John McCain a choisi une femme pour Vice Présidente. A priori, on pourrait être satisfait, sur le plan du symbole, des tickets des candidats démocrates et républicains à la présidence des Etats-Unis. La plus puissante nation du monde aura comme principaux candidats, pour la première fois, un Noir et une femme (même si cette dernière est cantonnée à la Vice Présidence).
Mais pourquoi a-t-il fallu que le candidat républicain choisisse Sarah Palin ? Pour récupérer l’électorat déçu d’Hillary ? Pour satisfaire les plus conservateurs des républicains, lui qui est considéré comme modéré ? Il l’a présentée comme « apportant le changement et la réforme » : l’aurait-il choisi pour contrer l’image véhiculée par Obama sur ce terrain-là ? Sans doute pour la plupart de ces raisons.
Je voudrais m’arrêter sur la personnalité de Sarah Palin (que je viens de découvrir d’ailleurs à l’occasion de sa désignation). Ce n’est pas sur son manque d’expérience que je m’arrêterai (elle est gouverneur de l’Alaska depuis 2006 seulement), mais sur ses choix politiques. Conservatrice, elle l’est, et sur tous les terrains. Membre du puissant lobby des armes à feu, la NRA (National Rifle Association), opposée à l’avortement, au mariage homosexuel… Elle rejoint McCain sur les questions environnementales et énergétiques : elle est pour l’ouverture aux forages pétroliers de la Réserve naturelle Arctique et en faveur de la construction d’un gazoduc à travers l’Alaska contre lesquelles se battent les écologistes.
Il est extrêmement surprenant (et consternant) pour un Européen de voir que des questions de société, qui font chez nous l’objet – à de rares exceptions près – d’un consensus, sont encore au cœur des débats aux Etats-Unis. Alors que l’avortement y est légal depuis une vingtaine d’années (la Cour suprême considère qu’il s’agit d’une affaire privée concernant uniquement la femme enceinte), le combat des opposants n’a jamais cessé.
C’est ainsi que lors de la Convention Nationale Démocrate de Denver, de nombreuses provocations se sont déroulées, aux abords de la salle, des militants pro-life ou plutôt anti-choice (ceux qui étaient là étaient d’ailleurs tous des hommes) : grandes affiches indécentes et écœurantes, lecture de passages de la Bible censés justifier leurs positions(aimez-vous les uns les autres..), dénonciations à grands coups de mégaphone… A aucun moment, les agressés n’ont répondu à la provocation. Mais le lendemain, de nombreuses militantes pro-choice sont venues manifester très dignement devant les portes de la Convention.
Le conservatisme d’une grande partie de la classe politique me choque énormément. On me dira que ce n’est que le reflet d’une société empreinte de puritanisme religieux. Sans doute.