Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

AZURCOM - Page 10

  • DESOBEIR A LA FINANCE

    La dette ? Une construction sociale, fondatrice d’un pouvoir arbitraire, estime David Graeber, anthropologue et économiste états-unien, considéré par le New York Times comme l’un des intellectuels les plus influents actuellement. Les pays pauvres et les personnes endettées sont aujourd’hui enchainés aux systèmes de crédit. Piégés dans des relations basées sur la violence, les inégalités et justifiées par la morale, décrit l’auteur, dans un ouvrage qui retrace 5000 ans d’histoire de la dette. « Rembourser ses dettes » est devenu un dogme, impossible à contester. Et si, malgré tout, on décidait d’effacer l’ardoise ? Avec le mouvement Occupy Wall Street, David Graeber lance des actions de désobéissance civile pour démontrer l’absurdité du système capitaliste actuel. Entretien.

    Basta ! : A quel moment dans l’histoire le crédit est-il apparu ? Qu’est-ce qu’une dette ?

    David Graeber : La dette est une promesse, qui a été pervertie par les mathématiques et la violence. On nous a raconté une histoire : « Il était une fois des gens qui utilisaient le troc. Voyant que cela ne marchait pas très bien, ils ont créé la monnaie. Et l’argent nous a amené le crédit. » Du troc au crédit, une sorte de ligne droite nous amènerait donc à la situation actuelle. Si on regarde plus attentivement l’histoire, cela s’est passé bien différemment ! Le crédit a d’abord été créé. La monnaie physique est apparue quelques milliers d’années plus tard. Cela permet de poser les questions différemment : comment sommes-nous passés d’un système où les gens disaient « je vous dois une vache », à un système où l’on peut mesurer la valeur exacte d’une dette ? Ou l’on peut assurer, formule mathématique à l’appui, que « 340 poulets sont équivalents à cinq vaches » ? Comment une promesse, une obligation de remboursement, est devenue une « dette » ? Comment l’idée que nous devons une faveur a-t-elle été quantifiée ?

    En quoi quantifier une dette est-elle un problème ?

    Quantifiable, la dette devient froide, impersonnelle et surtout transférable : l’identité du créancier n’a pas vraiment d’importance. Si je promets de vous rencontrer à cinq heures demain, vous ne pouvez pas donner cette promesse à quelqu’un d’autre. Parce que la dette est impersonnelle, parce qu’elle peut être exigible par des mécanismes impersonnels, elle peut être transférée à une autre personne. Sans ces mécanismes, la dette est quelque chose de très différent. C’est une promesse qui repose sur la confiance. Et une promesse, ce n’est pas la négation de la liberté, au contraire, c’est l’essence de la liberté ! Être libre, c’est justement avoir la capacité de faire des promesses. Les esclaves ne peuvent pas en faire, ils ne peuvent pas prendre d’engagements auprès d’autres personnes, car ils ne sont pas sûrs de pouvoir les tenir. Être libre, c’est pouvoir s’engager auprès d’autrui.

    Au contraire, le « remboursement de la dette » est devenu un dogme moral…

    La dette a été transformée en une question d’arithmétique impersonnelle, en l’essence même de l’obligation morale. C’est ce processus que nous devons défaire. Il est fascinant aussi de voir le lien entre la notion de dette et le vocabulaire religieux, de constater comment les premières religions débutent avec le langage de la dette : votre vie est une dette que vous devez à Dieu. La Bible par exemple commence avec le rachat des péchés… Devenue dogme moral, la dette justifie les dominations les plus terribles. On ne peut comprendre ce qu’elle représente aujourd’hui sans un détour par cette longue histoire de la dette comme justification morale de relations de pouvoir inégales. Le langage de la dette permet de justifier une relation de pouvoir arbitraire. Et il est très difficile d’argumenter face à un pouvoir arbitraire sans adopter le même langage.

    Lire aussi : Les mots nous manipulent : agissons pour une reconquête des concepts !

    Vous citez l’exemple de la mafia…

    Parler de dette devient un moyen pour décrire des relations inégales. Les mafieux ont compris cela : ils utilisent souvent le terme de dette, même si ce qu’ils font est en réalité de l’extorsion. Quand ils annulent ou reportent certaines dettes, cela passe pour de la générosité ! C’est comme les armées qui font payer un tribut aux vaincus : une taxe en échange des vies épargnées. Avec le langage de la dette, on dirait que ce sont les victimes qui sont à blâmer. Dans de nombreuses langues, dette, culpabilité et péché sont le même mot ou ont la même racine.

    La monnaie, qui permet de quantifier précisément la valeur d’une dette, apparaît d’ailleurs dans les situations de violence potentielle. L’argent est aussi né du besoin de financer les guerres. La monnaie a été inventée pour permettre aux États de payer des armées professionnelles. Dans l’Empire romain, la monnaie apparait exactement là où stationnent les légions. De la même façon, le système bancaire actuel a été créé pour financer la guerre. Violence et quantification sont intimement liés. Cela transforme les rapports humains : un système qui réduit le monde à des chiffres ne peut être maintenu que par les armes.

    Il y a aussi une inversion : le créancier semble être devenu la victime. L’austérité et la souffrance sociale sont alors considérées comme un sacrifice nécessaire, dicté par la morale…

    Absolument. Cela permet par exemple de comprendre ce qui se joue en Europe aujourd’hui. L’Europe est-elle une communauté de partenaires égaux ? Ou y a-t-il une relation de pouvoir entre entités inégales ? Est-ce que tout peut être renégocié ? Quand une dette est établie entre égaux, elle est toujours traitée comme une promesse. Nous renégocions des promesses tout le temps, car les situations changent : si je vous promets de vous voir demain à cinq heures, si ma mère meurt, je ne suis pas obligé de tenir ma promesse.

    Les gens riches peuvent être incroyablement compréhensifs concernant la dette des autres riches : les banques états-uniennes Goldman Sachs et Lehman Brothers peuvent se concurrencer, mais quand quelque chose menace leur position générale de classe, soudain elles peuvent oublier toutes les dettes contractées si elles le veulent. C’est ce qui s’est passé en 2008. Des trillions de dollars de dettes ont disparu, parce que cela arrangeait les puissants. De la même façon des gens pauvres vont être très compréhensifs les uns envers les autres. Les prêts que l’on fait à des proches sont finalement souvent des cadeaux. C’est lorsqu’il y a des structures d’inégalités, que soudain la dette devient une obligation morale absolue. La dette envers les riches est la seule à être vraiment « sacrée ». Comment se fait-il que Madagascar soit en difficulté quand il doit de l’argent aux États-Unis, mais que lorsque ce sont les États-Unis qui doivent de l’argent au Japon, c’est le Japon qui est en difficulté ? Le fait notamment que les États-Unis ont une puissante armée change le rapport de force…

    Aujourd’hui, on a l’impression que la dette a remplacé les droits : les droits à la formation ou au logement se sont transformés en droit au crédit ?

    Certains utilisent leur maison pour financer leur vie en contractant de plus en plus de prêts hypothécaires. Leurs maisons deviennent des distributeurs de billets. Les micro-crédits pour faire face aux problèmes de la vie se multiplient, en substitution de ce qui était auparavant assuré par l’État-providence, qui donnait des garanties sociales et politiques. Aujourd’hui, le capitalisme ne peut plus offrir un bon « deal » à tout le monde. On sort de l’idée que chacun pourrait posséder un bout du capitalisme : aux États-Unis, chacun était censé pouvoir investir dans les entreprises, qui en fait exploitent chacun. Comme si la liberté consistait à posséder une part de notre propre exploitation.

    Lire aussi : 1% des gens contrôle 50% des richesses, que faire ?

    Puis les banquiers ont transformé la dette en produits bancaires, échangeables comme de la monnaie…

    C’est incroyable ! Il y a six ans, même des gens très intelligents disaient : « Que ces gens sont brillants, ils ont créé de l’argent à partir de rien ». Ou plutôt avec des algorithmes tellement complexes, que seuls des astrophysiciens pouvaient les comprendre. Mais cette incroyable sophistication s’est révélée être une escroquerie ! J’ai eu récemment des entretiens avec de nombreux astrophysiciens, qui m’ont affirmé que ces chiffres ne veulent rien dire. Tout ce travail semble très sophistiqué, mais en fait il ne l’est pas. Une classe de personnes a réussi à convaincre tout le monde qu’ils étaient les seuls à pouvoir comprendre. Ils ont menti et les gens les ont cru. Soudain, un pan de l’économie a été détruit, et on a vu qu’eux-mêmes ne comprenaient pas leurs instruments financiers.

    Pourquoi cette crise n’a-t-elle pas changé notre rapport à la dette ?

    A cause d’un profond déficit intellectuel. Leur travail idéologique a été tellement efficace que tout le monde est convaincu que le système économique actuel est le seul possible. Nous ne savons pas quoi faire d’autre. Alors nous posons un morceau de scotch sur le problème, prétendant que rien ne s’est passé. Où cela nous mènera-t-il ? A une nouvelle panne. Nous entrons désormais dans une nouvelle étape : celle du jeu défensif. Comme la plupart des justifications intellectuelles du capitalisme s’effondrent, ses promoteurs attaquent aujourd’hui toutes les alternatives possibles. En Grande-Bretagne, après la crise financière, la première chose qu’ont voulu faire les responsables économiques a été de réformer le système scolaire, pour le rendre plus compétitif. En réalité, le rendre plus semblable au système financier ! Pourquoi ? Sans doute parce que l’enseignement supérieur est un des seuls espaces où d’autres idées, d’autres valeurs, peuvent émerger. D’où la nécessité de couper court à toute alternative avant qu’elle ne puisse émerger. Ce système éducatif fonctionnait pourtant très bien jusqu’à présent, alors que le système financier a failli de manière spectaculaire. Il serait donc plus pertinent de rendre le système financier semblable au système éducatif, et non l’inverse !

    Aujourd’hui, aux États-Unis, des gens sont emprisonnés pour incapacité à rembourser leurs dettes. Vous citez l’exemple d’un homme condamné à la prison en 2010 dans l’État de l’Illinois pour une durée illimitée, tant qu’il n’aura pas réussi à rembourser 300 dollars…

    Aux États-Unis, des gens sont emprisonnés parce qu’ils n’ont pas réussi à payer les frais de citation en justice. Alors qu’il est presque impossible de poursuivre des banques pour des saisies illégales ! Les banques peuvent toujours aller voir la police pour leur demander de vous arrêter pour défaut de paiement, même si tout le monde sait qu’il s’agit d’une saisie illégale. Pouvoir financier et pouvoir politique sont en train de fusionner. Police, collecteurs d’impôts, les personnes qui vous expulsent de vos maisons, opèrent directement dans l’intérêt des institutions financières. Peu importe votre revenu, quelqu’un signe votre expulsion et la police vous fait sortir de votre maison.

    Aux États-Unis, tout le monde croyait faire partie de la classe moyenne. Ce n’est pas vraiment une catégorie économique, plutôt une catégorie sociale et politique : on peut considérer que font partie de la classe moyenne les citoyens qui se sentent plus en sécurité quand ils voient un policier, que l’inverse. Et par extension, avec toutes les autres institutions, banques, écoles… Aujourd’hui, moins de la moitié des Américains considèrent qu’ils font partie de la classe moyenne, contre les trois quarts auparavant. Si vous êtes pauvres, vous supposez que le système est contre vous. Si vous êtes riches, vous avez tendance à croire que le système est avec vous. Jusqu’à présent aucun banquier n’a été mis en prison pour des actes illégaux durant la crise financière. Et des centaines de manifestants ont été arrêtés pour avoir tenté d’attirer l’attention sur ces faits.

    La dette provoque toujours contestation et désordre dans les sociétés, écrivez-vous. Et depuis 5000 ans, les insurrections populaires commencent très souvent par la destruction des registres de dette…

    La dette semble être le plus puissant des langages moraux jamais créés pour justifier les inégalités et les rendre « morales ». Mais quand tout explose, c’est avec une grande intensité ! L’historien britannique Moisis Finley défendait l’argument que dans le monde antique, il n’y avait qu’une seule demande révolutionnaire : abolir les dettes, et ensuite redistribuer les terres. De la décolonisation de l’Inde à l’Amérique latine, les mouvements d’abolition des dettes semblent partout une priorité. Lors de révolutions paysannes, une des premières actions des insurgés est de trouver les registres de dettes pour les brûler. Puis les registres de propriété des terres. La raison ? La dette, c’est pire que si vous dites à quelqu’un qu’il est inférieur, esclave, intouchable. Car cela signifie : « Nous ne sommes pas fondamentalement différents, vous devriez être mon égal, mais nous avons conclu un contrat d’affaires et vous avez perdu. » C’est un échec moral. Et cela peut engendrer encore plus de colère. Il y a quelque chose de profondément insultant, dégradant avec la dette, qui peut provoquer des réactions très violentes.

    Vous réclamez un jubilé, c’est-à-dire un effacement des dettes – dettes souveraines des États mais aussi dettes individuelles. Quel impact économique cela aurait-il aujourd’hui ?

    Je laisse les détails techniques aux économistes… Cela supposerait notamment de revenir à un système public pour les pensions de retraite. Les précédentes annulations de dettes n’ont jamais concerné toutes les dettes. Mais certains types de dettes, comme les dettes de consommation ou la dette souveraine des États, pourraient être effacées sans réels effets sociaux. La question n’est pas de savoir si l’annulation de dette va avoir lieu ou pas : les gens qui connaissent bien la situation admettent que cela va évidemment arriver. La Grèce, par exemple, ne pourra jamais rembourser sa dette souveraine, elle sera progressivement effacée. Soit avec de l’inflation – une manière d’effacer la dette qui a des effets délétères – soit par des formes d’annulation directe. Est-ce que cela arrivera « par en bas », sous la pression des mouvements sociaux, ou « par en haut », par une action des dirigeants pour tenter de préserver le système ? Et comment vont-ils habiller cela ? Il est important de le faire de manière explicite, plutôt que de prétendre à un simple « rachat » de la dette. Le plus simple serait de dire qu’une partie de la dette est impayable, que l’État ne garantit plus le paiement, la collecte de cette dette. Car pour une grande part, cette dette existe uniquement parce qu’elle est garantie par l’État.

    L’effacement de la dette des États, c’est la banqueroute. Les experts du FMI ou de la Banque mondiale seront-ils un jour d’accord avec cette option ?

    Le FMI annule actuellement des dettes en Afrique. Les experts savent que la situation actuelle n’est pas viable. Ils sont conscients que pour préserver le capitalisme financier et la viabilité à long terme du système, quelque chose de radical doit avoir lieu. J’ai été surpris de voir que des rapports du FMI se réfèrent à mon livre. Même au sein de ces institutions, des gens proposent des solutions très radicales.

    Est-ce que l’annulation de dettes signifie la chute du capitalisme ?

    Pas nécessairement. L’annulation de dettes peut aussi être un moyen de préserver le capitalisme. Mais à long terme, nous allons vers un système post-capitaliste. Cela peut paraître effrayant, puisque le capitalisme a gagné la guerre idéologique, et que les gens sont convaincus que rien d’autre ne peut exister que cette forme précise de capitalisme financier. Il va pourtant falloir inventer autre chose, sinon dans 20 ou 30 ans, la planète sera inhabitable. Je pense que le capitalisme ne sera plus là dans 50 ans, mais je crains que ce qui arrive ensuite soit encore pire. Nous devons construire quelque chose de mieux.

    Dans le cadre du mouvement Occupy Wall Street, vous êtes l’un des initiateurs de la campagne Rolling Jubilee. Quels sont ses objectifs et son impact ?

    C’est un moyen de montrer à quel point ce système est ridicule. Aux États-Unis, des « collecteurs » achètent de la dette, à 3% ou 5% du montant de la dette initiale, et vont ensuite tenter de recouvrer la totalité de l’argent en faisant payer les personnes endettées. Avec la campagne Rolling Jubilee, nous faisons comme ces collecteurs de dette : nous achetons collectivement nous-mêmes de la dette – ce qui est parfaitement légal – et ensuite, au lieu d’exiger leur remboursement, nous effaçons ces dettes ! Quand nous atteindrons un niveau où cela commence à avoir un effet réel sur l’économie, ils trouveront sans doute un moyen de rendre ça illégal. Mais pour le moment, c’est un bon moyen de mettre en évidence l’absurdité du système. En complément, nous développons le projet « Drom », Debt resistors operation manuel, qui fournit des conseils légaux et pratiques aux personnes endettées.

    Lire aussi : Désobéissance civile : exemples d’actions à mener au quotidien !

    La façon la plus simple de désobéir à la finance, c’est de refuser de payer les dettes. Pour lancer un mouvement de désobéissance civile contre le capitalisme, on peut commencer par là. Sauf que les gens le font déjà ! Un Américain sur sept est poursuivi par un collecteur de dettes. 20 % au moins des prêts étudiants sont en situation de défaut. Si vous ajoutez les prêts hypothécaires, sur les 80 % de la population qui sont endettés aux États-Unis, entre un quart et un tiers sont déjà en situation de défaut de paiement ! Des millions d’Américains font déjà de la désobéissance civile par rapport à la dette. Le problème est que personne ne veut en parler. Personne ne sait que tout le monde le fait ! Comment réunir tous ces gens isolés ? Comment organiser un mouvement social si tout le monde a honte de ne pas réussir à rembourser ses dettes ? À chaque fois que vous refusez de payer une dette médicale, une dette « odieuse » créée par la collusion entre gouvernement et financiers – qui piège les gens dans des dettes que vous n’avez d’autre choix que de subir – vous pouvez dépenser votre argent pour quelque chose de socialement important. Nous voulons encourager les « coming-out » sur cette résistance au système. Fédérer cette armée invisible de gens qui font défaut, qui sont déjà sur le terrain de bataille, s’opposant au capitalisme par une résistance passive.

    Propos recueillis par Agnès Rousseaux pour Bastamag.net

  • C'ETAIT COLETTE

    Photo 381.jpg

     Triste nouvelle , de  retour de la réunion annuelle des secrétaires de section PS  à Paris  j'appris le décés  de notre camarade Colette Felendler

    Colette était la plus ancienne militante de la section d'Antibes  puisqu'elle y  adhéra en 1971 et en fut trésorière . Militante active , engagée , dévouée présente plusieurs fois sur nos listes municipales , souvent assesseur au bureau de vote , elle fut aussi ma mandataire financière rigoureuse et compétente pour ma campagne électorale des cantonales  il y a 6 ans . Femme de conviction , elle fut aussi présidente de la LICRA d' Antibes  

    La section d'Antibes perd une camarade , une amie et aussi la mémoire de cette  section..

    Chacun se souvient de son intervention en janvier 2014 pour la présentation de la liste municipale où entourée de Marc Daunis , Patrick Allemand et tous les collistiers antibois elle fit l'historique de la section citant tous les anciens secrétaires avec qui elle avait militée.

     Ses obsèques se dérouleront lundi 9 à 14 h au funérarium de La Fontonne et inhumation au cimetière des Semboules à 15 h

     

  • SOYONS DIDIER

    Didier Paquis, paraplégique suite à une tumeur, s’est lancé un nouveau défi. Après le tour de France en handbike, il veut changer le regard porté sur le handicap.

    86872888_B974640968Z_1_20150128201753_000_G663SG0D5_1-0.jpg

    Paraplégique suite à une tumeur de la moëlle épinière, Didier Paquis, le Biermois ne s’est pas laissé démonter par le sort. Il a investi le sport et en dépit de son handicap moteur, il pratique le handbike tous les jours et avait même réalisé un tour de France en 2013, ce qui lui avait valu le titre d’Ardennais de l’année. Aujourd’hui, Didier Paquis, revient avec une nouvelle initiative. La création d’une antenne du comité départemental handisport sur le Rethélois, sur Rethel-Attigny-Vouziers. « C’est un projet qui a mûri sur plusieurs mois », dit-il. Le but de Didier Paquis et de ses amis est d’encourager les personnes en situation de handicap à faire du sport. « On peut pratiquer le handbike, mais aussi le ping-pong, le handfauteuil, nous sommes aidés en cela par le comité départemental handisport et le comité régional, avec la base de l’association À tout va.»

    L’autre but de l’association, c’est de se faire connaître pour changer le regard que l’on peut poser sur le handicap ou les personnes en situation de handicap. « Nous aimerions organiser trois manifestations sur ces trois communes, Rethel, Attigny et Vouziers. » Souvent les adultes comme les enfants n’osent pas aller vers les personnes en situation de handicap, les activités sportives, sont un vecteur d’intégration. « On envisage de créer des séances d’entraînement, que ce soit en handbike ou encore au tir à l’arc. À Attigny, on a un projet de courses-fauteuil. Ce qui serait bien, c’est de mettre les personnes valides en situation simulée de handicap, pour qu’elles puissent constater dans quel monde nous vivons. » Didier Paquis aimerait faire tomber les préjugés et intégrer toutes les sortes de handicaps pas seulement moteurs. « C’est vrai que cet accident de la vie m’a changé. Je ne suis plus le même. ». Ancien cadre dans la grande distribution, Didier Paquis reconnaît être devenu « plus mûr, plus posé ». « J’ai envie de croquer la vie à pleines dents. » Avec le comité handisport, Didier Paquis intervient dans les écoles, notamment au collège Sorbon à Rethel et ailleurs dans les Ardennes « Ce sont des moments très précieux, car on peut avoir un contact direct et évoquer le monde du handicap sous un aspect pédagogique qui permet de faire évoluer les mentalités.»

     

    Virginie Kiefer

    L'UNION  L'ARDENNAIS

  • LES CARICATURES DU PAPE

     

    LIBERTÉ D'EXPRESSION: LES CARICATURES DU PAPE

     Mon dernier article, paru ce matin dans LIbération (28 Janvier 2015)
    Bien amicalement à tous
    Henri Pena-Ruiz

    Ancien membre de la Commission Stasi sur l'application du principe de laïcité
    Dernier ouvrage paru : Dictionnaire amoureux de la laïcité (Editions Plon)
    Prix national de la laïcité 2014.

    Citons le pape François : «Si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s'attendre à un coup de poing, et c'est normal. On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision.» En voulant faire de la pédagogie sur les limites de la liberté d’expression, le pape François se livre à des caricatures qui jouent sur l’amalgame et la confusion.
    D’une part, il met sur le même plan une insulte personnelle (parler mal de Regina Maria Sivori, sa mère) et un dessin caricatural ciblé sur une religion. D’autre part il établit une équivalence entre ce dessin, représentation fictionnelle, et une violence physique réelle : donner un coup de poing. Certes, il y a loin du coup de poing à la rafale de kalachnikov, mais ici le registre de la violence semble validé comme juste réponse à une dérision par signes (« c’est normal », ose-t-il dire). On se demande alors quelle portée peuvent bien avoir les condamnations verbales de la violence données en préalable.
    Le pape, au passage, gomme la chronologie de l’histoire réelle. Car ce n’est pas la caricature qui est première et le meurtre second, mais l’inverse. Il faut rappeler que les caricatures de Charlie relayaient celles de caricaturistes danois après l’assassinat, le 2 novembre 2004, du cinéaste Theo Van Gogh, auteur du film Submission portant sur la domination des femmes dans une contexte islamiste. Et par le dessin satirique elles ne visaient pas les musulmans en général, mais un prophète qui justifierait le meurtre. Pas d’amalgame, donc, entre personnes musulmanes et fanatisme religieux.
    On est donc consterné devant une comparaison qui sans légitimer le meurtre lui-même ose lui trouver des circonstances atténuantes. Deux fautes simultanées. D’une part l’incroyable confusion entre la mise en cause d’une religion et l’insulte à une personne comme telle. D’autre part une étrange conception de la justice, puisque le pape d’une religion dite d’amour trouve justifié qu’en cas d’insulte personnelle on se fasse justice à soi-même par une violence physique. Nous sommes loin de la parabole de la joue tendue.
    Mais il y a plus grave : la volonté implicite de pénaliser le blasphème par une sorte de chantage : pour éviter les violences criminelles respectez la religion ! D’où la question : qu’est-ce qui est respectable ? Issu d'un mot latin qui désigne le regard empreint de considération (respectus), le respect s'applique aux personnes et non aux choses ou aux croyances. C'est le sentiment qu'un être humain, comme tel, mérite des égards. Bref, ce qui est respectable, c'est la personne humaine et sa liberté, non sa conviction particulière. Ainsi par exemple le propos de Philippe Tesson insultant les musulmans comme tels (« les musulmans amènent la merde en France aujourd'hui. ») relève de l'injure raciste, puisqu'il met en cause non une conception religieuse mais un groupe de personnes en raison de leur religion. De façon similaire, toute dérision portant sur la Shoah fait insulte à la mémoire douloureuse des Juifs comme tels, et vaut délit. Il n’y a donc pas deux poids deux mesures pour une chose identique, mais deux choses rigoureusement distinctes au regard du droit. Les dessins satiriques de Charlie Hebdo, quant à eux, n'ont jamais visé les personnes ou les groupes de personnes comme telles.
    Il faut d'ailleurs en finir avec les mots pièges qui amalgament la critique d'une religion à l'insulte des croyants. Le terme d'islamophobie est de ceux-là puisqu'il cherche à établir la confusion entre rejet d’une religion et rejet de ses fidèles. Le seul délit incontestable est le racisme qui vise les musulmans, c'est à dire la mise en cause d'une personne ou d'un groupe de personnes du fait de sa religion. Dans le même esprit, l'antisémitisme est à l'évidence un délit, mais la judaismophobie, si l'on entend par là le rejet de la religion de certains juifs, ne pourrait être confondue avec le racisme anti-juif. Imaginons enfin que les athées ulcérés d'être considérés comme des vecteurs d'immoralisme inventent le terme athéophobie et proclament que toute caricature de l'athéisme est un délit. Nombre de religieux ne se privent pas de telles violences polémiques, et ils en ont le droit tant qu'ils ne visent qu’une conviction.
    Un croyant est libre de croire en Dieu, un athée libre d'affirmer un humanisme sans dieu. Le croyant et l'incroyant sont également respectables comme être humains libres. Ils peuvent coexister, mais à la condition que l'option de l'un ne s'impose pas à l'autre. L'athée peut donc critiquer la religion, et le croyant l'athéisme. La psychologie du fanatisme refuse quant à elle cette distinction car elle rejette toute distance entre la personne et sa conviction. Elle exige donc le respect des croyances et pas seulement celui des personnes croyantes. Comme si la croyance, inséparable de l'être, collait à sa peau. D'où le délit de blasphème, qui entend pénaliser toute critique d'une religion en prétendant qu'elle insulte les personnes croyantes comme telles.
    Face à cela, l’éducation doit promouvoir la distance à soi, contre-poison du fanatisme. Montaigne, contemporain des guerres de religion, rappelait : « Il ne faut pas confondre la peau et la chemise ». Arrêtons de dire qu'en cultivant une telle distance intérieure on installe les gens dans la schizophrénie ! L’apologie de la spontanéité indûment confondue avec l'authenticité est dangereuse. Chaque personne peut assumer librement sa foi religieuse ou son athéisme, mais sans oublier qu’elle est aussi dépositaire d’une humanité universelle. L'incitation laïque à la retenue et à la distance intérieure est source de paix : elle inspire le respect de l'autre sans exiger pour autant le respect de son opinion.
    La loi commune, fondée sur le droit, ne peut dépendre d'aucune croyance particulière, car elle doit valoir pour tous. Bayle: "Il n'y a de blasphème que pour celui qui vénère la réalité blasphémée". On voit bien que la laïcité n'est nullement antireligieuse. Simplement elle consiste à rappeler que la religion ne doit engager que ses adeptes, et eux seuls.
    Le fanatisme religieux, on l'a vu, est prêt à noyer dans le sang le droit à la vie et la liberté d'expression. Ne lui donnons aucune excuse. Et ne mélangeons pas tout en prétendant que l'Islam étant par ailleurs la religion de beaucoup d'opprimés des égards particuliers seraient dus à l'islamisme politique.
    Double confusion, là encore. S'en prendre à l'islamisme, ce n'est pas s'en prendre aux musulmans, qui en sont souvent les premières victimes. Pas d'amalgame. Par ailleurs on ne résout pas une injustice sociale en taisant l'exigence laïque. Les grands registres d'émancipation vont de pair, comme le soulignait Karl Marx en faisant l'éloge de l'oeuvre à la fois laïque et sociale accomplie par les Communards de Paris en 1871. Bref, arrêtons d'imputer à la laïcité les exclusions qui relèvent de problèmes économiques et sociaux ou de mentalités encore marquées par l'idéologie raciste. Et traitons ainsi les deux grandes questions de l’intégration républicaine sans erreur de diagnostic.

  • NE JAMAIS OUBLIER NE JAMAIS PARDONNER

    Child_survivors_of_Auschwitz.jpeg

    Il a 70 ans l'armée rouge libérait le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau (Pologne). Dans ce camp de la mort on estime à 1,2 million (dont 1 million de juifs) le nombre de personnes, hommes, femmes et enfants exterminés par les nazis. Je ne savais pas quoi écrire sur cette barbarie  , tout comme je n'ai jamais pu aller à Auschwitz  visiter le camps quand je me rends à Cracovie . 

    Ne jamais oublier, ne jamais pardonner.

  • JE SUIS SYRISA SEPTIQUE

     

    tsipras-chimulus.jpg

    En tant que militant de gauche, je suis heureux que Syriza finisse largement en tête et je leur souhaite beaucoup de courage et de réussite dans leur entreprise. Au-delà de toutes ces considérations personnelles, je ne peux que déplorer un carnage électoral largement attendu.
     
    Un carnage pour la coalition d’unité nationale regroupant conservateurs (Nouvelle Démocratie) et socialistes (PASOK). Le principal parti de droite, formation dont été issu le précédent 1er ministre, perd 53 sièges. Leurs alliés socialistes réalisent leur plus mauvais score depuis le retour de la démocratie en Grèce avec un petit 4,68% des voix (et uniquement 13 petits sièges au parlement).
     
    Carnage électoral grec où le parti néo-nazi Aube Dorée conserve son statut de 3ème force politique du pays avec un score stable (ils ne perdent qu’un seul siège de député). Résultat assez incroyable quand on sait que le leader du parti est actuellement en prison, accusé d’avoir commandité l’assassinat d’un militant antifasciste grec.
     
    Carnage électoral idéologique où le parti arrivé en tête, Syriza, considéré comme étant de Gauche Radicale, proche idéologiquement du Front de Gauche français, décide de faire alliance avec le parti des Grecs indépendants, arrivé en 6ème position, et qui n’est rien d’autre que l’aile droite dure et souverainiste qui a fait scission avec les conservateurs de Nouvelle Démocratie. Pour faire le rapprochement en France, c’est un peu comme si Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan formaient ensemble un gouvernement.
     
    D'aprés ce que j'ai compris en suivant la campagne électorale à travers la presse française , je crois  que le programme de Syriza ne se base que sur la lutte contre l’austérité. Dans ce programme , je n'ai pas vu  Syriza  parler d' éducation, de culture, de jeunesse. On n’y trouve aucune proposition sur l’armée, sur la politique étrangère. Du coup, rien ne les retient de signer un accord avec les Grecs Indépendants qui sont, semble-t-il, sur la même ligne économique. Sauf qu’eux sont aussi ouvertement nationalistes, ont des opinions des plus réactionnaires sur la société et les mœurs et ne portent pas dans leur cœur les immigrants.
     
    Il semblerait que Syriza ait  fait volontairement l’impasse sur toutes questions de société afin de ratisser large, sans avoir peur de perdre du terrain sur Aube Dorée ou sur les Grecs Indépendants . Ces derniers siègent au Parlement Européen (enfin leur seul député) dans le même groupe que Bart de Wever du N-Va, parti nationaliste flamand.
     
    En votant majoritairement pour Syriza, en désavouant encore plus majoritairement le PASOK, les Grecs ont montré un ras-le-bol de leurs élites politiques. Au final, les grecs se retrouvent avec un gouvernement des extrêmes où gauche extrême et droite dure se retrouvent main dans la main pour promettre des jours meilleurs à une population désabusée. Le progressisme social, l’humanisme intrinsèque aux formations de gauche peut-il se dissoudre dans une politique uniquement tournée contre l’austérité européenne ? Les aides sociales imaginées par Syriza seront-elles les mêmes que celles voulues par les Grecs Indépendants ? Les électeurs grecs ne vont-ils pas prendre comme une trahison le résultat de leur vote ? Beaucoup de questions en ce début de législature.
  • SOYONS RAIF

     

     

    Flagellé en Arabie saoudite pour s’être exprimé : stop au châtiment de Raif Badawi

    Arabie saoudite stop au châtiment de Raif Badawi

    [13/01/2015]

     

    Le blogueur et militant Raif Badawi a été flagellé en public de 50 coups vendredi 9 janvier 2015. Condamné en mai 2014 à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet pour avoir créé le forum de discussion en ligne « Libérez les libéraux saoudiens » (en savoir plus). Nous pouvons empêcher ce châtiment corporel scandaleux. Raif Badawi est un prisonnier d’opinion. Il doit être libéré.

     

    Signez notre pétition à l'attention du Roi d'Arabie saoudite, du Premier Ministre avec copie au Président de la Commission des droits humains et de l'Ambassadeur d’Arabie saoudite en France.

    SIGNEZ NOTRE PETITION

    Votre Majesté, Votre Excellence,

    Je vous écris au sujet de M. Raif Badawi, blogueur et prisonnier d'opinion saoudien.

    Raif Badawi a été condamné le 7 mai 2014 par le tribunal pénal de Djedda à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet, cette condamnation est assortie d’une interdiction de voyager pendant 10 ans à l'issue de sa peine, d'une interdiction d'utiliser les médias et d'une amende d'1million de riyals saoudiens (environ 226 000euros).

    Je suis consterné-e d’apprendre que ce 9 janvier, il a été fouetté publiquement devant la mosquée Al-Jafali à Djedda. Je vous demande d'annuler la condamnation à la flagellation de Raif Badawi sans plus tarder. Ce châtiment viole l’interdiction de la torture et de tout autre traitement cruel, inhumain ou dégradant, inscrite dans le droit international. Raif Badawi est un prisonnier d'opinion détenu uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d'expression. Je vous exhorte par conséquent à veiller à ce que le verdict de culpabilité et la peine prononcés à son égard soient annulés et à le libérer immédiatement et sans condition.

    Par ailleurs, je suis profondément préoccupé-e par le nombre de militants persécutés en Arabie Saoudite, pour avoir ouvertement exprimé leurs points de vue sur internet. Je vous appelle donc à cesser d’accuser, de poursuivre et de condamner des militants simplement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion.

    Je vous prie de croire, Votre Majesté, Votre Excellence, à l’expression de ma haute considération.

    Amnesty International France protège vos données et vous tiendra informé(e) des futures campagnes.
  • ET DIEUDONNE DANS TOUT CA

     Une page publiée mardi sur Faceboock appelle à un rassemblement  à Nice  dimanche en faveur du maintient du spectacle de Dieudonné àdans cette ville.

     Il faut répondre à ceux, qui peuvent être nombreux, notamment parmi les plus jeunes, qui ne comprennent pas qu'on se lève en masse pour défendre la liberté de Charlie hebdo alors qu'on met l'humoriste Dieudonné en garde à vue, qu'on condamne et interdit certain de ses spectacles. La liberté chérie, comme l'appelle le VIe couplet de la Marseillaise, n'y a-t-il pas droit lui aussi ? Non, justement, et c'est ce qu'il faut expliquer, car on a les apparences contre soi quand on soutient cette position, on laisse entendre qu'il serait permis de se moquer des musulmans et de leur Prophète et défendu de plaisanter sur les Juifs et l'Holocauste. Mais ce n'est pas du tout ça.

    Je n'ai jamais  repris à mon compte  la règle de Pierre Desproges : "on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui", parce qu'alors, on ne va pas rire avec grand monde, et surtout, ça n'empêchera pas les fans de Dieudo de rire entre eux mais j'adhère à la  formule de Saint-Just, "pas de liberté pour les ennemis de la liberté", elle est dangereuse et détestable.

    Dieudo n'est pas Charlie, tout simplement parce qu'il a cessé d'être un humoriste, qu'il s'est engagé dans un combat politique, l'antisionisme radical. L'équipe de Charlie a bien sûr ses préférences politiques, d'ailleurs multiples, qu'on peut en général qualifier de libertaires. Mais elle n'a jamais rallié un camp, brandi un drapeau, milité en faveur d'une cause : c'est toute la différence, immense, avec Dieudonné. Les faits le prouvent encore mieux que le raisonnement : Dieudonné a été reçu officiellement par la République islamique d'Iran, il a fait monter sur scène, lors de son spectacle, le professeur Faurisson, négationniste des chambres à gaz, tout le contraire d'un rigolo. On peut rire de tout, avec n'importe qui, mais là, Dieudonné ne rit plus, même si ses partisans ricanent sous cape.

    La frontière entre le licite et l'illicite, entre le permis et le défendu, entre l'humour et la position idéologique, ce n'est pas la morale qui en décide, c'est la loi, c'est la justice, quand on est en République. Dieudonné a été condamné plusieurs fois pour ses dérapages, Charlie hebdo n'a jamais été condamné pour ses dessins (malgré les assignations en justice). Après ça, il n'y a plus à douter, il n'y a plus à se demander pourquoi "je suis Charlie" et pourquoi pas "je suis Dieudo". D'ailleurs, l'humoriste lui-même s'est trahi : en affirmant "je suis Charlie Coulibaly", en proférant une formule contradictoire, insensée, inepte, il ne faisait qu'une provocation de plus, il tentait de nous berner en reprenant à son compte l'esprit d'un mouvement qui lui est en réalité profondément opposé. Dieudonné n'est ni un humoriste, ni un comique : c'est un pitre, du genre le moins drôle qui soit.

  • JE SUIS ATTERRE

    L’organisation internationale de développement, dont la directrice générale, Winnie Byanyima, coprésidera l’édition 2015 de Davos, souligne aujourd’hui que l’explosion des inégalités entrave la lutte contre la pauvreté dans le monde, alors qu’une personne sur neuf ne mange pas à sa faim et que plus d’un milliard de personnes vivent avec moins de 1,25 dollar par jour.

    Le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde dépassera en 2016 celui des 99% restants, a affirmé Oxfam lundi à l'approche du forum économique mondial de Davos (Suisse), en appelant à "réécrire les règles" pour corriger ces inégalités "vertigineuses".

    Etude à l'appui, l'organisation non-gouvernementale a indiqué que "la part du patrimoine mondial détenu par les 1% les plus riches est passée de 44% en 2009 à 48% en 2014, et dépassera les 50 % en 2016".

    "En 2014, les membres de cette élite internationale possédaient en moyenne 2,7 millions de dollars par adulte. Le reste du cinquième (20%, ndlr) le plus riche de la population possède 46% du patrimoine mondial alors que 80% de la population mondiale ne se partagent que les 5,5% restant", a précisé Oxfam.

    L'organisation, dont la directrice générale Winnie Byanyima va coprésider le forum de Davos, a réclamé "l'organisation cette année d'un sommet mondial sur la fiscalité pour réécrire les règles fiscales internationales".

    "L'ampleur des inégalités mondiales est tout simplement vertigineuse", a dénoncé Mme Byanyima, pour qui "le fossé entre les grandes fortunes et le reste de la population se creuse rapidement". Elle a appelé les dirigeants internationaux à s'attaquer "aux intérêts particuliers des poids lourds qui font obstacle à un monde plus juste et plus prospère".

    Oxfam a exhorté les Etats à adopter un plan pour lutter contre les inégalités, en contrant l'évasion fiscale, en promouvant la gratuité des services publics, en taxant davantage le capital et moins le travail, en instaurant des salaires minimum ou encore en mettant en place une protection sociale pour les plus pauvres.

    Le forum économique mondial (WEF), dont ce sera la 45e édition, se tiendra à Davos de mercredi à samedi. Plus de 300 dirigeants politiques de premier plan, dont la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande, le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, le Premier ministre chinois Li Keqiang et le secrétaire d'Etat américain John Kerry y sont attendus.

  • REFLEXION

     

    251222_465827710107039_2122074480_n.jpg

    Les événements que nous avons vécus la semaine dernière ont provoqué une onde de choc qui n'est pas terminée. Après le temps du deuil et du recueillement, de la compassion universelle pour les victimes, de l'unanimité autour des valeurs de la République, il y a des fissures qui apparaissent, des contradictions qui se font jour, des questions qui se posent. C'est d'ailleurs naturel : on ne pouvait pas espérer que les réactions demeurent homogènes. Ces derniers jours, j'ai noté une  petite  dizaine de petites réflexions, très diverses, qui me sont venues à l'esprit et que je vous soumets :

    1- Je ne suis pas allé acheter Charlie mercredi, ni hier, ni aujourd'hui, ni sans doute jamais. La vague passera , elle finira bien par se calmer. Pourquoi mon refus ? Par fidélité à mes  idées  .  Si Charlie avait de graves difficultés financières, faute de lecteurs je ferais un don comme j'ai fait pour Nice Matin et l'Humanité . Aujourd'hui, Charlie rencontre un succès de presse jamais connu. Quel paradoxe ! Je pense à cette masse de nouveaux lecteurs, qui ne savent rien de l'esprit Charlie. J'imagine leur tête quand ils vont découvrir ! Ils ont réduit l'hebdo au symbole du crayon : très bien, mais Charlie, c'est aussi un stylo, un style, une écriture, des prises de position, pas seulement des dessins.

    2- Le pape François et les chrétiens rassemblés pour défendre un journal anticlérical, c'est amusant, mais pourquoi pas, et tant mieux. Mais le positionnement rencontre vite ses limites (de même chez les organisations musulmanes) : le souverain pontife a rappelé hier son attachement à la liberté d'expression, tout en demandant à ne pas se moquer des religions. Mais c'est quoi la liberté, sans la liberté de se moquer ?

    3- Les élus et les politiques ont été au premier rang des défenseurs de la liberté de la presse. Parfait. Mais beaucoup d'entre eux n'en font rien au quotidien, rêvent de journaux asservis à leurs propres intérêts, personnels et électoraux. La presse locale l'a fait remarquer, à juste raison, elle qui est la première victime de ces comportements liberticides. Antibes le maire a  retiré du musée Peynet  des affiches des dessinateurs de Charlie

    4- Pendant ces quelques jours qui ont fait trembler la France, les chaînes télévisées d'information  ont été les grandes narratrices de la tragédie, donnant l'impression d'en écrire l'histoire, de lui donner son rythme, sa dramaturgie. Dans l'après-midi de la prise d'otages à Vincennes, j'étais devant ma télé, comme tout le monde. Et puis, un peu dégoûté de moi-même, j'ai arrêté, j'ai éteint, conscient que je n'étais plus dans une quête légitime d'information mais dans un désir contestable de spectacle. J'étais devenu un voyeur, il fallait que ça cesse. Je suis sorti

    5- La vente d'anxiolytiques a augmenté de 18%. C'est fou ! On disait que la France, avec sa formidable mobilisation, était sortie d'une longue dépression. Nous avions parlé trop vite. Il y a eu refoulement, tétanisation devant l'horreur, puis réaction de survie, pulsion de résistance. Mais cette consommation anormale, injustifiable de psychotropes confirme hélas que la maladie qui mine notre corps social sévit encore.

    6- L'invraisemblable théorie du complot, qui court sur internet, prouve simplement que le malheur ne met pas fin à la bêtise, que celle-ci est le monstre universel. On ne devrait même pas y prêter attention, dans un éclat de rire mêlé de mépris.

    7-  La minute de silence : la jeunesse est par nature remuante, anticonformiste, transgressive, y compris pour de très mauvaises raisons. Il faut agir avec elle en toute prudence et discernement, sans rien céder en même temps sur les principes, mais ne pas avoir à son égard des indignations d'adultes. Face aux jeunes, nous avons besoin de pédagogie, pas de morale. Quand j'étais collégien dans les Ardennes au lendemain des accords d'Evian et de la fin de la  guerre d'Algérie j'avais protesté contre la minute de silence imposée à la gloire de De Gaulle .  Réfléchissons  aux grandes questions qu'a soulevées l'événement, liberté, paix, démocratie, vérité, religion, laïcité etc.  Mais qui est prêt à entendre un tel discours aujourd'hui ?



    8- Etrange débat que celui sur la restauration du service militaire, comme si la vie de régiment pouvait soigner aujourd'hui une partie de la jeunesse malade ( les adultes étant autant touchés par le mal). Le service militaire avait en son temps des finalités militaires, qui ne se justifient plus avec l'armée professionnalisée. Son rôle d'intégration sociale était secondaire et involontaire, exagéré maintenant par la nostalgie.

    9- Pour lutter contre les islamistes, j'ai entendu prononcer le vilain mot de "déradicalisation", qui désigne, je suppose, une sorte de cure de désintoxication, une forme d'analyse, de thérapie, une cellule psychologique renforcée, un lavage de cerveau pour tête fanatisée. Les psychologues sont invités partout, c'est sans doute une de leurs inventions. Quand va-t-on "dépsychologiser" notre société ?

    10- Qui a noté l'énormité, l'inanité, le contresens historique de la proposition de Jeannette Bougrab, ancien membre du gouvernement ? Faire entrer les victimes au Panthéon ! Ni de près, ni de loin, l'équipe de Charlie hebdo ne correspond aux critères de panthéonisation, et ses membres disparus seraient d'ailleurs les premiers à se moquer de cet honneur indu, déplacé, inutile . Le chagrin n'excuse pas l'aberration, surtout venant d'une secrétaire d'Etat. Quand Nicolas Sarkozy a voulu d'Albert Camus au Panthéon, la famille a refusé, estimant que l'oeuvre et l'esprit de l'écrivain n'étaient pas conformes à une pareille consécration.