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  • A MEDITER

    Ils ont fait science po, passé ou non un concours de l’administration, regardé autour d’eux… Et finalement trouvé un poste d’attaché parlementaire ou encore un job dans une collectivité et, pour les plus chanceux ou les plus habiles, dans un « Cabinet ».

    Dans ces milieux un tantinet confinés, ils ont pris le virus. Rien à reprocher : la densité d’intelligence y est grande, les sujets d’intérêt nombreux et variés, l’endogamie forte et l’impression d’appartenir à une sorte d’élite pensante, bougeante et agissante, porteuse. L’envie vient d’aller plus loin, de fabriquer soi-même de l’immédiat au lieu de travailler à façon celui des autres, de projeter, d’échafauder, de bâtir ou du moins de le croire.

    Cinq ou dix ans ont passé, ils entrent à leur tour dans la piscine. Grand bain pour les museaux les plus fins (tenter une élection uninominale, cantonale le plus souvent), moyen bassin pour la plupart (figurer sur une liste municipale ou régionale), pataugeoire pour les encore timides (tenir un rôle dans une équipe de campagne). Ils gagnent ou ils perdent, mais ils demeurent dans cet entre-soi réconfortant où l’on partage les mêmes idées avec, bien souvent, l’impression d’avoir raison.

    Ceux qui gagnent du premier coup sont les plus à risque : ils n’ont plus seulement le virus, mais la maladie. Grand air, bobine sur le journal après l’avoir eue sur de grandes affiches, ils sont quelqu’un, c’est à dire déjà plus tout-à-fait eux-mêmes. Les autres retenteront. Ce sera plus ou moins long, plus ou moins brillant, quelquefois péniblement stationnaire, mais ils arriveront quelque part, même si pas toujours où ils voulaient.

    Le danger maximum vient avec le succès dans une élection où l’on a été parachutée, voire même que l’on a sélectionnée sur la carte si on a eu la chance d’être dans les instances du Parti, d’avoir un mentor de grand renom ou de grand pouvoir, d’être choisi par un qui ne voulait/pouvait pas se représenter.

    S’il est élu, le parachuté devient un conquérant. Nul, sur le terrain, ne le connaissait avant, ne sait vraiment quelles études il a faites ou s’il a eu jamais la moindre responsabilité. Son document électoral est son passeport. « Engagé dès mon plus jeune âge, j’ai fait mes études de droit, tout en travaillant pour financer mes études » (nombreuses variantes : sociologie, écoles de commerces…). Pas d’autre précision sur le « travail » pour financer les-dites études. Il n’est pas rare, mais pas obligatoire, qu’il s’agisse d’un stage dans le cabinet d’avocat paternel.

    J’éxagère, évidemment, du moins dans la généralisation. Un nombre non négligeable de ces « porteurs de virus » viennent d’un « milieu modeste » (expression détestable mais que ceux qui sont devenus immodestes utilisent souvent). Ils ont réellement fait effort, passé des concours : ils resteront plus longtemps porteurs sains et pour quelques rares n’auront pas, ou très peu, de signes de la maladie. Le manichéisme n’est pas mon fort : même de milieu immodeste, quelques rares passent à travers les gouttes. J’en connais.

    Après trente ans d’entre-soi, les voilà à leur tour à la tête d’une écurie : député entouré de ses trois assistants parlementaires et de quelques dizaines de congénères faits au moule; maire à la tête de son Conseil et de son Cabinet. .. Beaucoup demeurent au coeur du mouvement qui les a formés. Au PS, cela s’appelle des courants, après avoir été des motions. A l’ump, cela n’a d’autre nom que celui du mentor, généralement candidat potentiel à la prochaine présidentielle.

    Dans cette période, ils apprennent à tuer le père, si ce n’est déjà fait, un exemple récent qui a défrayé la presse en témoigne. Ils s’agitent aussi pour peu que leur Parti soit celui du Président pour devenir ministre ou secrétaire d’Etat. Peu y arrivent, mais les remaniements sont aussi faits pour ça : élargir le champ des élus.

    Dans cet éxercice, deux choix : s’opposer à peine un peu plus qu’il ne faut pour qu’il soit bénéfique de vous enrôler. Être au contraire toujours présent dans la sphère du pouvoir, se rendre souvent au ministère auquel on croit pouvoir prétendre, envoyer des notes, rencontrer les conseillers. Bref, être là, se faire connaître, tout cela n’ayant en soi rien de très grave.

    Ce texte n’a d’autre objet que de répondre à un questionnement que j’entends plusieurs fois par jour depuis quelques semaines : comment cela est-il possible ?

    « Cela » ? Perdre tout pied dans la réalité, n’avoir plus le sens commun. Agir comme si l’on était au-dessus de la règle la plus élémentaire, ne plus savoir entendre raison ou n’en plus avoir. Je n’ai besoin ni de noms, ni d’exemples : ils ne sont que trop nombreux.

    L’explication la plus plausible est la plus simple : ces élus n’ont jamais connu la vie réelle. Entrés tôt dans le tunnel, ils n’en sont jamais ressortis. Compter pour savoir si l’on pourra payer ses deux employés à la fin du mois, si l’on aura soi-même assez pour assumer la scolarité du petit, le loyer… . Suivre de près météo, récoltes et prix des matières premières pour maintenir son exploitation agricole, répondre aux appels les nuits de garde en faisant entre deux la revue des traitements qu’on aurait pu oublier, toutes ces heures et ces jours où le réel est dur comme ciment et ou il faut le coltiner sans échappatoire possible, tout cela, ils n’en savent rien.

    J’ai pour voisin à l’Assemblée un des deux seuls exploitants agricoles qui y siègent. Il s’y sent sur une autre planète et raisonne d’une manière différente à tous les autres. Pour sûr, il sait ce que payer une facture veut dire ou répondre à une échéance.

    On dit bien souvent qu’il faut des jeunes en politique pour régénérer les pratiques et on juge trop souvent les Assemblées ou les Gouvernements à leur moyenne d’âge. Il faut des jeunes, c’est une évidence, comme il faut des femmes et plus encore, des élus issus de milieux différents, ayant des expériences différentes. Les jeunes pourtant, entrés tôt dans le tunnel et le gravissant sans interruption, sont plus à risque de comportements « hors sol ». Ils sont dépendants de la politique à tous les sens du terme, y compris financier.

    La loi sur la parité a eu plus d’un mérite, mais un surtout : faire entrer dans le sérail des personnes qui, par définition, n’en venaient pas. C’est à vrai dire la seule explication pour celles qui « pratiquent la politique (un peu) autrement ». Les pas-jeunes, de même, n’ont pas a priori tous les mérites. L’histoire que j’ai racontée est valable pour des élus à mandat répétitif et le non-cumul dans le temps (pas plus de 3 mandats identiques successifs) devra bien finir par s’imposer.

    Il n’empêche que… Dans le choix que vous aurez à faire de l’un ou l’autre candidat à l’une ou l’autre élection, il peut n’être pas inutile de regarder s’il est passé par la case Réalité.

     

    Michele Delaunay . Députée de la Gironde , Conseillière Municipale de Bordeaux

     

  • NON AUX EOLIENNES

    AVANÇON (08). Une association s’est créée cet été pour protester contre l’installation d’éoliennes à proximité du village. « Bougeons à Avançon » ne veut pas accepter le fait accompli.

    
L’association a posé des pancartes de protestation à chaque entrée du village. VK
L’association a posé des pancartes de protestation à chaque entrée du village. VK

    Tous les automobilistes qui passent par Avançon le constatent par les pancartes. Dans le village, on n’aime pas les éoliennes. À l’origine de cette levée de boucliers une association qui vient de se créer « Bougeons à Avançon » et qui lutte contre l’implantation d’éoliennes à proximité des habitations.

    « La création qui remonte à 2007 de la zone de développement éolien autour de la commune est à l’origine de notre mouvement. Ensuite, il y a eu deux projets d’implantation. En 2011, Avançon dans le premier projet n’était concerné que partiellement par contre en 2013-2014, un deuxième projet prévoyant trois éoliennes sur le territoire de la commune nous a interpellés. Nous voulions plus de communication sur le sujet, car il y en avait très peu » explique Renée Mayot, présidente de l’association. Le projet en question « Mont Saint-Loup 2 » a été retoqué par l’administration, mais la détermination des anti-éoliennes est farouche.

    Avoir une vision à long terme

    « Dans le projet qui a été soumis, les éoliennes étaient trop proches du village. L’une d’elle était à 550 mètres, une autre à 669 mètres. Certes, le projet est pour l’instant ajourné, mais nous restons vigilants », avertit la présidente. Et l’association de dénoncer les nuisances induites par ce projet. « Notre inquiétude persiste car les éoliennes peuvent être implantées sur tout le territoire du village. Toute nouvelle implantation restera proche du village et présentera des nuisances sonores et visuelles. L’impact est désastreux, les éoliennes installées à Tagnon enlaidissent déjà le paysage. Il y aura des nuisances financières, car en général, on note une baisse de 5 à 20 % sur l’ensemble d’un parc immobilier situé à proximité d’éoliennes, sans compter les autres nuisances pour la faune et les réseaux de communication », argumente Renée Mayot qui plaide pour une vision à long terme. « Qui nous dit que les éoliennes vont rester rentables ? Aujourd’hui, on arrive à saturation. Les gens en ont marre. Il n’y a pas que la manne financière. L’éolien c’est du rapport immédiat, mais on remet en cause l’espace vital de toute une communauté.» C’est pourquoi l’association qui compte déjà une cinquantaine de membres se montre déterminée. « Nous ferons des pétitions, des manifestations s’il le faut. Les éoliennes, ce n’est pas une fatalité, chacun a son mot à dire.» Le maire d’Avançon, Hubert Launois, reste prudent : « Je n’ai pas d’avis pour l’instant. Je n’ai pas fait voter mon conseil pour savoir s’il est contre les éoliennes ou pas, mais il faudra bien qu’on se positionne.»

    «Il faut évaluer le ressenti de la population»

    Le projet éolien qui a suscité la grogne des riverains a été retoqué en janvier 2014. « Un courrier a été envoyé aux développeurs en juillet pour qu’ils révisent le dossier », explique le sous-préfet Olivier Ginez. Le refus porte sur une incompatibilité avec le radar de la BA112. Le projet qui concerne Avançon « Mont Saint-Loup 2 », n’a rien à voir avec le parc éolien du mont des Quatre Faux. Pour Renaud Averly, président du Pays rethélois, « l’éolien constitue un levier fiscal important pour le territoire, 10 000 euros par mégawatt. Ce sont aussi des emplois de maintenance avec la perspective de la création d’un centre de maintenance sur le territoire. Maintenant, on ne pourra plus installer des éoliennes partout, il faut ressentir le seuil d’acceptabilité de la population ».

    Journal L'Union L'Ardennais

  • A MEDITER

    La question de la confiance au gouvernement Valls II est posée. Le Premier ministre a choisi de développer une orientation qui prend le contrepied des attentes de 2012 ainsi que du projet socialiste et des engagements de F. Hollande. Nombre de députés de gauche ne voteront donc pas la confiance.

    Cette question de la confiance ne concerne pas que les députés. Elle concerne l’ensemble des socialistes. Pour que ça pousse vraiment dans le sens d’une réorientation, d’un retour aux attentes et aux engagements de 2012, il faut qu’une majorité des socialistes s’engagent en repartant du projet adopté (à l’unanimité) en 2011.

    L’enjeu dépasse les seuls socialistes, c’est un enjeu pour la gauche toute entière. C’est pourquoi, au-delà du projet socialiste, du débat entre socialistes pour réaffirmer une orientation majoritaire conforme aux attentes de 2012, il faut une mobilisation de toute la gauche.

    Cette mobilisation suppose un accord sur quelques questions centrales dans la situation :

    • L’exigence d’une réforme fiscale avec au centre une fiscalité progressive sur tous les revenus,
    • Le renforcement de la lutte contre la fraude fiscale,
    • Une deuxième loi bancaire qui libère le secteur bancaire des risques de marché et lui redonne une capacité de financement de l’activité économique réelle et de la transition écologique,
    • la relance du pouvoir d’achat par la hausse du Smic, des minima sociaux et un encadrement des négociations salariales dans le public et le privé permettant un rattrapage,
    • la relance de la construction de logements, l’encadrement des loyers et le refus de voir les promoteurs dicter les lois de la République
    • La défense du droit du travail, le refus de l’extension du travail du dimanche
    • Le conditionnement des aides aux entreprises qui en ont besoin en excluant les banques et la grande distribution
    • Une loi de garantie du maintien dans l’emploi des seniors, de rétablissement de la retraite à 60 ans et de lutte contre les licenciements boursiers
    • Une loi de financement de la sécurité sociale qui permette le financement de l’hôpital public, de la retraite de base, de la dépendance et du grand âge
    • Une réorientation de l’Europe avec un nouveau rôle de la BCE, une protection contre les produits à bas coûts, une relance par la demande.

    Enfin la question de la confiance suppose la mobilisation citoyenne et sociale.

    Les citoyens doivent avoir leur mot à dire. La question d’une nouvelle république représentative doit être posée. Il est temps de passer à la VIe République.

    Dans l’immédiat une mobilisation, avec le mouvement syndical, associatif, mutualiste doit être à l’ordre du jour pour peser dans le débat sur le financement de notre protection sociale avant que le débat n’arrive à l’Assemblée.

    Avec ce triptyque : mobilisation des socialistes, rassemblement de la gauche sur des propositions communes, mobilisation sociale… la confiance peut changer de camp. La majorité rose, rouge, verte peut représenter l’alternative à la crise politique actuelle. La solution ce n’est surtout pas la dissolution ! Il faut changer de cap, et donc de Premier ministre et gouverner sur la majorité PS-PCF/Fdg-EELV qui existe à l’assemblée.

    Cette mobilisation peut s’amplifier avec une campagne nationale de réunions nationales démultipliées partout sur le territoire avec un collectif unitaire pour le porter qui regroupe toutes les forces politiques disponibles pour ouvrir cette nouvelle perspective.

  • T'ES OU THEVENOUD

     

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    Le comportement de Thomas Thévenoud est unanimement jugé inadmissible, à gauche et à droite. Personne ne prend sa défense. Et pourtant, cet homme persiste à vouloir rester député. Pour ne pas risquer de sanction de la part de son parti, il le quitte et le tour est joué ! C'est consternant. Que dit-il pour se justifier ? Qu'on ne peut pas lui reprocher de la "fraude", mais seulement de la "négligence". Comme si la négligence était excusable de la part d'un parlementaire de la République, à ce titre responsable de l'impôt et de la loi.

    Sa réaction pitoyable prouve un abaissement de la conscience civique de certains élus, qui prennent à la légère leur comportement, en diminuent la gravité. L'explication de Thévenoud vaut condamnation, et il ne s'en rend même pas compte. Il y a de l'indécence, de la morgue, du je-m'en-foutisme dans cette attitude. Il n'empêche que cet homme a été estimé suffisamment digne pour devenir secrétaire d'Etat, alors qu'il ne l'était pas. Ce qui pose aussi le problème du recrutement de la classe politique.

    Thomas Thévenoud prétend que seuls les électeurs peuvent décider de son sort de législateur, qu'il n'a donc pas à démissionner de son poste de député, que son mandat doit être mené à son terme. Non, quand on contrevient si radicalement à la règle de la République, on ne peut pas se maintenir. Je suis pour le respect des mandats, à condition que leurs titulaires respectent la République, dans son esprit et sa lettre.

    Je crains que le comportement de ce député ne soit le signe d'un relâchement qui affecte bien d'autres élus, quelle que soit leur sensibilité politique. Autrefois, ces manquements seraient sans doute passés inaperçus, parce que la vie privée avait beaucoup moins d'importance que les enjeux idéologiques. Aujourd'hui, l'idéologie a perdu de son importance, mais la moralité et l'exemplarité des élus sont observées à la loupe. Les moeurs publiques ont changé. On demande à un élu, quel que soit l'importance de son mandat, de la transparence et de la rectitude. Avant, on était moins regardant.

    Si la classe politique veut retrouver un certain lustre et l'estime des Français, il faut qu'elle se mette au diapason de l'époque, qu'elle sacrifie aux nouvelles exigences. Un élu qui ne retient plus que la dimension honorifique de sa tâche et l'indemnité qui va avec, ce n'est plus tenable ni acceptable. Un élu qui ne siège pas ou peu, qui ne rend aucun compte de son travail, qui ne se rend pas disponible, qui ne fait rien ou pas grand chose, nos concitoyens ne supportent plus et ont raison.

    Le poisson pourrit par la tête ; la République aussi. Et la tête de la République, du plus petit niveau au plus élevé, du conseiller municipal au député, ce sont les élus. Si nous étions dans une période faste, leurs faiblesses humaines n'auraient pas grande importance. Mais la République est aux abois, avec l'extrême droite à ses basques (voir le billet d'hier . La reconquête se fera par des élus démontrant leur dévouement, leur honnêteté, leur désintéressement : pour beaucoup d'entre eux, c'est déjà le cas. Mais les brebis galeuses doivent être chassées.

    Historiquement, la République a été renversée soit par la guerre, soit par la corruption. Ce dernier mot est sans doute trop fort, appliqué à la situation actuelle. Mais le rapport à l'argent et aux avantages matériels des élus et responsables politiques ne souffre plus aucun laxisme, sauf à profiter à l'extrême droite, qui pourtant n'a aucune leçon à donner en matière de pureté morale. Quand la tête du poisson est pourrie, il faut lui couper la tête.

  • JE SUIS SANS VOIX

    Aprés l'intervention de Rebsamen , aprés le livre de qui l'on sait aprés la brillante déclaration de Thévenoud  , aprés ce sondage ahurissant, affolant, quasi-surréaliste qui donne l'actuel président de la République battu par le chef de l'extrême droite aux prochaines présidentielles   je pense que tout à été dit , j'attends , les mots me manquent . Merci pour ces moments

  • JOURNAUX DE MERDE

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    Curieux je ne vois pas beaucoup de réactions sur les blogs que je lis  régulièrement , les donneurs de leçons sont peut être occupés à lire un autre livre .

  • REBSAMEN : TAIS TOI

     

    1893415582_B973476370Z_1_20140903113136_000_GRQ327E3F_1-0.jpgPourquoi François Rebsamen, a t-il fait sa déclaration de guerre contre les chômeurs fraudeurs, à contrôler encore mieux et à radier encore plus ? Entendons-nous bien, pour ne pas créer de faux débats : tout le monde est contre la fraude, pour l'application stricte de la loi, y compris à l'égard des chômeurs. Le problème n'est donc pas là, mais dans l'usage politique de ce thème, la volonté de le mettre en avant, de poser la fraude comme une question essentielle, alors que ce n'est pas le cas (la question essentielle, c'est la création d'emplois, pas la fraude au chômage).

    Pire, les propos tenus par le ministre du Travail tendent à accréditer le préjugé, hélas populaire, que les demandeurs d'emploi ne feraient pas tout leur possible pour remédier à leur situation et trouveraient confortable d'y végéter, en profitant de l'aide sociale. Ces idées-là sont évidemment d'extrême droite (le thème éculé du chômeur fainéant), quand ce n'est pas d'une partie de la droite, et il est significatif que le Front national se soit réjoui de ces déclarations. A tous ceux qui profèrent de telles insanités, je ne me rabaisserais pas à leur répondre ni à argumenter contre eux : je leur demanderais simplement de se mettre volontairement au chômage, eux ou leurs enfants, puisque cette situation leur paraît tellement avantageuse et enviable. Vous verrez alors, ces petits salauds ne le feront pas ...

    Comme toujours quand on tient des propos odieux  Rebsamen est revenu sur ses propos, que ce qu'il avait dit n'était pas ce qu'il avait voulu dire : pourquoi les dire , trop tard, la parole publique ne s'énonce qu'une fois, pas deux ! Quand on parle dans le micro ou qu'on passe à la télé, on fait attention, on sait qu'on est écouté et regardé par des millions de personnes, pas toujours bienveillantes, prêtes à s'emparer du moindre mot, de la petite phrase, pour alimenter leurs fantasmes, leurs rancoeurs, leur haine, par exemple à l'égard des chômeurs, boucs émissaires de choix.

    J'ai lu et entendu que le ministre avait voulu lever un "tabou". Quel "tabou" ? Que vient faire ce terme  dans le débat politique ? Quand on est de gauche, et on peut l'être de multiples façons, il y a une ligne qui ne varie pas, qui est immuable, identitaire, génétique : on se range du côté de ceux d'en bas, les chômeurs, les smicards, les immigrés et autres , la défense des petits, des faibles, des catégories populaires, contre tous les mensonges qui s'abattent sur eux, dont le mythe infâme du chômeur fainéant, fraudeur et heureux de l'être

     Si vous êtes en dehors de cette ligne-là (et vous avez le droit), vous n'êtes pas de gauche. 


  • LA ROCHELLE

     Manuel Valls à La Rochelle, le 31 août.

    Au grand étonnement de certain cette année je ne  suis pas  allé à l'université socialiste de La Rochelle. J'ai quand même suivi stupéfait  cette manifestation ... antisocialiste, organisée pourtant par mon parti. Je galèje ? Non, pas du tout, hélas. Venons-en aux faits, comme toujours, largement rapportés par les médias (plus besoin d'aller à La Rochelle, c'est La Rochelle qui vient à nous !) :

    Commençons par Christiane Taubira, Garde des Sceaux venue en vélo (pourquoi pas en trottinette ou en pédalo : étonnez-vous après que les Français se moquent et ne respectent pas leur classe politique). Manuel Valls s'assure il y a quelques jours, solennellement, de son soutien et de sa fidélité au gouvernement, condition pour être reconduite dans son poste de ministre. Elle dit oui, et samedi, en rejoignant queque minute une réunion des "frondeurs", elle s'en fiche. "Je ne vois vraiment pas où est le problème", nargue-t-elle hypocritement, à la façon de Montebourg offrant par dérision une bouteille de sa piquette, cuvée Frangy, à Hollande, il y a une semaine. Ces gens-là ne savent pas se tenir.

    Continuons avec ces fameux "frondeurs" : qu'ont-ils trouvé de mieux à faire à La Rochelle ? Je vous le donne en mille : créer un courant, "Vive la gauche" ! Comme s'il n'y avait pas assez de courants au PS ! C'est très simple : chez les socialistes, quand on n'est pas d'accord, on crée son courant. C'est l'esprit boutiquier : on est tellement mieux entre soi.


    La cerise sur le gateau , c'est Pierre Laurent accompagné par la GCT qui dans un élan de finesse qui n'a d'égal que son sens du respect d'autrui, a décidé de tenter de pourrir le militant de base. Large banderole « TRAITRES » tenue à bout de bras, énormes pétards, tentative de mise en place d'un « couloir de la honte » et partout pluie d'insultes envers toutes les personnes entrant ou sortant du périmètre de l'université (à 95 % des militants sans mandat national). Ces génies de la CGT faisaient fi du fait qu'au moment même une de leur secrétaire confédérale, Agnès Le Bot, était en train de discuter paisiblement avec les militants les plus matinaux ou que de nombreux militants ont aussi une activité syndicale dont une partie non négligeable à la CGT ou à SUD-Solidaires.  A côté de ces sauvages qui ont confondu le militant socialiste avec un patron voyou, les 10 bonnets rouges venus en voisin ont fait figure d'enfants de choeur. 

    Je me demande qui a pu inviter cet individu il ya du avoir des erreurs dans les envois et  qu'a dit le premier secrétaire du PCF ? Ce genre d'amabilités : "la voie du gouvernement de Manuel Valls nous mène dans le mur" ; "le contrat de 2012 vient d'être déchiré cette semaine devant les Français". Je n'en veux pas à Laurent, qui fait son job. Mais savez-vous comment les militants socialistes ont réagi ? Par un tonnerre ... d'applaudissements. Là, entre schizophrénie, masochisme et connerie, j'hésite dans l'explication.

    Et puis, il y a eu la verte, Emmanuelle Cosse, qui s'en est prise à la politique "social-libéral" de Manuel Valls (chansonnette à la mode) et à ses dernières mesures en faveur du logement. Finalement, il ne manquait plus comme invités que Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot : plus on est d'antisocialistes, plus on rit. Pour finir en beauté, le discours de clôture du Premier ministre a été au début perturbé aux cris de "Vive la gauche", du nom du courant fraîchement émoulu. Ah les cons ! Et vous appelez ça des "socialistes" ? Moi non. En revanche, ils correspondent parfaitement à la définition de l'antisocialiste : personne qui critique sévèrement la direction du parti socialiste, les choix de ses adhérents, le chef de l'Etat et le gouvernement.

    Il faut tout de même rappeler ce qu'est l'université d'été du parti socialiste : un lieu de formation et pas de confrontation, un moment de réflexion et pas une foire d'empoigne, des échanges avec des intellectuels, des syndicalistes, des associatifs et pas des querelles avec des concurrents, la rentrée médiatique du parti et pas un congres. La Rochelle, c'est un temps de rassemblement, pas d'affrontement.

    L'université d'été du parti socialiste a été, cette année, gâchée, dénaturée en une ubuesque université antisocialiste. J'espère que cette première sera une dernière.

    Trois voix se sont définitivement exprimés sur tout ça durant le week-end.

    Bernard Cazeneuve, dans le Journal du Dimanche, à propos des ministres : "soit on part, soit on se tait ! La politique n'est pas un théâtre d'ombres ou de boulevard. Il faut la fermer et redresser la France".

    François Hollande himself : J'ai besoin d'avoir un parti dans la majorité à l'unisson de ce que je propose (...)

    Pour finir, Manuel Valls, dans son discours de La Rochelle : les socialistes doivent parler aux Français, pas à eux-mêmes.

    Tout est dit.