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CHARLEVILLE-MEZIERES (Ardennes). Dans notre édition du 2 juin, nous avons raconté par le menu comment un cadre de Carrefour, venu inspecter le magasin de la Croisette, avait insulté et humilié des salariés devant leurs clients stupéfaits. Aujourd'hui, l'enseigne nie l'évidence avec une mauvaise foi qui pourrait prêter à rire, ne serait la gravité des faits.
ON dirait un enfant pris la main dans le pot de confiture et qui, dans un touchant réflexe d'auto-défense, affirmerait avec aplomb à ses parents qu'il est demeuré sage comme une image, les bras croisés, alors même que son visage porte encore les traces poisseuses de son excès de gourmandise… Erik San Lazaro, directeur opérationnel de Carrefour, est l'un de ces sales gosses à qui on a envie de filer des claques. Sauf qu'il a la cinquantaine, qu'il exerce d'importantes responsabilités au sein du groupe qui l'emploie et qu'à défaut de sucreries, son péché mignon semble être de passer à la moulinette ses subordonnés, y compris en public.
Le droit de réponse envoyé par ce triste sire, et que nous nous faisons un plaisir de publier in extenso, constitue un véritable cas d'école. Version mauvais élève, malheureusement pour Carrefour… Comme indiqué dans l'article paru jeudi, nous avons à une bonne dizaine de reprises tenté de joindre Erik San Lazaro pour qu'il nous fournisse sa version des faits. Qu'il nous explique pourquoi il se permet de porter atteinte à la dignité des salariés qu'il dirige. Cet important personnage, directeur opérationnel de la région Nord, n'a pas jugé bon de décrocher son téléphone pour nous répondre. Mais bizarrement, une fois notre article paru et le scandale porté au grand jour, il ne lui a fallu que quelques heures pour réagir, (mal) conseillé par une boîte de com' travaillant pour son entreprise : il nie l'évidence.
Vendredi 27 mai, Erik San Lazaro, directeur opérationnel de Carrefour, venu de Paris pour inspecter l'établissement carolo, avait violemment invectivé les salariés.
Je positive…
Il aurait pu invoquer le surmenage, affirmer la main sur le cœur que ses mots et ses gestes avaient dépassé sa pensée, qu'il s'était laissé emporter. Il aurait pu s'excuser, plaider la bonne foi et promettre qu'on ne l'y reprendrait plus. Il aurait pu tout simplement ne rien dire, faire profil bas, se prendre la soufflante que ses chefs, dérangés en plein pont de l'Ascension, ont dû lui passer et en rester là. Mais non.
Sans doute peu habitué à la contradiction, Erik San Lazaro a préféré opter pour le déni pur et simple, osant même affirmer, dans un élan de compassion propre à tirer des larmes au plus retors des syndicalistes, qu'il « accorde une très grande importance au respect des collaborateurs » avec lesquels il travaille. Sans doute les mêmes collaborateurs qui, selon sa propre expression, « font du boulot de merde »…
Le contre-feu de la hiérarchie, gênée aux entournures par cette sale histoire alors que le groupe Carrefour connaît actuellement d'autres soubresauts, avec une nouvelle grève chez Carrefour Market, a pris une deuxième tournure. Sur place, au magasin de la Croisette, la direction a fait le tour des employés carolos, le journal à la main, cherchant à minimiser l'incident et jouant de la corde sensible sur le thème : « Toute cette histoire relatée par la presse peut entamer la réputation du magasin et lui porter préjudice. » Sous entendu, « Faites attention à ne pas griller votre gagne-pain… »
Bref, on tente de serrer les rangs et de faire comme si rien d'anormal ne s'était passé. C'est d'ailleurs bien connu, « Avec Carrefour, je positive »…
Jean-Claude ROUSSEL L'Union L'Ardennais