Flashback: l'année 2008 commence en fait deux semaines plus tôt, dans les allées du parc Disney près de Paris, quand Nicolas Sarkozy pose pour les photographes avec la future première Dame de France, Carla Bruni.
Deux semaines plus tard, le président de la République, très inspiré, présente ses vœux pour 2008 et annonce une "politique de civilisation" un concept qu'il a piqué à Edgar Morin, et dont on subodore en l'entendant qu'il ne s'agira rien d'autre que d'un gadget de com pour un président un peu déboussolé affectivement. Après quelque semaines, on n'en entendra plus jamais parler...
Huit jours plus tard encore, c'est la grande conférence de presse solennelle du chef de l'Etat, la seule de ce standing depuis son élection. On en retiendra quatre temps forts:
- "Carla et moi, c'est du sérieux";
- "Plus de publicité à la télé publique";
- "Les caisses sont vides";
- L'humiliation publique du patron de Libé, Laurent Joffrin, sous les rires de ses confrères.
On aura l'indulgence de ne pas citer ici toutes les déclarations du gouvernement sur la bonne santé de l'économie française, en particulier celles de la ministre qui en a la charge. Pour arriver, à l'automne, à la tempête financière dans un ciel pourtant pas si bleu, mais qui menace d'emporter avec elle toutes les économies mondiales.
Un surprenant éloge de la lenteur après une année catastrophique
Alors que l'année 2008 s'achève (ouf!), et que l'Insee nous promet une année 2009 littéralement catastrophique sur le plan de l'emploi et de la (dé)croissance, il est assez surprenant d'entendre cet éloge de la lenteur dans la bouche du porte-parole préféré de Nicolas Sarkozy!
Il y a, en fait, un véritable contre-sens dans l'action et la communication gouvernementales en ce moment. A entendre Frédéric Lefevre défendre d'arrache-pied la réforme imposée de l'audiovisuel public, celle, édulcorée, du travail du dimanche, ou celle mort-née du lycée, on se demande à quelles priorités correspondent ces choix au moment où le pays entre de plain-pied dans la récession.
Et à entendre Xavier Darcos, pas vraiment inspiré, mettre en cause l'extrême gauche dans l'agitation lycéenne contre son projet de réforme, on est au-delà du contre-sens, on est dans l'absurde.
Les jeunes n'ont pas besoin de l'extrême gauche pour sentir que c'est un avenir plein d'incertitudes qui les attend, et ils sont de moins en moins sûrs, avec leurs parents et leurs enseignants, que l'école de la République les prépare au mieux pour ce monde en pointillés. Le maintien des suppressions de poste dans l'éducation nationale contribue à brouiller les pistes au moment où il faudrait les éclairer.
Donner des signes concrets d'équité au cœur de la crise mondiale
Plutôt que de chercher des boucs-émissaires, Nicolas Sarkozy, ses ministres et ses porte-paroles devraient parler clairement aux Français, aux adultes qui se sentent tous menacés aujourd'hui dans leur statut social, comme aux jeunes qui se demandent à quel monde on les prépare. Et surtout donner des signes concrets d'équité au cœur de la crise mondiale et pas seulement française que nous traversons.
Ces questions se poseront inévitablement aux dirigeants du pays ou à ceux qui aspirent à prendre leur place. On n'entend pas de réponses aujourd'hui, et c'est ce qui génère l'angoisse de la jeunesse et plus généralement des Français. La question n'est pas de savoir si Nicolas Sarkozy "recule" ou va "plus lentement", mais bien de savoir si la France recule ou va simplement moins vite. Ou tout simplement où elle va.
J'attends avec impatience les voeux du Président pour 2009!