu d'un mot latin qui désigne le regard empreint de considération (respectus), le respect s'applique aux personnes et non aux choses ou aux croyances. C'est le sentiment qu'un être humain, comme tel, mérite des égards. Bref, ce qui est respectable, c'est la personne humaine et sa liberté, non sa conviction particulière. Ainsi par exemple le propos de Philippe Tesson insultant les musulmans comme tels (« les musulmans amènent la merde en France aujourd'hui. ») relève de l'injure raciste, puisqu'il met en cause non une conception religieuse mais un groupe de personnes en raison de leur religion. De façon similaire, toute dérision portant sur la Shoah fait insulte à la mémoire douloureuse des Juifs comme tels, et vaut délit. Il n’y a donc pas deux poids deux mesures pour une chose identique, mais deux choses rigoureusement distinctes au regard du droit. Les dessins satiriques de Charlie Hebdo, quant à eux, n'ont jamais visé les personnes ou les groupes de personnes comme telles.
    Il faut d'ailleurs en finir avec les mots pièges qui amalgament la critique d'une religion à l'insulte des croyants. Le terme d'islamophobie est de ceux-là puisqu'il cherche à établir la confusion entre rejet d’une religion et rejet de ses fidèles. Le seul délit incontestable est le racisme qui vise les musulmans, c'est à dire la mise en cause d'une personne ou d'un groupe de personnes du fait de sa religion. Dans le même esprit, l'antisémitisme est à l'évidence un délit, mais la judaismophobie, si l'on entend par là le rejet de la religion de certains juifs, ne pourrait être confondue avec le racisme anti-juif. Imaginons enfin que les athées ulcérés d'être considérés comme des vecteurs d'immoralisme inventent le terme athéophobie et proclament que toute caricature de l'athéisme est un délit. Nombre de religieux ne se privent pas de telles violences polémiques, et ils en ont le droit tant qu'ils ne visent qu’une conviction.
    Un croyant est libre de croire en Dieu, un athée libre d'affirmer un humanisme sans dieu. Le croyant et l'incroyant sont également respectables comme être humains libres. Ils peuvent coexister, mais à la condition que l'option de l'un ne s'impose pas à l'autre. L'athée peut donc critiquer la religion, et le croyant l'athéisme. La psychologie du fanatisme refuse quant à elle cette distinction car elle rejette toute distance entre la personne et sa conviction. Elle exige donc le respect des croyances et pas seulement celui des personnes croyantes. Comme si la croyance, inséparable de l'être, collait à sa peau. D'où le délit de blasphème, qui entend pénaliser toute critique d'une religion en prétendant qu'elle insulte les personnes croyantes comme telles.
    Face à cela, l’éducation doit promouvoir la distance à soi, contre-poison du fanatisme. Montaigne, contemporain des guerres de religion, rappelait : « Il ne faut pas confondre la peau et la chemise ». Arrêtons de dire qu'en cultivant une telle distance intérieure on installe les gens dans la schizophrénie ! L’apologie de la spontanéité indûment confondue avec l'authenticité est dangereuse. Chaque personne peut assumer librement sa foi religieuse ou son athéisme, mais sans oublier qu’elle est aussi dépositaire d’une humanité universelle. L'incitation laïque à la retenue et à la distance intérieure est source de paix : elle inspire le respect de l'autre sans exiger pour autant le respect de son opinion.
    La loi commune, fondée sur le droit, ne peut dépendre d'aucune croyance particulière, car elle doit valoir pour tous. Bayle: "Il n'y a de blasphème que pour celui qui vénère la réalité blasphémée". On voit bien que la laïcité n'est nullement antireligieuse. Simplement elle consiste à rappeler que la religion ne doit engager que ses adeptes, et eux seuls.
    Le fanatisme religieux, on l'a vu, est prêt à noyer dans le sang le droit à la vie et la liberté d'expression. Ne lui donnons aucune excuse. Et ne mélangeons pas tout en prétendant que l'Islam étant par ailleurs la religion de beaucoup d'opprimés des égards particuliers seraient dus à l'islamisme politique.
    Double confusion, là encore. S'en prendre à l'islamisme, ce n'est pas s'en prendre aux musulmans, qui en sont souvent les premières victimes. Pas d'amalgame. Par ailleurs on ne résout pas une injustice sociale en taisant l'exigence laïque. Les grands registres d'émancipation vont de pair, comme le soulignait Karl Marx en faisant l'éloge de l'oeuvre à la fois laïque et sociale accomplie par les Communards de Paris en 1871. Bref, arrêtons d'imputer à la laïcité les exclusions qui relèvent de problèmes économiques et sociaux ou de mentalités encore marquées par l'idéologie raciste. Et traitons ainsi les deux grandes questions de l’intégration républicaine sans erreur de diagnostic.