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AZURCOM - Page 3

  • LA FAMILLE LE PEN RECONCILIEE

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  • SORTIR DE L IMPASSE

    Sortir de l’impasse

    Par Claude ALPHANDERY, résistant, économiste engagé dans l’insertion, Martine AUBRY, maire de Lille, Daniel COHN-BENDIT, européen, Daniel COHEN, économiste, Laurence DUMONT, 1ère Vice-Présidente de l’Assemblée Nationale, Yann GALUT, député du Cher, Jean Marc GERMAIN, député des Hauts-de-Seine, Annie GUILLEMOT, sénatrice du Rhône, Benoit HAMON, député des Yvelines, Yannick JADOT, député européen, Bruno JULLIARD, 1er adjoint à la maire de Paris, Axel KAHN, généticien, essayiste, Chaynesse KHIROUNI, députée de Meurthe-et-Moselle, François LAMY, député de l’Essonne, Gilles PARGNEAUX, député européen, Christian PAUL, député de la Nièvre, Laura SLIMANI, présidente de Young European Socialists, Michel WIEWORKA, sociologue

     

    Il est des vérités désagréables à dire, mais il est des moments où il faut savoir les mettre en pleine lumière. Trop, c’est trop ! Les motifs d’insatisfaction sur les politiques menées depuis 2012 n’ont pas manqué, et nous-mêmes, comme d’autres n’avons pas manqué d’alerter. Depuis quelques mois, ces désaccords se sont mués en une grande inquiétude. La colère populaire s’est confirmée sans appel par quatre défaites électorales successives. Ce n’est plus simplement l’échec du quinquennat qui se profile, mais un affaiblissement durable de la France qui se prépare, et bien évidemment de la gauche, s’il n’est pas mis un coup d’arrêt à la chute dans laquelle nous sommes entraînés. Bien sûr, nous n’oublions pas les succès de la COP 21, la priorité donnée à la lutte contre les inégalités à l’école, les avancées de la loi santé.

    Mais à côté de cela, que de reculs !

    – La gauche avait déjà assisté, incrédule, en janvier 2014, au pacte avec le MEDEF qui se révéla un marché de dupes. Nos mises en garde avaient alors été ignorées. Nous aurions aimé nous tromper. Malheureusement, de l’aveu du Premier ministre lui-même, la réalité, tellement prévisible, est là : un million d’emplois promis, quelques dizaines de milliers tout au plus effectivement créés. Bien sûr, il fallait aider à la reconquête de la compétitivité de nos entreprises, mais pour cela il eut fallu cibler les aides sur celles exposées à la concurrence internationale et les lier à des contreparties précises.

    Ces 41 milliards d’euros mobilisés pour rien ou si peu, auraient été si utiles à la nouvelle économie, à l’écologie, à l’éducation et la formation, aux territoires, à l’accès à l’emploi de ceux qui en sont le plus éloignés, au pouvoir d’achat, aux investissements publics et privés et donc aux carnets de commande des entreprises. A chaque étape et par des voies multiples, nous avons fait des propositions précises pour relancer la croissance et l’emploi dans le cadre d’un nouveau modèle de développement social et écologique, et d’une réorientation de l’Europe, attelons nous-y !

    Puis, nous nous sommes vus infliger, à l’hiver 2015, ce désolant débat sur la déchéance de nationalité. Pourtant la France, autour du Président de la République, s’était montrée digne et forte après les attentats de janvier comme de novembre. Nous avons approuvé l’état d’urgence comme le renforcement des moyens d’action de nos forces de l’ordre et des services de renseignement face à une menace terroriste d’un niveau sans précédent. À Versailles, le Président de la République a émis l’idée d’une peine de déchéance de nationalité pour les terroristes. Très vite, chacun a compris l’impasse : réservée aux binationaux, elle est contraire au principe d’égalité ; appliquée aux mono-nationaux, elle fabriquerait des apatrides. Et, si ce débat nous heurte tant, c’est qu’il touche au fond à notre conception de l’identité de la France. Pour la gauche, l’identité française doit être républicaine, elle se définit comme une communauté non pas d’origine, mais de destin, fondée sur les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité.

    Le texte adopté par l’Assemblée Nationale a gommé les aspérités sans en supprimer les effets, et en les aggravant en étendant la déchéance de nationalité aux délits. Mis entre les mains de gouvernements futurs mal intentionnés, il ouvre la voie à toutes les dérives. Aller au Congrès de Versailles dans ces conditions serait une fêlure profonde pour la gauche et d’ailleurs aussi pour certains démocrates. Evitons-là. Substituons à cette déchéance de nationalité, une peine de déchéance de citoyenneté ou d’indignité nationale inscrite dans la loi, frappant tous les terroristes quelle que soit leur origine.

    Par une regrettable accélération du temps, la semaine dernière, ce fut la meurtrissure de l’indécent discours de Munich, à propos des réfugiés. Se revendiquer d’une liberté de ton n’autorise pas tout. Non, Angela Merkel n’est pas naïve, Monsieur le Premier Ministre. Non, elle n’a pas commis une erreur historique. Non, elle n’a pas mis en danger l’Europe, elle l’a sauvée. Elle l’a sauvée du déshonneur qui aurait consisté à fermer totalement nos portes à toutes ces femmes, ces hommes et enfants fuyant les persécutions et la mort et en oubliant ceux qui chaque jour perdent la vie en méditerranée.

    La fermeté, c’est le langage qu’il faut tenir à ceux des Etats européens qui s’exonèrent de toute solidarité, de toute responsabilité à l’égard des réfugiés. La France ne doit pas être de ceux-là. La France quand elle s’appuie sur ces valeurs comme elle l’a fait dans son histoire en accueillant les opposants des dictatures par exemple, est un pays respecté, admiré et aimé. Cela oblige les femmes et les hommes qui le dirigent. La mission de la France n’est pas de dresser des murs, mais de construire des ponts. Sans nier un seul instant l’ampleur du problème, nous attendons de la France qu’elle se tienne aux côtés de ceux qui agissent.

    – Et aujourd’hui, voici que l’on s’en prend au code du travail! La gauche a appris des mouvements ouvriers qu’il n’y a pas de liberté sans égalité. Ce n’est pas une affaire de tabous. Le droit n’enferme pas, il libère. Il libère en arrêtant la liberté des autres où commence la sienne. Il libère en apportant aux plus faibles les droits qui visent à rééquilibrer les rapports dans l’entreprise.

    C’est pour l’avoir ignoré que partout au sein de la gauche, l’avant-projet de loi dit « El Khomri » a provoqué non plus de la déception, mais de la colère ! C’est toute la construction des relations sociales de notre pays qui est mise à bas en renversant la hiérarchie des normes, et en privilégiant l’accord dans l’entreprise dans un pays où le taux de syndicalisation est faible et où le patronat n’a jamais aimé la négociation. Les salariés vont subir un chantage permanent et les entreprises être soumises à des distorsions de concurrence, alors que l’accord de branche unifie les conditions générales de travail pour les entreprises d´un même secteur. Et, à qui fera-t-on croire qu’en multipliant les facilités de licenciements, comme le prévoit le projet de loi – limitation du pouvoir d’appréciation du juge sur le motif économique, prise en compte des seules filiales françaises pour apprécier les difficultés économiques d’une multinationale, plafonnement à niveau très bas des indemnités prud’homales pour licenciement abusif…-, oui, à qui fera-t-on croire qu’on favorisera ainsi l’emploi ? Réduire les protections des salariés face au licenciement conduira plus sûrement à davantage de licenciements !

    Qui peut imaginer qu’en généralisant les possibilités de ne plus payer les heures supplémentaires en heures supplémentaires –calcul sur trois ans de la durée du travail, rémunération au forfait dans les PME, possibilité de déroger à un accord de branche pour les majorations….-, on améliorera la situation de l’emploi en France? Qui peut faire croire qu’augmenter le temps de travail va diminuer le chômage ? Moins de pouvoir d’achat pour les salariés, moins d’embauche pour les chômeurs en cas de surcroît d’activité, est-ce bien cela que l’on veut dans un pays de plus de 3,5 millions de chômeurs et dont les entreprises souffrent de carnets de commande trop peu remplis ?

    Que le patronat institutionnel porte ces revendications, pourquoi pas, même si elles nous paraissent en décalage avec ce que nous disent les entreprises sur le terrain. Mais qu’elles deviennent les lois de la République, sûrement pas ! Pas ça, pas nous, pas la gauche !

    Bien sûr, comme tout texte de régulation, le code du travail doit évoluer, au regard des changements du monde, mais sans en affaiblir sa force protectrice. La gauche doit porter en la matière de grandes réformes sources de compétitivité pour les entreprises et de progrès social pour les salariés telles que la sécurité sociale professionnelle, qui permettent à chacun au XXIe siècle de rebondir en cas de difficultés, sans passer par la case chômage, et de progresser tout au long de sa vie professionnelle.

    – Et puis disons-le, la méthode n’est plus supportable. On brandit à nouveau la menace de l’article 49-3. Et alors, nos députés en désaccord doivent-ils dire que dans ce cas, ils voteraient la censure? Tout cela est déraisonnable. Une France gouvernée sans son Parlement est mal gouvernée. La démocratie est atteinte. Redonnons tout son pouvoir au Parlement, respectant ainsi la Constitution, les textes qui en sortiront n’en seront que meilleurs et leur légitimité renforcée.

    Les valeurs, l’ambition sociale, les droits universels de l’Homme, l’équilibre des pouvoirs, que restera-t-il des idéaux du socialisme lorsque l’on aura, jour après jour, sapé ses principes et ses fondements? Nous n’ignorons rien des difficultés du moment, la crise économique, la montée du terrorisme, le réchauffement climatique, les migrations, la crise agricole…Nous n’ignorons rien des difficultés de l’exercice du pouvoir, nous l’avons montré. De l’idéal au réel, il y a toujours une distance que, depuis Jaurès, nous assumons d’accepter.

    Mais prendre le monde tel qu’il est n’est pas renoncer à le transformer pour le rapprocher sans cesse de ce qu’il devrait être. Encore moins de l’éloigner de toute idée de justice. Et c’est pourtant ce qui est en train de se passer. Il ne suffit pas de se revendiquer du réformisme social pour en mériter le titre. Il n’y a ni vraie réforme, ni social dans nombre de politiques qui sont menées depuis deux ans. On y trouve des propositions puisées dans le camp d’en face, qui n’ont rien de modernes, et qui sont inefficaces. Et puisqu’on nous parle du serment de Versailles, rappelons-nous de celui du Bourget, mis à mal une fois de plus, et qui pourtant fonde la légitimité au nom de laquelle le pouvoir est exercé depuis 2012.

    Pour sortir de l’impasse, il faut de vraies réformes, synonymes de progrès économique, social, écologique et démocratique. Elles doivent être porteuses d’émancipation pour chacun et de vivre-ensemble pour tous. C’est ce chemin qu’il faut retrouver ! Celui de la gauche tout simplement !

  • JOYEUX NOEL

    M et Mme Duziel ont des quintuplés. Comment s'appellent-ils ?

    Betty, Baba, Noël, Candide et Sandra.

    J'ai honte

  • J'AI FAIT UN REVE

    Si toutes les filles du monde voulaient s' donner la main

    Tout autour de la mer, elles pourraient faire une ronde

    Si tous les gars du monde voulaient bien êtr' marins

    Ils f'raient avec leurs barques un joli pont sur l'onde

    Alors on pourrait faire une ronde autour du monde

    Si tous les gars du monde voulaient s' donner la main

    Si tous les gars du monde

    Décidaient d'être copains

    Et partageaient un beau matin

    Leurs espoirs et leurs chagrins

    Si tous les gars du monde

    Devenaient de bons copains

    Et marchaient la main dans la main

    Le Bonheur serait pour demain

    Ne parle pas de différence

    Ne dites pas qu'il est trop blond

    Ou qu'il est noir comme du charbon

    Ni même qu'il n'est pas né en France

    Aimez-les n'importe comment

    Même si leur gueule doit vous surprendre

    L'amour c'est comme au régiment

    Il n'faut pas chercher à comprendre

    J'ai mes ennuis et vous les vôtres

    Mais moi je compte sur les gars

    Les copains qu'on ne connaît pas

    Peuvent nous consoler des autres

    Le Bonheur c'est une habitude

    Avec deux cent millions d'amis

    On ne craint pas la Solitude...

    Paul FORT

  • LA REPUBLIQUE EST EN DANGER

    La République est en danger. Je le pense depuis quelques temps. C'est mal porté de le dire : on passe pour excessif. C'est pourtant vrai, avec la stupéfiante ascension électorale du Front national et la résistance insuffisante qu'elle suscite. L'idée s'est progressivement installée que le FN était un parti comme un autre, régulier donc républicain. C'est faux : s'il respecte la légalité du régime, s'il participe aux élections, ça n'en fait pas pour autant une formation républicaine. Son projet, ses valeurs, son histoire sont contraires aux projet, aux valeurs et à l'histoire de la République : voilà la vérité.

    C'est à peu près ce que dit, hier dans un remarquable entretien au Journal du Dimanche, Daniel Keller, grand maître du Grand Orient de France. Oui, "la République est en danger", et nous laissons faire, ou bien nous entrons dans les provocations de l'extrême droite (voir mes précédents billets de jeudi et vendredi). On n'ose plus appeler un chat un chat, et un facho un facho. On dédiabolise le FN et on déculpabilise son électorat, qu'on rend donc irresponsable de son vote. Résultat : "on est en train de dérouler le tapis rouge au Front national", s'inquiète très justement le responsable de la principale obédience maçonnique de notre pays.

    C'est qu'on croit, naïvement et sans aucune mémoire historique, que la République est solidement installée, depuis longtemps, sur ses pieds, que rien ne pourrait la renverser. Keller nous rappelle que "la République reste un combat", pas un acquis définitif. C'est pourquoi il est indispensable que la gauche et l'ensemble des républicains, quelle que soit leur sensibilité, se mobilisent à chaque fois que le Front national se mobilise. Lorsque les Le Pen se déplaceront pour leurs campagnes éléctorales , à travers nos communes  dans les prochaines semaines, il serait souhaitable  que les partis de gauche, que les formations républicaines cette fois se rassemblent, protestent, combattent pour les valeurs de la République. Car à force d'être discrets, nous allons finir par mourir.

    Dénonçons le mensonge. L'électorat du FN n'est pas populaire ni ouvrier, mais provient majoritairement des classes moyennes. Cet électorat n'est ni victime de la crise, ni confronté à l'immigration, ni menacé par l'insécurité. Il suffit de consulter les statistiques électorales, par catégories sociales et par implantation géographique, pour s'en convaincre facilement. Mais les images sont plus éloquentes que les chiffres : quand les  Le Pen sont en campagne elecrorale  , vont elles faire  une sortie d'usine ? Vont elles visiter un quartier populaire ? Vont elles s'entretenir  avec  des chômeurs ? Non, elles parcourent les rues tranquilles d'un centre ville et discutent avec des commerçants. Tout est dit.

    Daniel Keller fait une proposition que je n'irais pas jusqu' à défendre maintenant  , et , que certains militants de gauche aussi refusent : poser dès maintenant le principe républicain d'un désistement au second tour, en cas de triangulaire, pour empêcher le Front national d'accéder à la présidence d'une région, ce que le maçon ramasse en ces termes : "accepter de sacrifier ses propres couleurs pour l'intérêt général". Que nos responsables politiques puissent être sensibles à la sagesse maçonnique ! Ils y perdront des places mais ils sauveront des régions, qu'ils garderont dans la République. Se mobiliser quand l'occasion se présente, se désister quand c'est nécessaire : il n'y a plus à hésiter quand la République est en danger.

  • UNE DES PLUS BELLE PHRASE DE LA REPUBLIQUE

     

     

    medium_tonton.2.jpg"J'ai l'honneur,au nom du gouvernement de la République,de demander à l'Assemblée nationale l'abolition de la peine de mort"

    Robert Badinter le 17 Septembre 1981

  • DANS LE JOURNAL DE CLAIRE CHAZAL

    Si tout ce qui est médiatique est politique , le départ de Claire Chazal est un événement. Présider pendant plus de 20 ans à la grand-messe du journal télévisé sur TF1, regardé par des millions de Français, c'est quelque chose. Mine de rien, c'est un véritable pouvoir, donc quelque chose de politique. Pourtant, personnellement, la disparition de Chazal de nos écrans me laisse indifférent : je ne la regardais pas, parce que je ne l'aimais pas et que je ne regarde jamais TF1. Mais je suis bien obligé de constater sa popularité et de tenter de la comprendre.

    Ce que je n'aime pas chez elle, c'est qu'elle est en quelque sorte une anti-journaliste : pas de curiosité, pas d'enquête et surtout pas de critique dans sa pratique du métier. Claire Chazal se contente de présenter l'actualité, passivement, comme on énumère les trains qui entrent et qui partent d'une gare. Aucun style, rien de personnel, pas d'originalité. Ni journaliste, ni même animatrice : présentatrice, au sens le plus faible du terme. Une speakerine des informations, si l'on peut dire. Ockrent, Mourousi, pour prendre des exemples un peu anciens , avaient quand même une autre allure.

    Ce qui m'irrite le plus chez Claire Chazal, ce qui ferait hurler un journaliste anglo-saxon, c'est sa subordination au pouvoir, quelle que soit d'ailleurs sa couleur. La voir interroger un puissant de ce monde, c'est un grand moment, un exercice presque comique : la présentatrice devient potiche, faire-valoir, brosse à reluire. Ses audaces sont minimes et dérisoires. Elle est totalement transparente, inexistante devant les autorités. Même quand il n'y a personne à interviewer, qu'elle est devant nous, face à la caméra, nous regardant à travers l'écran, il y a quelque chose de vide, d'absent, d'immobile chez cette femme. Son conformisme transpire sur son physique. On la sent inintéressante, lisse, modulable. C'est une statue qui bouge ou une poupée qui parle.

    C'est bien beau de ressentir tout ça, mais comment se fait-il qu'autour de moi, plein de gens aiment Claire Chazal, que moi je n'apprécie pas du tout ? Il doit bien y avoir une explication à cette mystérieuse popularité. Je ne crois pas que la plupart des gens perçoivent en elle autre chose que moi. Sauf que ce qui est à mes yeux négatif et répulsif est pour eux positif et attrayant. Chazal, dans sa vacuité et son insignifiance, nous protège de la fureur et du bruit de l'actualité. Elle fait un efficace édredon entre ce monde plein de sang et de larmes et nous-mêmes. Voilà pourquoi elle est populaire, que son départ va être vécu par beaucoup comme un drame : Chazal rassure, tranquillise, anesthésie. Je parlais hier de la France sous prozac : Claire Chazal en est l'illustration.

  • LE CHOC DES PHOTOS

    Pour moi  c'était  l'honneur de la presse française de n'avoir pas publié  la photo d'un enfant mort, sur une plage, après avoir tenté comme bien d'autres migrants de rejoindre à la nage l'Europe. Les journaux du continent n'ont pas eu cette pudeur. Nos réseaux sociaux, bien sûr, n'ont pas hésité : mais est-ce qu'on peut attendre d'une auge à cochons qu'elle soit propre ?

    Indécence, oui, car il y a des choses, dans la vie, qu'on ne montre pas, surtout à l'insu de ceux qui sont ainsi photographiés : un corps nu, un défunt. Le sexe et la mort sont des tabous, dans n'importe quelle civilisation, et qui doivent le rester. Sommes-nous encore civilisés ? Il y a quelques semaines, Paris Match a publié des photos de migrants en train de se noyer en Méditerranée : où sont les barbares ? La honte s'est-elle emparée des lecteurs, des voyeurs du célèbre magazine ?

    Cependant, n'avons-nous pas le droit d'être informés, y compris des horreurs de ce monde ? Oui, évidement, mais pas de cette façon-là : la photo de cet enfant, dont on ne respecte même pas les derniers instants, l'absence inhumaine de sépulture, cette photo-là n'apporte aucune information qu'on ne connaisse déjà. Elle est inutile, gratuite. Sa diffusion, pour cette raison, est obscène.

    Les mauvaises intentions ne sont jamais à court d'argument : cette photo n'est-elle pas au service du Bien, en vue de faire réagir les populations, de les amener à un peu plus de compassion à l'égard des migrants ? Non, la générosité ne repose pas sur l'émotion, surtout pas sur celle-là. Quant à l'accueil politique de ces pauvres gens , c'est une affaire de raison, pas de sentiment.

    L'usage public de nos émois est une manière détestable, une hypocrisie, une manipulation. Les sentiments n'ont de sincérité que dans la sphère privée, de personne à personne. Etalés au grand jour, ils deviennent un mensonge, une comédie. Plus trivialement, nos indécentes images permettent de gagner de l'argent en exploitant la vicieuse curiosité qui est en chacun d'entre nous. La presse française, avait  en tout cas, jusqu' à résisté à cette bassesse .