On nous avait pourtant vendu depuis des semaines qu'il avait changé, qu'il s'était représidentialisé, qu'il allait prendre de la hauteur, cesser d'intervenir sur tout, tout le temps. Il n'aura pas tenu bien longtemps. Au premier fait divers un peu marquant, paf ! il retombe dans ses travers. En visite à Saint-Nazaire pour lancer les projets éoliens off-shore, il n'a pas résisté. Il a profité du fait qu'un drame affreux touchant une jeune fille se soit déroulé à quelques kilomètres pour faire une de ses sorties tonitruantes dont il a l'habitude. Du coup, oublié l'éolien, qui pourtant revêt un choix qui nous concerne tous pour le futur. En s'exprimant sur la récidive,Nicolas Sarkozy a encore fait de petits moulinets avec ses bras
Nicolas Sarkozy est assurément en campagne électorale, du coup, il retrouve la méthode qui a fait son succès : un fait divers, une intervention présidentielle musclée, une loi. Méthode catastrophique convenons-en, puisqu'elle consiste à surfer sur l'émotion et à légiférer dans l'urgence, au mépris de tout débat de fond et de toute concertation avec les professionnels. Peu importe, car ce qui est visé ici, ce n'est pas l'efficacité de la loi, encore moins sa pertinence, mais l'effet que la posture présidentielle aura sur l'opinion publique.
Sauf que cette fois-ci, ça coince. Même à l’UMP, les députés sont restés prudents. Iln'ont pas suivi , pour le moment, la demande présidentielle d’une nouvelle loi. L’inévitable Christian Estrosi a rapidement aboyé. Mais le vice-président du groupe des députés UMP Jean Leonetti, a rétorqué que « l’indignation est unanime, mais nous ne devons pas avoir une réaction législative immédiate. » Il préfère « une position plus globale et plus apaisée que le fait d’essayer de réagir et de trouver un coupable même s’il y a eu une défaillance dans le système. » Même Christian Jacob (UMP également) a plaidé la retenue et refusé toute « loi d’opportunité« .
L'autre raison qui explique les réticences de la majorité parlementaire vient non pas de la méthode, mais des solutions proposées pour lutter contre la récidive, solutions qui vont toujours dans la même direction, celles d'une plus grande fermeté envers les délinquants récidivistes. Or, ce qui apparaît clairement dans l'affaire malheureuse de la jeune Laetitia, c'est que l'arsenal répressif n'est pas seul en cause. Si on veut faire baisser le nombre de délinquants récidivistes, il existe des solutions qui sont à la portée du gouvernement et qui ne passent pas forcément par la loi.
Peu à peu, il est des choses qui apparaissent comme de plus en plus évidente. Par exemple, comment expliquer que les tribunaux soient de plus en plus débordés, que les juges chargés de l'application des peines aient de plus en plus de travail, de responsabilités, et que dans le même temps, pour des raisons budgètaires, leur nombre n'augmente pas. Dans le cas présent, le manque de moyens dûs à la politique de casse systèmatique de toute la fonction publique, voulue et menée par Mr Sarkozy, est à la source du dysfonctionnement qui a permis de laisser une personne multi récidiviste dans la nature sans aucun contrôle.
Si on laisse de côté ce fait divers pour élargir au problème de la récidive dans son entier, on s'aperçoit que le coeur du problème, ce sont les prisons françaises. En France, la prison est considérée trop souvent comme un lieu de punition, alors qu'elle devrait être le premier lieu de réinsertion. L'objectif n'est-il pas de faire en sorte que les personnes ne recommencent pas leurs forfaits ? Pourtant, dans notre pays, la promiscuité des lieux d'incarcération, leur vétusté, font que ce sont des endroits où l'on apprend à devenir un voyou plutot qu'à ne plus en être un. Or, si la France est montrée du doigt pour l'état lamentable de ses prisons, rien, absolument rien, n'est fait pour changer la donne.
L’indignation est évidemment partagée, mais on rechigne à appeler à la vengeance. On pourrait cependant pointer d’un doigt qu’une justice pour être efficace a besoin de moyens. C’est basique, mais, pour l’instant, c’est vrai. Sarkozy, ce mardi, a joué aux pompiers pyromanes
En bon démagogue qu'il est ,alors qu'il n'était que candidat à la présidentielle , il parlait de la récidive"le problème des multirécidivistes , je le réglerai à l'été 2007"
Faisons en sorte que Sarkozy ne soit pas récidiviste en 2012