TOUS coupables, et certains un peu plus que d'autres. Forcément. Il y a eu certes la parenthèse décontractée et exotique de la Coupe de France à Villeneuve-Saint-Germain. Le temps d'oublier provisoirement ses soucis domestiques. Et c'est déjà la rechute. Au Stade de Reims, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Ce club au riche passé n'a plus de mémoire. L'étourderie est devenue la qualité principale de ses joueurs. Ces derniers l'exploitent avec régularité et talent et c'est toute une institution qui en pâtit. Vendredi soir à Troyes, Didier Tholot semblait las.
Le responsable technique rémois a délivré son discours habituel. Il aurait pu l'enregistrer deux mois plus tôt et distribuer la bande aux poseurs de questions qui lui faisent face. « Encore un but sur coup de pied arrêté. On a beau insister, travailler sur cet aspect du jeu… Un manque de concentration, de méchanceté et d'expérience nous coûte encore le match. » Expliquer, répéter, argumenter, provoquer même. Tholot a tout essayé. La volonté et l'envie ne manquent pas à ses joueurs, mais c'est encore très insuffisant pour s'extirper du bourbier dans lequel ils ont précipité le club. Douze points en seize matches, c'est consternant mais justifié.
Entre les paroles et les actes il y a parfois plus d'un océan de contradictions. On pourrait avancer que sur la pelouse du stade de l'Aube, l'enjeu a paralysé le jeu. Que l'Estac, moins à l'aise dans ses crampons depuis quelques semaines, avait la tête près du bonnet, facilitant l'expression de son voisin. Ce dernier, sans génie, tenta de mieux faire circuler le ballon, et s'en est arrêté là. « On a connu des derbies plus pétillants », expliquait un avisé observateur. « Nous avons été trop timides pour aller de l'avant, on s'est arrêtés en cours de route », confirmait un Didier Tholot à la colère contenue. Liébus : « Il va falloir cravacher » Pour autant, ce pâle Reims aurait pu, avec un brin de jugeotte, repartir avec le minimum syndical, ce point qui lui tendait les bras. Mais manifestement, il avait décidé d'aider son adversaire à reconquérir son public.
Pourtant, après des heures de travail spécifique et de vidéo, les défenseurs stadistes n'auraient pas dû se laisser surprendre sur ce corner de Faussurier, qui suivait un très beau coup franc de Kébé, claqué par Liébus. « Eh oui, encore un coup de pied arrêté. C'est toujours pareil, je suis dégoûté, regrettait Yann Kermorgant. On sait qu'il faut faire preuve de plus de rigueur, ça commence à faire beaucoup. » « C'est comme d'habitude, renchérissait Johan Liébus. Ce but nous a tué le match, alors qu'on avait su être sérieux et appliqué. C'est compliqué parce que c'est comme ça depuis le début. Sur le corner, on a mis trop de temps à se mettre en place et on était un peu loin au marquage. » Le portier stadiste, très présent vendredi, a toujours l'analyse juste. Sa mise en garde est d'autant plus intéressante : « Il va falloir cravacher car on est au fond du trou. Plus les matches avancent et moins il y a de points à prendre. » Une évidence qui échappe encore à certais membres de sa « famille ».