Voiçi la sixième partie d'un manuscrit envoyé par le soldat allemand Vandelow qui a combattu à Banogne pendant la 1ère guere accompagnant la lettre publiée par Azurcom le 3 novembre dernier
Nous quittames Banogne le lendemain au soir,l’ordre étant venu de nous rapprocher davantage du front dont le demi-cercle apparant devant nous dans l’éclairement des schrappnels et la lueur tremblante des fusées,dès que nous eumes atteint le sommet de la vieille route romaine.
Nous avancions silencieusement par une nuit tiède et très obscure.Un officier s’étant mis à siffler un air gai,fut rabroué aussitôt par ses camarades troublés par la pensée de l’épreuve grave qui nous attendait.Mais les chevaux s’ébrouaient joyeusement goutant l’air plus frais des premières heures matinales.Peu à peu,une lourde fatigue tomba sur mes épaules.Mes oreilles se mirent à bourdonner et dans un demi sommeil trouble qui m’écrasait une musique lointaine m’obsédait d’un »Sauve,sauve la France »mille fois répété que coupaient de brusques réveils chaque fois qu’un affaissement du torse,faisait heurter le bord du casque contre la crinière de mon alezan.
Dés les premières heures de l’aube,rassemblement dans un petit bois de saules,prés des ruines du village d’Heutrégéville.On nous lut l’ordre de bataille qui fut brulé ensuite,conformément à la consigne donné par l’état major.Le plan de l’offensive était d’une simplicité et d’une hardiesse inouies.Comme on jugeait imprenable le Mont Cornillet,le petit monticule lourdement armé qui se dressait en face de nous,le soir à 11heures précises,notre artillerie amenée au dernier moment,devait ouvrir sur les positions françaises un feu roulant qui durerait toute la nuit.Dès l’aurore,une division complète se lancera en avant,comme une trombe,derrière un niveau de feu,sans s’arreter une seule fois,pour ne pas etre changée en statue de sel à l’instar de la femme de Loth.
Elle piquera tout droit jusque la Marne où une autre division venue de Château-Thierry viendra la rejoindre.De cette façon on coupera dans le front français comme à l’emporte pièce,tout un triangle,comprenant Reims,Epernay et la grande foret de Reims,qui sépare ces deux villes avec toutes les troupes qu’ils peuvent contenir.Et la division désignée par ce raid d’enfer ;c’était la notre !
Nous avions peut –etre une chance sur dix de ne pas y rester tous.La journée passait lentement et pourtant trop vite,dans une attente fièvreuse.Enfin la nuit tombe.Mais voilà que sur le coup de dix heures et demie,un feu infernal éclate qui dépasse en violence tout ce que nous ayons jamais entendu .Ce n’est pas notre artillerie,à nous pourtant,c’est celle de l’ennemi qui vient de surprendre nos batteries,à peine installées dans leurs positions.Notre plan a donc été éventé nous sommes joués.Une fois le premier désarroi passé,notre artillerie se met à riposter et c’est alors un paudemonium ? incroyable qui dure jusqu’au matin.Vers 8 heures on se décide enfin à lancer en avant deux régiments de notre division,qui s’emparent sans peine des premières positions ennemies,qu’ils trouvent abandonnées.Ecrasés aussitot sous un feu épouvantable ;ils se portent plus en avant,pour trouver encore devant eux,de nouvelles tranchées dénuées de leurs défenseurs et des champs de fils barbelés d’une profondeur énorme,que les obus ne sont pas parvenus à aplatir.
(A suivre.........)