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Banogne-Recouvrance - Page 3

  • LE MIRACLE

    Voiçi la sixième partie d'un manuscrit envoyé par le soldat allemand Vandelow qui a combattu à Banogne pendant la 1ère guere accompagnant la lettre publiée par Azurcom le 3 novembre dernier 

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    Nous quittames Banogne le lendemain au soir,l’ordre étant venu de nous rapprocher davantage du front dont le demi-cercle apparant devant nous dans l’éclairement des schrappnels et la lueur tremblante des fusées,dès que nous eumes atteint le sommet de la vieille route romaine.

    Nous avancions silencieusement par une nuit tiède et très obscure.Un officier s’étant mis à siffler un air gai,fut rabroué aussitôt par ses camarades  troublés par la pensée de l’épreuve grave qui nous attendait.Mais les chevaux s’ébrouaient joyeusement goutant l’air plus frais des premières heures matinales.Peu à peu,une lourde fatigue tomba sur mes épaules.Mes oreilles se mirent à bourdonner et dans un demi sommeil trouble qui m’écrasait une musique lointaine m’obsédait d’un »Sauve,sauve la France »mille fois répété que coupaient de brusques réveils chaque fois qu’un affaissement du torse,faisait heurter le bord du casque contre la crinière de mon alezan.

    Dés les premières heures de l’aube,rassemblement  dans  un petit bois de saules,prés des ruines du village d’Heutrégéville.On nous lut l’ordre de bataille qui fut brulé ensuite,conformément à la consigne donné par l’état major.Le plan de l’offensive était d’une simplicité et d’une hardiesse inouies.Comme on jugeait imprenable le Mont Cornillet,le petit monticule lourdement armé qui se dressait en face de nous,le soir à 11heures précises,notre artillerie amenée au dernier moment,devait ouvrir sur les positions françaises un feu roulant qui durerait toute la nuit.Dès l’aurore,une division complète se lancera en avant,comme une trombe,derrière un niveau de feu,sans s’arreter une seule fois,pour ne pas etre changée en statue de sel à l’instar de la femme de Loth.

    Elle piquera tout droit  jusque la Marne où une autre division venue de Château-Thierry viendra la rejoindre.De cette façon on coupera dans le front français comme à l’emporte pièce,tout un triangle,comprenant Reims,Epernay et la grande foret de Reims,qui sépare ces deux villes avec toutes les troupes qu’ils peuvent contenir.Et la division désignée par ce raid d’enfer ;c’était la notre !

    Nous avions peut –etre  une chance sur dix de ne pas y rester tous.La journée passait lentement et pourtant trop vite,dans une attente fièvreuse.Enfin la nuit tombe.Mais voilà que sur le coup de dix heures et demie,un feu infernal éclate qui dépasse en violence tout ce que nous ayons jamais entendu .Ce n’est pas notre artillerie,à nous pourtant,c’est celle de l’ennemi qui vient de surprendre  nos batteries,à peine installées dans leurs positions.Notre plan a donc été éventé nous sommes joués.Une fois le premier désarroi passé,notre artillerie se met à riposter et c’est alors un paudemonium ? incroyable qui dure jusqu’au matin.Vers  8 heures on se décide enfin à lancer en avant deux régiments de notre division,qui s’emparent sans peine des premières positions ennemies,qu’ils trouvent abandonnées.Ecrasés aussitot sous un feu épouvantable ;ils se portent plus en avant,pour trouver encore devant eux,de nouvelles tranchées dénuées de leurs défenseurs et des champs de fils barbelés d’une profondeur énorme,que les obus ne sont pas parvenus à aplatir.

    (A suivre.........)

     

       
  • LE MIRACLE

    Voiçi la cinquième partie d'un manuscrit envoyé par le soldat allemand Vandelow qui a combattu à Banogne pendant la 1ère guere accompagnant la lettre publiée par Azurcom le 3 novembre dernier 

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    Et tous ces bruits ne se sont-ils pas toujours éloignés dans la direction de la vielle cité des rois de France,tapie là-bas  derrière les dernières collines à l’ombre de sa gigantesque cathédrale.

     

    La dernière fois que nous avions vu la cathédrale de Reims ,c’était un soir de 1915 quand,en rentrant dans les tranchées du coté de Cernay,elle se dressa tout à coup comme une énorme bete de l’apocalypse.Nous avions d’ailleurs passé par la ville meme avec une autre division de la Garde,en revenant de la Marne en 1914 ;Prés de la cathédrale s’élevait une statue de Jeanne d’Arc,qui nous regardait passer,en brandissant son épée d’un air de triomphe.Nous n’éprouvions pourtant aucune honte à défiler ainsi devant elle,car l’ordre de repli nous avait surpris en pleine avancée du coté de Montmort.Nous ignorons les événements graves survenus aux deux ailes de notre armée,et,nous ne doutions pas que nous reprendrions bientôt l’offensive. Eh bien l’heure de la nouvelle marche en avant est enfin venue.Demain nous reprendrons Reims et repasserons glorieusement devant votre Pucelle qui n’est bonne qu’à chasser les anglais. Les troupes rassemblées par le général Ludendorf sont choisies parmi les meilleures de l’armée et le plan d’emploi des principaux batiments de la ville est arreté depuis longtemps au quartier général du Kompraintz.On doit donc etre bien sur de réussir.En revanche nous n’aurons jamais ni Verdun,ni Paris.Et après tout,cela vaut peut etre mieux.Il n’y aura pas de décision et tout le monde comprendra qu’il vaut mieux faire la paix.Nous nous serrerons les mains comme deux braves qui ne se gardent pas rancune et nous tacherons d’enterrer à jamais la vieille querelle entre gaulois et germains.

    Telles étaient mes pensées lorsque le chant enfin cessa.Le pretre descendu de l’estrade,traversa la nef par l’allée centrale pour disperser l’eau benite en commençant par le coté droit .Arrivé au bout devant les soldats allemands massés derrière les bancs,il fit virer lentement en faisant demi-tour,le goupillon au bout de son bras  étendu,non sans avoir laisser quelques gouttes sur les hommes en felgran,pour l’agiter ensuite dans la direction des personnes assises à gauche.Après lui venait l’enfant de chœur chargé de la quete,un petit bonhomme aux yeux rieurs qui faisait le tour très conscencieusement de tous les civils et de tous les soldats.

    Deux minutes plus tard,je sortis discrétement pendant que l’orgue reprenait la mélodie de tout à l’heure.En approchant de mon logement,après avoir visité les camarades,je fus surpris d’entendre encore venant de l’église l’éternel appel à la mère de Dieu "Sauve,Sauve la France " accompagné de sons d’orgue d’une véhémence incroyable. Finalement,je vis les paysans sortir de l’église.Ils marchaient par deux ou trois devisant tranquillement de choses indifférentes.Aurai-je donc été le seul à part le pretre et l’organiste qui eut l’ame troublée profondément par la beauté grave de cette heure ?

    A suivre.........

  • NOTRE DAME DE RECOUVRANCE

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                      Aquarelle réalisée par Madame Annette Léger

    Il existe,sur les hauteurs de Recouvrance-hameau de la commune de Banogne-Recouvrance en bordure de l'ancien chemin de Liesse la petite chapelle de Notre Dame de Recouvrance.Une merveilleuse aventure humaine entoure l’histoire de cette chapelle depuis son origine.Elle a été construite en1610,peut-etre pour remplacer un édifice plus ancien,puis rénovée en 1851 aux frais de Monsieur Warnier-Poncelet,agriculteur retraité de Banogne.Le 8 aout 1654 Louis XIV venant de Rethel pour se rendre à Liesse s'arreta à la Chapelle en compagnie de sa mère ,la reine et du cardinal Mazarin.

    Elle abritait une statue en bois datant vraissemblablement du XIV ème siècle dédiée à Notre Dame de Recouvrance représentant la Vierge  souriante et couronnée portant l’Enfant Jésus qui cache ses deux mains dans le corsage de sa mère encadrée par deux anges agenouillés.C’est cette statue que l’on invoquait pour recouvrer la santé,la foi qui a donné le nom au village mais aussi à d’autres lieux,quartiers,rues et à une commune du Territoire de Belfort et non l’inverse.

     

    Placée sur la dernière ligne de défense allemande,la Hunding Stellung,qui passe par Saint Quentin le Petit,Banogne et Herpy,la chapelle est entièrement détruite en Octobre 1918 au cours des violents combats. Les habitants de retour d’exode après la guerre ne retrouveront que ruines de leur village mais aussi de leur chapelle dont seules restaient la croix extérieure en métal et à quelque mètre la statue miraculeusement intacte,mais les anges avaient disparus. Ce batiment ne fut pas reconstruit après la 1ère guerre mondiale,d’autre priorité sans doute,et déjà s’annonçait le deuxième conflit mondial mais la chapelle était toujours présente dans l’esprit des villageois qui l’avait connu et où on célébrait la messe de l’Assomption. Joseph Grimpret qui était enfant de chœur et avait servi la messe dans cette chapelle avant 1914 fit une description précise de l’édifice à Jean-Luc Guillaume son petit fils ;       

           dimension :un carré d’environ 2 mx2m

            lieux :entre les 4 tilleuls

           matériaux :un mur en pierres du pays(craie) un toit à 4 pentes couvert d ‘ardoises

           une porte d’entrée en bois avec des barreaux bois de 5 cm d'épaisseur en partie haute orientée vers Liesse

           au sol,de la tomette rouge 

          à l’intérieur un autel,face à la porte,sur lequel reposait la statue

          à l’extérieur 1ou 2 marches pour y accéder.

    Cette Chapelle était si petite que seul le pretre officiant pouvait y entrer pour célébrer l'office,l'enfant de choeur devait rester à l'extérieur.

    Eté 1998 lorsque les paroisses du Porcien se regroupèrent sous le nom de Paroisse de Liesse une procession fut organisée depuis l’église de Banogne jusqu’à Recouvrance sur une partie du Chemin de Liesse et une messe concélébrée par les abbées Marguet,vicaire episcopal Couvreur et Bardet en lieux et place de la chapelle d'où les pèlerins du Rethelois et du Porcien appercevaient au loin les tours de la cathédrale de Laon et s’arretaient autrefois pour prier Notre Dame de Recouvrance,certainement la dernière étape avant d’atteindre Liesse.

    La statue en tete du cortège,quittait l’église de Banogne qui l’abritait et retrouvait pour la première fois depuis 1918 l’ombre de ses tilleuls. Cette meme année à l’occasion d’un anniversaire familial commun Jean-Luc Guillaume et son oncle Daniel Grimpret,fils de Joseph suggèrent a leurs hotes d’apporter en guise de cadeau une obole pour reconstruire la chapelle. A cette équipe de maitrise d’œuvre autoconstituée se joignent Robert Dumesnil à l’époque Maire de la commune Dominique Journet et plusieurs habitants qui apportent bénévolement leurs bras leurs volontés du matériel,ou leurs compétences professionnelles, Jean-Marie Destrumelle est maçon, Claude Mulot menuisier

     a2c2aa98250678e429bc9f9833499ae0.jpgL'équipe sans quoi rien n'aurait été possible

                                                                                                                                                                             David Destrumelle,Claude Mulot,J.M Destrumelle,Dominique Journet

    Robert Dumesnil,Daniel Grimpret,J.L Guillaume

    Les travaux débutaient fin 2000 et se terminaient en 2001,les blocs de craies nécessaire pour la construction des murs étaient récupéres sur d'anciens batiments locaux,les ardoises ont été données par Mme Cury,le carrelage fourni par Jean-Michel Guillaume.

    (A suivre............)

  • LE MIRACLE

    Voiçi la quatrième partie d'un manuscrit envoyé par le soldat allemand Vandelow qui a combattu à Banogne pendant la 1ère guere accompagnant la lettre publiée par Azurcom le 3 novembre dernier  

    Rappel:Dans son sermon,le curé au cours de la messe de communion fait allusion aux conjonctures difficiles dans lesquelles a lieu cette fete ......................

    « On nous a pris nos biens et notre liberté,mais jamais on ne saurait prendre notre Dieu,le Dieu de nos pères qui tant de fois dans le passé de notre cher pays l’a sauve quand il se trouvait dans un grand danger .De ce coté çi,comme de l’autre du feu des milliers de cœurs se souviendront aujourd’hui de Jeanne La Pucelle que le Seigneur nous a envoyée autrefois pour chasser de notre territoire un ennemi insolant.Joignons nous donc à eux pour implorer le Très Haut de nous envoyer encore un sauveur pour nous délivrer de l’envahisseur dont la main pèse si lourdement sur nous.Cette prière sera exaucée,je le sent et je le vous promet,pourvu qu’elle vienne de cœurs purs et de lèvres pieuses.Chantons donc ensemble le vieux cantique que vous connaissez et que nos ancetres chantaient déjà aux veillles de grandes batailles »

    Au meme moment,l’orgue entonna une petite mélodie très simple que j’entendais pour la première fois et qui s’est gravée dans ma mémoire.Déjà des voix de paysans s’élevaient à leur tour,un pau rauques et trainantes,répétant infiniment le refrain:

    "Vierge notre espérance 

    Etends sur nous ton bras 

    Sauve,sauve la France

    Ne l’abandonne pas »

     

    Furtivement,je regarde autour de moi ,un peu troublé par cette situation étrange où je me trouve,moi l’homme sceptique des grandes villes,soldat allemand d’ailleurs et hérétique au milieu de cette foule de paysans croyants dont je connais les mœurs et la langue mais que tout sépare de moi en ce moment. Serait-ce donc vraiment le cri de détresse d’une population poussée à bout par quatre années d’oppression que ce chant répété par leurs voix criardes ?Ou bien n’y aurait il pas d’émouvant dans tout cela que l’exaltation patriotique de cet organiste de village qui sait arracher des notes si touchantes à son petit groupe.

    J’essaie d’épier l’expression des visages qui m’entourent et je constate à ma surprise qu’ils ne trahissent aucune émotion ;pendant que les bouches tordues par l’effort continuent à répéter l’éternel refrain.Pourtant ils doivent bien se rendre compte qu’un coup décisif se prépare contre les forces françaises .

    N’ont-ils pas entendu chaque nuit le pas pesant d’une formidable infanterie,le roulement sourds des pièces et le cri des conducteurs se succéder depuis le crépuscule,jusqu’aux premières lueurs de l’aurore

    (A suivre..........)

  • BANOGNE EN CHAROLLAIS

    Blanzy-la-Salonnaise,Herpy-l'Arlésienne,Poilcourt-Sydney,ces villages ardennais associaient à leurs noms d'origine les communes qui les avaient parrainées au lendemain de la première guerre mondiale.Banogne-Recouvrance n'a pas suivi ce principe mais aurait pu adjoindre le qualificatif"charollais"car la commune de Charolles en Saone et Loire est venue en aide à Banogne.

    Le 27 juillet 1919 suite à un rapport de la commission des finances le conseil municipal de Charolles à l'unanimité décide d'adopter la commune de Banogne-Recouvrance.Il assortit sa décision d'une aide de 10 000frs.Parallèllement,le comité des dames de Charolles est constitué,il a en charge de recueillir des fonds auprés de la population.

    Les familles charollaises sont invitées à adopter les 63 orphelins de Banogne-Recouvrance comme filleuls de guerre et à leur envoyer un cadeau pour Noel.Le comité organise le 11 juillet 1920 une grande kermesse dans les jardins de la mairie et en soirée la jeunesse de Charolles organise un grand bal au profit du comité

    (A suivre..........)     

  • LE MIRACLE

    Voiçi la troisième partie du manuscrit écrit par le soldat allemand Vandelow qui a combattu à Banogne pendant la 1ère guere accompagnant la lettre publiée par Azurcom le 3 novembre dernier 

     

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    Tournant mes yeux de ce coté,j’aperçois une espèce de cortège faisant le tour de la place,en chantant une litanie.  

    Un enterrement peut-etre ?Non plutot une procession de première communion.Je finis,en effet par distinguer un pretre suivi par une vintaine d’enfants et tout ce petit gvroupe se dirige vers l’église.Cédant à un mouvement de curiosité je me décide à m’y rendre à mon tour très content de quitter la rue ensoleillée pour un endroit plus frais où j’entendrai peut-etre un petit discours en bon français.Cela me changera un peu des horribles patois qui ont écorchés mes oreilles,dans tous les villages entre Lille et Metz.

    A mon entée dans l’église,je la trouvais toute pleine de monde,la fete ayant lieu pour plusieurs paroisses réunies.Sur les premières banquettes se tenaient les communiants,les garçons en noir,et,les fillettes tout en blanc,avec gants et des souliers convenables.Mon Dieu ! comment leurs parents assis derrière eux étaient-ils parvenus à les attifer encore aussi bien que cela après quatre années d’occupation ? Tout le fond de la nef était occupé par des soldats catholiques allemands,toujours fort assidus à la messe française,les dimanches où il n’y avait pas de service religieux militaire. On voyait surtout les obusiers bavarois,aux visages durs taillés comme dans du bois de chenes et des « finouies » (Polonais de la Haute Silésie) faisant partie d’un bataillon de sapeurs.Ca et là seulement,se tenaient des grenadiers et des fusilliers de notre division qui se recrutaient surtout dans les provinces protestantes de la Prusse. A peine plus grands que leurs camarades de la ligne,les superbes gaillards des anciennes classes étaient ensevelis depuis longtemps dans les steppes de la Lithuanie et sous la neige des Carpathes.Ils s’en distinguaient tout de meme,à part la lisière salie du col et des manches,par un je-ne-sais-quoi de plus fier et plus résolu dans leur maintien et par les lignes profondes que la fatigue avait creusée dans leurs jeunes visages.

    Voilà plus de treize mois en effet qu’ils ne sortaient plus des tranchées que pour etre jetés vers quelque point plus critique encore.De vrai repos,ils n’avaient pour la plupart jamais gouté depuis le départ de la caserne à Berlin et,ne s’en soucient d’ailleurs pas beaucoup,vu les exerçices et les inspections dont on avait soin de les accabler à peine sorti du front,afin de leur faire désirer comme une faveur le retour aux tranchées.

    Mais voiçi le pretre qui ,les cérémonies d’usage terminées,vient se placer devant l’autel pour prononçer une petite allocution.C’est un homme assez jeune,d’un type brun au teint olivatre fréquent dans le pays.Il parle posèment,sans emphase,d’une voix bien timbrée qui se hausse et se baisse suivant le rythme naturel de la langue de France. Le regard vif de ses yeux noirs,après avoir parcouru l’assistance civile se pose finalement sur moi,relevant visiblement les insignes de grade,et,reconnaissant peut-etre à l’expression attentive du visage,l’homme instruit,sachant le français et probablement seul capable d’apprécier l’élégance sobre de sa parole au milieu de cette foule de memes paysans et de soldats ignares. Dans son sermon,il fait allusion aux conjonctures difficiles dans lesquelles a lieu cette fete .

    Mais voiçi qu’il baisse son regard ,tout en continuant de préciser de sa voix la plus calme….A Suivre

  • LE MIRACLE

    Voiçi la deuxième partie du manuscrit écrit par le soldat allemand Vandelow qui accompagnait la lettre publiée par Azurcom le 3 novembre dernier

                                                                             Le Miracle 

     

     

    Nous étions arrivés ce dimanche là au petit jour des cantonnements d’intérieur à Banogne,petit village situé à l’ouest de Rethel après une chevauchée fatiguante à travers les landes.

    Couché aussitôt après avoir avalé un bol de liquide indéfinissable que la cuisine roulante nous délivrait deux fois par jour,sous le nom pompeux de café.J’avais pu dormir plusieurs heures,d’un très bon sommeil dans l’alcove moisie d’une maisonnette abandonnée où ja logeais avec mon ordonnance.Il pouvait etre dans les dix heures,lorsque m’étant levé pour rendre visite à un camarade,je m’arretais un moment sur le pas de la porte en parcourant des yeux la rue du village où je me souvenais vaguement d’avoir passé déjà une fois ou deux en 1914 Ils se ressemblent tous,d’ailleurs ces villages de Champagne aux maisons très basses,couvertes d ‘ardoises et souvent précédées d’un jardinet où de grandes plantes s’étiolent sous une épaisse couche de calcaire.Mais le paysage,lui,était bien changé ;plus de champs de blé aux reflets dorés,rien qu’une steppe,coupée ça et là par les lignes crayeuses d’une position de réserve devenue inutile par les récents progrès de l’armée allemande. Fort négligée déjà en 1915 la culture avait en effet du etre abandonnée complètement en 1917,par suite des évacuations ordonnées en prévision d’un repli partiel La ligne de feu était cependant bien loin pour le moment,plus de shrapnels éclatants à l’horizon dans un petit nuage blanc,plus un seul des avion anglais et français qui autrefois tournoyaient au dessus de la vallée de l’Aisne. Seul,un petit émouchet suspendu en l’air,par le battement précipité de ses ailes,semblait guetter quelque pauvre mulot sorti de son trou. Au-dessus de nous,le ciel de Champagne,d’une belle couleur d’acier était tamponné d’une infinité de petits nuages floconneux qui passaient devant le soleil,très vite,malgré le temps calme,comme un troupeau de brebis se sauvant devant la gueule ardente d’un loup.Il faisait une chaleur écrasante. La petite rue était très tranquille.Un groupe de petits enfants jouaient silencieusement à quelques pas de moi dans un tas de poussière,couleur de neige salie.Un peu plus loin,deux ouvriers porteurs de pelles se rendaient à quelque corvée-pour le roi de Prusse-en trainant leurs sabots Mais voiçi qu’un bruit confus s’élève au bout de la rue...........(A suivre)
  • LE MIRACLE

    Voiçi la première partie du manuscrit écrit par le soldat allemand Vandelow qui accompagnait la lettre publiée par Azurcom le 3 novembre dernier

                                                                             Le Miracle

     

     

         

     

     C’était un matin de dimanche du mois de juillet(7 juillet) notre division,embarquée en Lorraine,peu de jours auparavant,venait de quitter la chemin de fer,non loin de Rethel,pour prendre part à la grande offensive dont on parlait depuis quelques temps à mots couverts et qui suivant l’avis de général Ludendorff devait terminer la guerre.Il est vrai que ces prévisions optimistes du G.Y G n’étaient guère partagées par les troupes qui avaient subi des pertes énormes lors des offensives précédentes et dont les effectifs n’avaient pu etre complétés par suite d’un manque absolu d’hommes valides dans les dépots arrière.Nous nous rendions parfaitement compte d’ailleurs,que cette fois nous aurions peu de chance de surprendre entièrement l’adversaire.Les précautions habituelles avaient été prises,bien entendu pour cacher jusqu’à la veille meme de l’offensive,les forces réunies en les cantonnant dans les villages de l’arrière et dans les nombreux baraquements disséminés à travers les sapinières dont elles ne devaient sortir pour se rapprocher du front en petites étapes qu’à la nuit close.Mais le bruit des roues n’était-il pas plus perceptible encore la nuit que le jour dans ce pays de Champagne au sol très dur. ? Et à quoi cela servait-il de consigner les hommes dans leurs cantonnements pendant toute une journée par peur des aviateurs,si l’on ne pouvait guère les empecher de lacher dans les clairières leurs pauvres chevaux affamés.

    Il était facile à voir que toutes ces troupes se dirigeaient peu à peu vers un point à l’ouest de la ville de Reims.Aussi trouvions-nous parfaitement ridicule la prétention de notre état major de nous laisser encore tous dans l’ignorance du but précis de l’opération alors que les « Gavroches » de Charleville criaient déjà tout haut,à ce qu’on rapportait,la grande nouvelle que le 15 ou le 16 les Prussiens commenceraient la grande offensive entre Reims et Paris 

    Nous étions arrivés ce dimanche là au petit jour des cantonnements d’intérieur à Banogne,petit village situé à l’ouest de Rethel après une chevauchée fatiguante à travers les landes.

    Couché aussitôt après avoir avalé un bol de liquide indéfinissable que la cuisine roulante nous délivrait deux fois par jour,sous le nom pompeux de café.J’avais pu dormir plusieurs heures,d’un très bon sommeil dans l’alcove moisie d’une maisonnette abandonnée où ja logeais avec mon ordonnance.Il pouvait etre dans les dix heures,lorsque m’étant levé pour rendre visite à un camarade,je m’arretais un moment sur le pas de la porte en parcourant des yeux la rue du village où je me souvenais vaguement d’avoir passé déjà une fois ou deux en 1914 Ils se ressemblent tous,d’ailleurs ces villages de Champagne aux maisons très basses,couvertes d ‘ardoises et souvent précédées d’un jardinet où de grandes plantes s’étiolent sous une épaisse couche de calcaire.Mais le paysage,lui,était bien changé ;plus de champs de blé aux reflets dorés,rien qu’une steppe,coupée ça et là par les lignes crayeuses d’une position de réserve devenue inutile par les récents progrès de l’armée allemande. Fort négligée déjà en 1915 la culture avait en effet du etre abandonnée complètement en 1917,par suite des évacuations ordonnées en prévision d’un repli partiel La ligne de feu était cependant bien loin pour le moment,plus de shrapnels éclatants à l’horizon dans un petit nuage blanc,plus un seul des avion anglais et français qui autrefois tournoyaient au dessus de la vallée de l’Aisne. Seul,un petit émouchet suspendu en l’air,par le battement précipité de ses ailes,semblait guetter quelque pauvre mulot sorti de son trou. Au-dessus de nous,le ciel de Champagne,d’une belle couleur d’acier était tamponné d’une infinité de petits nuages floconneux qui passaient devant le soleil,très vite,malgré le temps calme,comme un troupeau de brebis se sauvant devant la gueule ardente d’un loup.Il faisait une chaleur écrasante. La petite rue était très tranquille.Un groupe de petits enfants jouaient silencieusement à quelques pas de moi dans un tas de poussière,couleur de neige salie.Un peu plus loin,deux ouvriers porteurs de pelles se rendaient à quelque corvée-pour le roi de Prusse-en trainant leurs sabots Mais voiçi qu’un bruit confus s’élève au bout de la rue...........(

     

     

  • LETTRE DE SOLDAT

    Lettre de soldat

         

    Dès son retour en Allemagne en 1919,le soldat allemand Vandelow ayant combattu dans les Ardennes pendant la première guerre mondiale,écrit un manuscrit relatant un fait précis qu’il a vécu pendant son séjour à Banogne en 1918

    Plus tard il adresse au curé du village cette lettre accompagnée de son manuscrit  »Le Miracle »  

     

    Monsieur,  

     Je prends la liberté grande de vous adresser le manuscrit çi-joint quoiqu’il soit bien possible que le titulaire de la cure de Banogne ne soit plus le meme qu’en 1918. S’il en est ainsi,je vous serai bien reconnaissant de vouloir réexpédier l’envoi à celui de vos confrères qui administrait notre paroisse vers la fin de la guerre.C’est à cet ecclésiastique là que je me permets d’adresser le petit récit çi-inclus.Il révélera peut-etre des erreurs de détail,ainsi que des réflexions qu’il ne saurait approuver,mais il n’oubliera certainement pas que l’auteur n’est ni Français ni catholique. J’ajoute encore que le premier manuscrit datait de 1919 donc de six mois après les événements qui y sont relatés.Je pense d’ailleurs que l’histoire l’intéressera et cela d’autant plus qu’il y joue un role très important.

     Qu’il me permettre donc de lui la dédier et de lui serrer la main par delà les frontières.Espérant que l’heureux changement que l’accord de Lacarno semble inaugurer pour les relations franco-allemandes amènera ces deux nations si fortes et si grandes à mieux se connaître et à s’estimer.  

    Je vous prie d’agréer,Monsieur le curé,l’assurance de ma parfaite considération    

                                                   Signé:E.Vandelow

       

    Lettre forte,pleine d’espoir écrite au lendemain de la guerre seulement 20 ans avant d’autres barbaries.Le poete a toujours raison :La guerre est faite par des gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent et ne l’a font pas.

      A suivre………..
  • ECOLE DE BANOGNE 58-59

    J'ai aussi les noms!

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